Le Conseil des ministres a publié cette semaine un décret visant à réglementer le séjour des étrangers en Egypte. Selon ce décret, les ressortissants étrangers qui demandent une résidence en Egypte, que ce soit à des fins touristiques ou autres, doivent s’acquitter des frais de délivrance de la carte de séjour en dollar ou en d’autres devises. D’autre part, les résidents étrangers en situation illégale doivent régulariser leur séjour à condition d’avoir un hôte de nationalité égyptienne, et ce, dans un délai de trois mois suivant la promulgation de ce décret. Ces derniers doivent également payer des frais administratifs de 1 000 dollars américains. Hazem El-Guendi, membre du Sénat, salue cette décision qui fait suite, selon lui, à une proposition faite en janvier dernier visant à créer de nouvelles ressources en devises pour faire face aux pressions économiques auxquelles l’économie égyptienne est confrontée en raison de la guerre en Ukraine. « Dans ces circonstances critiques, l’Egypte a besoin de mécanismes pour maximiser ses ressources en devises et soutenir son économie », affirme-t-il. Et d’ajouter : « De nombreux pays au monde réalisent d’énormes revenus grâce aux frais de séjour des étrangers sur leurs territoires, que ce soit à des fins de tourisme ou de résidence, mais l’Etat égyptien n’imposait pas de sommes importantes pour la présence et le séjour des étrangers ».
9 millions de ressortissants étrangers
Selon un rapport publié par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) en 2022, plus de 9 millions d’étrangers originaires de 133 pays vivent en Egypte. Un chiffre qui a augmenté depuis le début de la guerre civile au Soudan qui s’est déclenchée en avril 2023, entraînant la fuite de plus de 200 000 personnes vers l’Egypte.
Ayman Abdel-Wahab, politologue au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, affirme que cette décision n’est pas uniquement économique. « Elle aidera le gouvernement à préparer une base de données précise sur les étrangers résidant en Egypte qui ont des statuts différents : réfugiés, migrants, visiteurs et résidents. C’est en premier lieu une question sécuritaire et sociale », explique Abdel-Wahab. Et de conclure : « La présence de plus de 9 millions d’étrangers en Egypte représente également un lourd fardeau sur les ressources de l’Etat, surtout dans les conditions économiques difficiles que nous connaissons. Les revenus en devises étrangères aideront à alléger ce fardeau et à couvrir leurs besoins ».
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