Al-Ahram-Hebdo : L’arrivée du deuxième convoi d’aides à la bande de Gaza a été remarquablement retardée après son passage par le terminal de Rafah. Comment expliquez-vous ce retard ?
Raed Al-Nems : Le deuxième convoi a été exposé à une grande opération d'inspection très détaillée par les forces de l’occupation car son passage a coïncidé avec la frappe faite « par erreur » de l’un des chars israéliens près d'une position égyptienne à la frontière. Une opération qui a engendré le retard de plusieurs heures de l’arrivée des aides à la bande de Gaza.
— Après 15 jours d'attente, la voie est actuellement ouverte à l’entrée de convois d’aides. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une percée en termes d’acheminement quotidien des aides ?
— Nous avons en effet reçu 2 convois deux jours de suite, un premier de 20 camions et un second de 17 camions chargés d’aides humanitaires renfermant des médicaments et des fournitures médicales qui sont devenus quasiment inexistants dans les hôpitaux de la bande de Gaza. On dit qu’un troisième devra également suivre. Ces cargaisons sont stockées dans des entrepôts de l’Unrwa. Nous espérons que l’acheminement de ces aides se poursuivra sans interruption. Surtout à la lumière de la situation humanitaire détériorée dont souffrent, d’une part, les hôpitaux et, d’autre part, les citoyens qui sont privés des plus simples besoins comme l’eau, la nourriture, l’abri et la sécurité.
— En quoi consistent les aides envoyées jusqu’à présent et à quel point couvrent-elles ces besoins ?
— Il s’agit surtout de fournitures médicales très nécessaires, qu’il s’agisse de médicaments, de fournitures de premiers secours ou pour les cas de brûlures et les chirurgies. Certains produits alimentaires, pour enfants et adultes, du lait pour enfants, des boîtes de conserves, des couvertures et autres. Nous sommes arrivés à une situation humanitaire très critique. Les bombardements sont incessants et trouver un abri pour les enfants est devenu presque impossible. Tous les endroits, même les écoles refuges appartenant à l’Unrwa, les hôpitaux et les ambulances sont exposés à d’énormes dégâts nécessitant un besoin urgent d’aides.
Malheureusement, tous les convois reçus jusque-là ne représentent pas une goutte dans l’océan des nécessités et des besoins d’urgence. Ces aides sont aujourd’hui liées à la survie des Palestiniens. Il suffit de dire que le premier convoi peut à peine couvrir les besoins d’une seule école de refuge. Cela ne diminue pas leur importance qui est sûrement vitale, mais qui est loin de couvrir les besoins des Gazaouis.
— L’équipe du Croissant-Rouge est-elle également exposée aux frappes des forces de l’occupation ?
— Le Croissant-Rouge à Gaza a été exposé à de nombreuses violations depuis le début des événements. Nos foyers, nos ambulances et les secouristes ont été ciblés bien que ces derniers portent leurs gilets montrant leur affiliation au Croissant-Rouge. Jusqu'à aujourd'hui, 4 de nos secouristes ont perdu leur vie en pleine mission et hier, une jeune volontaire a également été tuée, tandis que les blessés sont innombrables. Le nombre et l'ampleur des blessures sont très importants et souvent très graves, surtout avec des capacités faibles et réduites, ce qui nécessite une intervention rapide, notamment compte tenu de la pénurie de carburant. Tous ces éléments compliquent nos missions de sauvetage.
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