Le procès de Morsi sera placé sous haute surveillance policière.
(Photo : Reuters)
Alors que la rue égyptienne semble se désintéresser du procès de Hosni Moubarak, un autre président, son successeur, attend son jugement le 4 novembre pour un même chef d’accusation relatif au meurtre de manifestants opposants.
Morsi, qui se serait évadé de prison lors de la révolution de 2011, est également accusé d’avoir comploté avec le Hamas contre l’Egypte. Le premier procès se concentrera probablement sur « l’incitation au meurtre » des manifestants le 5 décembre 2012, quand il était au pouvoir. Ce jour-là, des partisans des Frères musulmans ont tenté d’évacuer de force des activistes anti-Frères qui menaient un sit-in devant le palais présidentiel. Au moins cinq personnes ont été tuées dans ces violences et plus de 700 ont été blessées.
L’ex-président, détenu secrètement depuis le 3 juillet, devra donc comparaître devant la Cour d’appel du Caire aux côtés de 14 autres personnes pour « incitation au meurtre ».
A quelques jours de l’ouverture du procès, les partisans du président déchu ont annoncé lundi que ce dernier ne reconnaissait pas le tribunal qui doit le juger et ont appelé à des manifestations massives contre une « justice de vengeance ».
« Aucun avocat — égyptien ou étranger — ne défendra le président élu Mohamad Morsi, car le président ne reconnaît pas ce procès ni aucune action ou aucun processus issu du coup d’Etat qui a provoqué sa chute », annonce dans un communiqué l’Alliance pour la démocratie et contre le coup d’Etat, une coalition des partisans du seul chef de l’Etat élu démocratiquement en Egypte.
Le texte cite une équipe « d’avocats » habilités à parler au nom de Mohamad Morsi, tout en soulignant qu’ils seront présents au procès « non pour le défendre mais pour observer la procédure judiciaire ».
Ce procès laisse craindre des actes de violence, ladite alliance ayant appelé les partisans du président déchu à se mobiliser massivement au Caire et dans tout le pays le jour du procès. Tandis que le ministère de l’Intérieur annonce un plan draconien de sécurisation, notamment aux alentours de l’Ecole des sous-officiers près de la célèbre prison de Tora à 20 km au sud du Caire, où se dérouleront les séances.
Le porte-parole de l’équipe d’avocats, Mostafa Azab, a lancé à travers le même communiqué « un appel aux défenseurs des droits de l’homme du monde entier à assister au procès du président pour observer les procédures et témoigner du mépris de la justice ». Alors que le secrétaire général de l’Ordre des avocats, Mohamad Tosson, a considéré ce procès comme « illégal et inconstitutionnel », expliquant que Mohamad Morsi « qui n’a pas démissionné de son poste, et dont le mandat n’était pas venu à terme ne pouvait pas être jugé comme un citoyen ordinaire ». Selon lui, le seul moyen de juger un président est devant un tribunal d’exception et avec l’aval des deux tiers du Parlement, aujourd’hui dissous. « La question n’est pas de soutenir Morsi ou d’être en désaccord avec lui, la loi est la loi, et si le tribunal décide d’aller jusqu’au bout du procès, ce sera un scandale judiciaire à l’échelle nationale et internationale », ajoute-t-il.
De nombreux militants des droits de l’homme dans le pays craignent que ce procès ne soit un simulacre. Le président déchu n’a pas encore eu l’occasion de voir ses avocats selon ses partisans.
Sur le plan politique, les opposants et les partisans de la confrérie des Frères musulmans sont d’accord sur le fait que ce procès rendra encore plus difficile les chances d’intégrer les islamistes dans le processus politique. Les non-islamistes auraient préféré voir se mettre en place une « justice transitionnelle » susceptible de garantir une enquête indépendante et d’entamer un processus de réconciliation nationale.
Mais c’est ce procès du 4 novembre qui décidera finalement du sort de Mohamad Morsi, un sort qu’il attendra probablement à la même prison de Tora, où il avait confiné son prédécesseur.
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