Le délai des 100 jours durant lesquels le président Morsi a promis de régler des dossiers épineux va bientôt expirer, et à cette occasion, une campagne intitulée « Lève-toi Egyptien »a été inaugurée par des activistes politiques, dont le mouvement du 6 Avril et la Deuxième révolution de la colère. Le journal Al-Masry Al-Youm écrit : « Le graffiti est le vecteur pour faire passer le message, mais les dessins cette fois-ci ne sont pas concentrés sur les murs de la place Tahrir ». Les activistes de la campagne ont apposé leurs graffitis dans des quartiers populaires comme Matariya, avec des inscriptions « Où est le pain ? » ou « Lève-toi Egyptien, le pauvre a faim ». Ils ont aussi distribué des tracts avec des phrases comme « En Egypte seulement, les légumes sont plus chers que les fruits. En Egypte seulement, on exporte le gaz alors qu’on en souffre de la crise. En Egypte seulement, on nous coupe l’eau et l’électricité alors qu’on a le Nil », rapporte le journal.
Toujours dans le même contexte, l’alliance des sans-ressources et des chômeurs a, selon le quotidien Al-Shorouk, publié un communiqué disant : « Le discours du président Morsi sur les réalisations des 100 jours confirme que l’institution de la présidence est complètement décalée par rapport aux problèmes du peuple égyptien et du citoyen modeste qui n’a ressenti aucun changement dans son niveau de vie, voir la situation politique et économique a empiré durant les 100 jours et les problèmes des citoyens se sont aggravés, allant du manque d’eau aux épidémies, sans oublier le manque de bonbonnes à gaz et d’essence. Le porte-parole de l’alliance a mis en garde contre une révolution de la faim qui est aux portes de l’Egypte. Car personne, selon lui, ne pourra résister à ces pauvres et chômeurs qui ont attendu que la révolution résolve leurs problèmes ». Sur le terrain, en réaction à la mal-vie, les grèves et les sit-in se poursuivent et la mode est aux barricades sur les routes pour bloquer la circulation et attirer l’attention des responsables. C’est ce qu’ont fait des habitants à Louqsor, qui ont bloqué la route pendant une heure comme le rapporte la presse pour protester contre le manque de bonbonnes à gaz dont le prix a dépassé les 70 L.E.« Nous voulons des bonbonnes comme avant »,ont-ils scandé.
Les habitants coupent aussi les routes quand ils ne sont pas contents du travail de l’Administration. Ainsi nous rapporte le journal en ligne Al-Dostour : « La route régionale Al-Sadate a été complètement paralysée quand les habitants du village Kafr Daoud, dans le gouvernorat de Ménoufiya, ont coupé la route pour protester contre la disparition d’une jeune femme de 32 ans dans des conditions mystérieuses. Ils ont déclaré occuper les lieux jusqu’à ce que la police fasse son travail et retrouve la jeune femme. Le chef de la police de Ménouf s’est déplacé sur les lieux, mais les habitants ont refusé d’ouvrir la voie ». De quoi illustrer la crise de confiance entre les instances de l’Etat et la population. Face aux 100 jours de Morsi, il y a beaucoup de colère en Egypte de la révolution. La population bouge face à un pouvoir statique. Le mastodonte de l’Etat ne s’est pas adapté. « Après 20 jours de sit-in pour réclamer des hausses de salaires, le personnel administratif de l’Université d’Alexandrie a décidé d’envahir la rue. La corniche d’Alexandrie a été complètement paralysée ». Le bouillonnement est à tous les niveaux, même les conseillers du Parquet administratif ont décidé d’entrer en grève pendant 3 jours, relève la presse. « Le président du club des conseillers du Parquet administratif a déclaré, lors d’une conférence de presse, que la Constitution ne sortira pas sans donner au Parquet administratif les moyens de lutter contre la corruption. Sinon, il faudra nous passer sur le corps ». Au même moment, le secrétaire général de l’assemblée constituante pour la rédaction de la Constitution déclarait. « La mission de la constituante est de trouver l’équilibre entre les membres de la société et les courants politiques, de telle sorte que nous arrivions à une Constitution acceptée à 85 % ». Et vu les divergences que suscite justement la rédaction de la Constitution, il faudra à la constituante de passer par le corps de pas mal de personnes, hors les conseillers du Parquet administratif.
A des centaines de kilomètres, les habitants du village de Guéziret Bahig, dans le gouvernorat d’Assiout, ont engagé, eux, une bataille d’un genre nouveau. En colère parce que leurs conditions de vie ne s’améliorent pas, ils ont décidé de déclarer l’indépendance de leur village, comme le rapporte Al-Shorouk : « Le village a bougé suite à l’indifférence des responsables et au manque de services essentiels, sans oublier les coupures d’eau et d’électricité, l’inexistence d’une école ou d’un dispensaire. Ils ont donc déclaré l’indépendance du village et ont refusé la venue de responsables pour négocier avec eux jusqu’à l’arrivée du gouverneur d’Assiout ».
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