Al-Ahram Hebdo : L’Egypte a commencé, en coopération avec d’autres pays, le largage des aides humanitaires par voie aérienne. Dans quelle mesure cette décision a servi la situation humanitaire à Gaza ?
Raed Al-Nems : Le largage aérien est important car il complète le processus d’acheminement de l’aide vers Gaza. En tant que Croissant-Rouge palestinien, nous saluons les efforts de l’Egypte visant à soulager les souffrances des citoyens palestiniens.
Le moyen le plus efficace pour acheminer les aides reste cependant le terminal de Rafah. Un avion ne transporte que l’équivalent de deux cargaisons, alors que le terminal de Rafah permet quotidiennement le passage de plus de 100 camions provenant de l’Egypte. En plus, les aides larguées par avion sont distribuées de manière aléatoire, et une partie de cette aide tombe par erreur dans l’eau.
— Mais ne trouvez-vous pas qu’Israël entrave l’acheminement des aides par voie terrestre ?
—Bien sûr. Le terminal de Rafah est toujours ouvert et laisse passer quotidiennement des camions d’aides mais malheureusement le problème auquel nous sommes confrontés est que l’armée israélienne cible ces convois et entrave leur arrivée à Gaza. Ce qui a poussé l’Egypte, comme d’autres pays, à recourir au largage aérien comme moyen supplémentaire.
Si l’armée israélienne ôte sa main des convois envoyés par voie terrestre, nous n’aurons pas besoin de largage et les quantités d’aides vont sûrement augmenter. Si la voie est ouverte aux convois pour se déplacer du sud vers le nord, il n’y aura aucun problème. Il faut absolument que la communauté internationale fasse pression sur Israël.
— A quel point les quantités d’aides envoyées à Gaza couvrent-elles les besoins de ses habitants ?
— Malheureusement, la crise s’intensifie et les aides couvrent de moins en moins les besoins. Il faut savoir qu’avant l’agression, 500 camions remplis de marchandises entraient chaque jour à Gaza via le terminal de Rafah. Aujourd’hui, après plus de cinq mois de guerre ayant entraîné la destruction du secteur de la santé, des usines et du réseau électrique, comment voulez-vous que 100 camions répondent aux besoins des habitants de la bande de Gaza ? La bande de Gaza a besoin de plus de 1 000 camions d’aides par jour pour pouvoir se rétablir.
— A la lumière des faibles moyens, comment faites-vous pour couvrir les besoins des citoyens ?
— La situation est très compliquée. Malgré le petit nombre de convois, nous essayons d’atteindre le plus grand nombre de personnes dans le besoin.
Il faut noter qu’il y a aujourd’hui 1,9 millions de personnes déplacées à Gaza et que 350 000 logements ont été démolis au-dessus de leurs habitants. C’est pourquoi nous coopérons avec des organisations internationales, des institutions locales et aussi avec les partenaires du mouvement international du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge, avec à leur tête le Croissant-Rouge égyptien, pour assurer les besoins nécessaires à ces millions de personnes. La situation est difficile aujourd’hui et la situation humanitaire se détériore fortement, nous exigeons donc un cessez-le-feu immédiat et la protection des civils d’un désastre encore plus grave.
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