Les manifestants pro-Morsi devant l'Académie de police. (Photo: Chérine Abdel-Azim)
La séance inaugurale a été suspendue en raison du tohu-bohu provoqué par les accusés, qui ont recusé le Parquet et crié : «
A bas le régime militaire ». De son côté, Morsi a réitéré sa position qu'il est toujours le président légitime et a réclamé que la justice égyptienne ne soit pas une couverture «
au coup d'Etat miltaire criminel ». Il a en outre demandé au juge de ne pas participer au coup d'Etat et de lui permettre d'exercer ses prérogatives en tant que «
président de la République ». Le procès reprendra le 8 janvier.
Le président islamiste est jugé pour « incitation au meurtre » de manifestants. Morsi, qui encourt la peine de mort dans ce procès, est arrivé tôt dans la matinée par hélicoptère dans la cour du tribunal qui a siégé au sein de l’Académie de police, dans un quartier de l’est de la capitale égyptienne, a annoncé le chef de la police du Caire, Ossama Al-Soghayar.
Les pro-Morsi ont annoncé qu’ils ne reconnaîtraient ni l’autorité de ces juges, ni la légitimité d’un procès qu’ils estiment orchestré par un pouvoir issu d’un « coup d’Etat » militaire.
14 coaccusés, dont des cadres des Frères musulmans, sont également jugés pour les mêmes chefs d’accusation que Morsi, notamment « incitation au meurtre » de manifestants devant son palais présidentiel le 5 décembre 2012, lors de heurts qui avaient fait au moins 7 morts.
Le premier chef d’Etat élu démocratiquement en Egypte était détenu au secret depuis sa destitution le 3 juillet, quelques jours après que des millions d’Egyptiens furent descendus dans la rue réclamer son départ, l’accusant d’accaparer les pouvoirs au profit de sa confrérie des Frères musulmans et de vouloir islamiser la société à marche forcée.
Amnesty International estime que le procès de Morsi est un « test » pour évaluer la volonté des autorités intérimaires de respecter les droits de l’homme. L’ONG les presse d’« amener Mohamad Morsi à l’audience et de lui accorder le droit à un procès juste, en particulier lui permettre de contester les preuves qui pourront être produites contre lui devant le tribunal ». « Si ce n’est pas le cas, alors il sera permis de soulever des questions quant aux motivations cachées de ce procès », ajoute l’organisation internationale.
Les avocats de Morsi ont assisté au procès non pour le défendre devant des juges dont il récuse la légitimité, mais « pour surveiller la procédure judiciaire ».
Les rares personnes ayant vu Morsi dans son lieu de détention l’ont trouvé déterminé à défendre sa « légitimité » puisée dans les urnes, comme il l’avait affirmé dans une vidéo le soir de son éviction.
Les faits qui lui sont reprochés avaient marqué un important tournant dans sa présidence : après six mois au pouvoir, il avait édicté un décret le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire, déclenchant des manifestations devant la présidence.
Estimant que la police n’avait pu protéger le président, les Frères musulmans avaient appelé leurs partisans à déloger les protestataires. Ces violences — qui s’étaient soldées par 7 morts — avaient soudé les rangs de l’opposition anti-Morsi qui, six mois plus tard, descendait dans la rue pour réclamer son départ et l’obtenait de la main des militaires.
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