Le président Sissi lors d’une visite d’inspection à l’Académie militaire.
« Nous tenons à trouver des solutions définitives à la crise économique et à travailler avec diligence dans tous les secteurs. Le gouvernement oeuvre à mettre en place un ensemble de mesures pour atténuer les effets de cette crise ». C’est ce qu’a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi dans un discours prononcé devant les étudiants de l’Académie militaire lors de sa visite d’inspection samedi 19 août.
Pour le président Sissi, cette rencontre était une occasion pour envoyer aux Egyptiens plusieurs messages et discuter des défis économiques. Le président a tenu à rappeler que la crise économique dont souffre l’Egypte est due à des facteurs internationaux, notamment « la crise du Covid-19, qui a eu un impact négatif sur l’économie mondiale, à laquelle nous sommes liés d’une manière ou d’une autre, ou encore la guerre en Ukraine, qui a un impact direct sur les prix mondiaux », a-t-il rappelé. Cette crise impose, en effet, des défis que l’Egypte oeuvre à surmonter.
Sur un ton rassurant, le président a assuré aux citoyens qu’ils ne devaient pas s’inquiéter de la disponibilité des produits de base et du carburant. « Nous tenons à fournir une réserve stratégique de produits de base pour une période de 5 ou 6 mois », a précisé le président, ajoutant que « l’Etat s’efforce de fournir régulièrement du carburant à plus de 10 millions de voitures qui se déplacent quotidiennement à travers la République ».
Electricité, agriculture et politique étrangère
Actualité oblige, le président a évoqué les coupures d’électricité survenues depuis quelques semaines. L’Egypte a imposé une politique de délestage, afin de contrôler la consommation élevée d’électricité due à la vague de chaleur qui a frappé le pays. Dans ce cadre, le président a fait savoir que l’Egypte a besoin de 18 000 tonnes de diesel par jour pour faire fonctionner les centrales électriques à pleine capacité en pleine période de températures élevées, et de plus de 0,5 million de tonnes de diesel par mois, à un coût d’environ 300 à 350 millions de dollars.
Concernant le secteur agricole, le président a souligné que l’Etat avait déployé des efforts sans précédent pour augmenter la surface agricole dans des régions comme le Nouveau Delta, Tochka, ou Charq Al-Owaïnat, en plus du Sinaï et de la campagne égyptienne, et ce, pour atteindre une production agricole sans précédent dans un court laps de temps. Les surfaces des terres agricoles devraient ainsi bientôt augmenter de 3 millions de feddans. Ceux-ci s’ajouteront aux 9,4 millions de feddans existants (selon les données du ministère de l’Agriculture en 2022). Malgré cela, l’Egypte est obligée d’importer des produits de base, tels que le blé, le maïs et l’huile comestible, en grande quantité.
Sur le volet de la politique étrangère, le président a souligné que l’Egypte maintient une politique étrangère équilibrée. Il a affirmé que celle-ci se caractérise par « la modération, l’équilibre et la non-ingérence », donnant l’exemple de la conférence des pays voisins du Soudan que l’Egypte a accueillie pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise soudanaise.
« Ce discours reflète plusieurs indications importantes. La première est le souci du président de vouloir répondre aux interrogations et aux craintes des citoyens », explique Hassan Salama, professeur de sciences politiques, qui souligne que ces messages sont adressés non seulement aux citoyens mais aussi au gouvernement. « Ce discours envoie des directives au gouvernement concernant la nécessité de prendre des mesures immédiates afin d’alléger le fardeau des citoyens ». « Les mesures exécutives qui ont été annoncées, telles que la fixation des prix de l’électricité et du carburant, représentent une mise en oeuvre concrète des promesses du président », explique Salama, qui estime également qu’un tel discours construit une confiance entre le président et le peuple, et ce, non pas seulement en proposant des solutions, mais surtout en prenant des décisions immédiates pour contrer les défis en place.
De son côté, le professeur de sciences politiques Ekram Badreddine explique que le président, par son discours, a concrétisé la responsabilité conjointe entre le citoyen et l’Etat pour contrer les défis en place. « Le président a tenu à fournir des explications logiques à la situation d’inflation dans laquelle nous vivons actuellement. Le président appelle le gouvernement à assumer ses responsabilités en termes d’allégement du fardeau sur le citoyen, mais en même temps envoie un message aux citoyens pour supporter les conditions difficiles jusqu’à ce qu’elles soient résolues par le gouvernement », conclut-il.
Développement intense à Matrouh
Quelques jours avant la visite de l’Académie militaire, le président Sissi était en visite à la ville d’Al-Salloum au gouvernorat de Matrouh. Lors de cette visite, le président a énuméré les défis auxquels est confronté l’Etat et les efforts qui sont déployés dans ce gouvernorat, tout en insistant sur l’importance de la poursuite du développement. « Le gouvernorat de Matrouh et toute la région occidentale avaient été largement marginalisés au cours des dernières années, mais l’Etat accorde désormais la priorité à cette région, car les nouveaux projets de développement à Matrouh auront un impact positif sur sa population », a-t-il affirmé. Le président a assuré que les projets prévus à Matrouh, qu’il s’agisse de ports, de trains express et de villes nouvelles, auront à terme un grand impact sur la population et créeront de nombreux emplois. Il a également indiqué qu’une zone logistique doit être établie sur une superficie de 250 à 300 feddans, à côté du port de Salloum, offrant de nouvelles opportunités d’emploi dans le gouvernorat.
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