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Le ton est à la satisfaction

May Al-Maghrabi, Mardi, 09 octobre 2012

A l’occasion de la commémoration de la Guerre de 1973, le président Mohamad Morsi a prononcé samedi un discours où il a notamment dressé le bilan des 100 premiers jours de son mandat.

6 Octobre
Les réactions des forces politiques sur le discours de Morsi ont oscillé entre admiration et dénonciation.

Dans un discours qu’il a consacré au bilande ses 100 premiers jours au pouvoir, le président Mohamad Morsi a affirmé avoir réalisé environ 75 % des objectifs annoncés lors de sa campagne électorale. Ces promesses portaient sur des sujets aussi divers que la sécurité, l’énergie, la propreté, la réorganisation de la circulation routière, etc.

C’est surtout sur le plan de la « haute politique » intérieure et étrangère que le président a eu plus de chance de se féliciter. Evoquant ses « réussites », Morsi a affirmé que les militaires ont pris le chemin des casernes depuis son accession au pouvoir. Quant aux critiques qui lui reprochent d’avoir négligé les affaires internes au profit des relations internationales, Morsi s’est défendu en rappelant que ses voyages à l’étranger avaient pour objectif d’attirer les investisements. Ses déplacements se sont soldés par la signature de « 17 accords bilatéraux » qui devraient injecter près de 10 milliards de dollars dans l’économie égyptienne. Mais le président, issu des Frères musulmans, n’a pas oublié de donner à ses efforts des couleurs islamistes, en soulignant que le crédit négocié actuellement avec le FMI est conforme à la charia. « Un taux d’intérêt de 1,1 % n’est pas considéré comme de l’usure. Je n’accepterai jamais que les Egyptiens vivent de l’usure », a insisté Morsi devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans qui le suivaient depuis les gradins du stade du Caire.

Moins convainquant

Se voulant également un président issu de la « révolution », le président a réitéré ses promesses de libérer les jeunes manifestants qui se trouvent en détention depuis des mois. Il a également promis de « prendre en charge » les familles des martyrs tombés pendant la révolution. Il s’est surtout engagé à suivre personnellement la commission d’enquête qu’il a formée afin d’identifier les coupables de ces meurtres en vue de les juger.

Sur le plan intérieur qui concerne les Egyptiens, le président a été moins convainquant. Selon ses propres estimations, les objectifs relatifs au dossier de la sécurité ont été réalisés à hauteur de 70 %, la pénurie du pain a été réglée à 80 %, la crise des bonbonnes de gaz butane à 85 %, le problème de la collecte d’ordures à 40 %, celui de la circulation à 60 %. Des chiffres contestés par ses détracteurs qui se réfèrent à « une autre Egypte que celle où l’on vit ».

En effet, les réactions des forces politiques sur le discours du président ont oscillé entre une admiration pour un président détendu, proche de son peuple, qui jure avec son prédécesseur « glacial », et une dénonciation d’un discours panégyrique qui ne s’est pas autant distancé de celui que tenait son prédécesseur.

Amr Farouk, du parti Al-Wassat, pense que le président Morsi a bien fait de traiter dans son discours des questions qui préoccupent l’opinion publique. « Le président n’a pas hésité à avouer son insatisfaction de la lenteur des progrès sur certains dossiers comme le pain, le carburant, la circulation et la sécurité. Son discours a été transparent et étayé par des faits et des chiffres », dit Farouk sur un ton satisfait.

Mais pour l’ex-député libéral, Moustapha Al-Naggar, « Les statistiques et les chiffres fournis dans ce discours ne sont pas compatibles avec la souffrance endurée par le simple citoyen qui ne trouve toujours ni carburant, ni pain, ni moyen de transport digne ».

Ammar Ali Hassan, politologue, pense que le discours de Morsi trahit une absence de stratégie. « Le président s’est attardé au nombre des contraventions, le nombre des voitures volées et récupérées, les boulangeries inaugurées, etc. Des questions secondaires qui relèvent plutôt d’un ministre, voire d’un responsable municipal, non d’un président supposé incarner toute une révolution », critique Hassan. « En parlant, d’une amélioration de 70 % au niveau de la sécurité, Morsi n’a mentionné ni la réforme escomptée du ministère de l’Intérieur, ni les abus commis jusqu’à présent aux commissariats de police. Et en évoquant la pénurie du pain subventionné, il a annoncé l’inauguration de 9 boulangeries, alors que le problème réside dans le système de distribution de la farine subventionnée qui permet sa revente au marché noir. De telles déclarations montrent une absence de la vision nécessaire pour réaliser la réforme prétendue », poursuit le politologue.

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