« La Chine est prête à renforcer la coopération avec l’Egypte dans différents domaines tels que les infrastructures, les technologies agricoles et les énergies renouvelables, à élargir les échanges et la coopération entre les peuples et à promouvoir continuellement le développement du partenariat stratégique global Chine-Egypte », a assuré le président chinois, Xi Jinping, lors de sa rencontre avec le premier ministre, Moustapha Madbouli, qui a participé au 3e Forum de « la Ceinture et la Route », tenu les 17 et 18 octobre à Pékin. Ce forum, auquel ont participé plus de 130 pays et 30 organisations internationales, a choisi pour thème cette année « Ensemble pour un développement et une prospérité communs ».
A travers cette rencontre, la Chine met en oeuvre son initiative de la « Nouvelle Route de la soie », qui est un ambitieux projet lancé il y a 10 ans dans l’objectif d’améliorer le développement et les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique grâce à la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels au moyen de milliards de dollars de prêts chinois. Cette initiative, qui regroupe 60 Etats, dont l’Egypte, vise à les lier par des voies terrestres ou maritimes.
En marge du forum, Madbouli a tenu plusieurs rencontres importantes avec des responsables, des organisations et des entreprises chinois. Une occasion pour signer de nouveaux accords bilatéraux. Lors de son allocution au 2e jour du forum, le premier ministre a assuré que la Chine est l’un des principaux partenaires au développement et un exemple à suivre. « Nous visons à tenir davantage de projets bilatéraux avec la Chine et à attirer plus d’investisseurs chinois en Egypte », a-t-il déclaré.
Echange de dettes
C’est dans ce cadre que l’Egypte a signé avec l’Agence chinoise de coopération internationale pour le développement (CIDCA) un mémorandum d’entente pour promouvoir la coopération dans l’échange des dettes afin de faciliter la mise en place de projets de développement. Un pas très important selon Mona Soliman, chercheuse à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire, qui souligne que cette initiative est pour la première fois appliquée avec un pays en voie de développement dans le cadre du Forum de « la Ceinture et la Route ». Elle souligne l’importance de cette initiative, expliquant que « ceci est fait dans le but d’alléger le fardeau de la dette extérieure, de parvenir au développement durable, en finançant des projets prioritaires, et de soutenir les efforts visant à atteindre le 17e des Objectifs de développement durable, à savoir les Partenariats pour la réalisation des objectifs. Sur la base de ce mécanisme, l’équivalent en monnaie locale de la dette est utilisé pour financer des projets de développement mutuellement convenus, tels que le financement des 3e et 4e phases du train électrique au Caire ». Et d’ajouter : « L’un des plus importants avantages de ces accords est qu’ils restent liés aux intérêts économiques mutuels et qu’ils ne sont pas conditionnés à des exigences politiques à l’exemple de ceux du Fonds monétaire international », affirme-t-elle. A rappeler que l’Egypte avait signé des accords semblables avec l’Italie en 2001 et avec l’Allemagne en 2011.
Selon Luo Zhaohui, président de CIDCA, les projets sont financés avec un intérêt de 2 % sur 20 ans. Il a souligné que le gouvernement chinois soutenait la réduction des intérêts des prêts et que la CIDCA avait mis en place avec l’Egypte de grands projets dans divers domaines, notamment technologiques (lancement de satellites), y compris la formation du personnel qui y travaille.
Nouveaux accords
La Zone du Canal de Suez (SCZone) a également fait l’objet de plusieurs nouveaux projets. 4 nouveaux projets ont été ainsi signés avec un coût de 15 milliards de dollars. Cette zone, devenue l’un des centres de production d’énergie verte les plus importants au Moyen-Orient et en Afrique, a fait l’objet d’un accord pour produire 1,2 million de tonnes d’ammoniac vert et 210 000 tonnes d’hydrogène vert par an. De même, l’Egypte et la Chine se sont accordées à créer un complexe de production de chlorure de potassium qui fonctionnera en trois phases, à commencer par la phase expérimentale de production de 100 000 tonnes de chlorure de potassium. Il sera exploité par des stations d’énergie renouvelable d’une capacité de 150 mégawatts pour fournir au projet de l’énergie verte afin de produire 4,1 millions de tonnes de chlorure de potassium. Les investissements s’élèvent à 8 milliards de dollars. Il a également été convenu de diriger 20 % de la production du projet vers le marché local.
« L’Egypte vise à réaliser des couloirs logiciels mettant en valeur le commerce international. D’autre part, la Chine, avec ces investissements dans les domaines technologiques et dans la production de l’hydrogène vert, peut s’ouvrir aux marchés africains, ainsi qu’arabes à travers l’Egypte », ce qui représente un intérêt mutuel, indique Soliman.
Concernant le secteur de l’aviation civile, la Compagnie de l’aéroport du Caire a signé un accord avec la Compagnie publique chinoise d’ingénierie architecturale stipulant une coopération dans les domaines de l’ingénierie, de l’approvisionnement, de la construction, dont 9 000 hangars, du financement et du développement de l’aéroport international du Caire, de la zone du fret et de leurs centres logistiques. « Ce projet vise à augmenter le trafic aérien en faveur du secteur du tourisme et de l’aviation en Egypte », explique l’ingénieur Yahia Zakaria, président d’Egyptian Air Holding Company, suite à la signature de l’accord. Un autre accord a été conclu pour développer l’aéroport international d’Hurghada afin de le transformer en aéroport international, d’augmenter sa capacité, de construire un nouveau terminal de passagers et d’accomplir des travaux d’aménagement dans les terminaux 1 et 2.
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