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Egypte-Afrique : Vers un partenariat encore plus fort

May Al-Maghrabi , Mercredi, 14 juin 2023

La tournée africaine du président Abdel-Fattah Al-Sissi, qui l’a mené en Angola, en Zambie et au Mozambique, confirme la volonté de l’Egypte de renforcer ses relations avec les pays du continent. Décryptage.

Egypte-Afrique : Vers un partenariat encore plus fort
Le président Sissi a assisté, jeudi, aux travaux du 22e Sommet du COMESA avec la participation de 21 Etats membres.

Coopération, développement et intégration économique. Telles étaient les questions à l’ordre du jour de la tournée africaine du président Abdel-Fattah Al-Sissi du 7 au 9 juin. Le chef de l’Etat s’est rendu en Angola, en Zambie et au Mozambique. En Zambie, il a participé aux réunions du 22e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) où il a annoncé la candidature de l’Egypte à la présidence du Conseil africain de la Paix et de la Sécurité (CPS). En marge des réunions du COMESA, le chef de l’Etat s’est entretenu avec plusieurs leaders africains de la coopération bilatérale et des défis régionaux.

A Lusaka, le chef de l’Etat a exhorté les Etats membres du COMESA à redoubler d’effort pour parvenir à l’intégration régionale et faire face aux défis. L’Egypte a passé la présidence du bloc continental à la Zambie. « Ce fut un grand honneur pour l’Egypte de diriger le COMESA au cours des deux dernières années, à une période très délicate qui a été témoin de développements importants aux niveaux international et régional », a déclaré le président Sissi, saluant le rôle de l’Agence régionale d’investissement du COMESA (RIA), basée au Caire. Il a souligné que les priorités de l’Egypte durant sa présidence étaient l’activation de la Zone de libre-échange continentale africaine et la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique. « Le commerce intra-COMESA s’est élevé à 13 milliards de dollars en 2022, le montant le plus élevé depuis la création de la zone de libre-échange en 2000, et le volume des échanges commerciaux entre l’Egypte et les pays du COMESA s’est élevé à 4,3 milliards de dollars en 2022 », a déclaré le chef de l’Etat. Et de souligner que l’Egypte a accordé un grand intérêt au secteur des infrastructures, encourageant les projets d’interconnexion entre les pays membres, dont le projet hydroélectrique Julius Nyerere (JNHPP), construit par l’Egypte et la Tanzanie et qui génère 2,5 gigawatts d’énergie électrique. Le président s’est aussi félicité du projet de liaison navale entre le lac Victoria et la Méditerranée. « Malgré les succès, il reste encore beaucoup à faire pour booster notre intégration régionale », a indiqué le président.

Soutenir les efforts de paix

Le Caire maintient son engagement au service des causes africaines. C’est dans ce contexte que le président a annoncé, jeudi, la candidature de l’Egypte au CPS pour le mandat 2024-2026. « L’Egypte est consciente de ses responsabilités pour soutenir les efforts de paix et de sécurité sur notre continent », a-t-il déclaré lors de sa rencontre avec le président zambien, Hakainde Hichilema. Ce dernier a salué « les efforts de l’Egypte pour faire avancer le développement en Afrique et préserver la paix et la sécurité continentales ». Le président Hichilema a surtout affirmé la volonté de son pays de développer la coopération avec l’Egypte. Les deux présidents ont assisté à la signature d’un certain nombre d’accords de coopération dans les domaines des ressources hydriques, de l’énergie propre et de l’électricité.

Au Mozambique, le président Sissi a évoqué avec son homologue, Filipe Nyusi, les moyens de renforcer les relations bilatérales et les efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique. Le président Nyusi a salué « l’engagement de l’Egypte pour soutenir les pays africains », exprimant la volonté de son pays de stimuler la coopération avec l’Egypte, notamment au niveau économique. De son côté, le président Sissi a souligné son engagement à renforcer la présence des entreprises égyptiennes au Mozambique et à encourager les nouvelles entreprises à y investir. Sur un autre volet, la réunion a abordé les moyens de renforcer la coopération entre l’Egypte et le Mozambique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme en Afrique, en particulier en Afrique orientale et australe.

Angola, première visite d’un président égyptien depuis Nasser

En Angola, où le président Sissi effectuait la première visite d’un président égyptien depuis celle du président défunt Gamal Abdel-Nasser, le chef de l’Etat a évoqué avec son homologue, João Lourenço, la crise au Soudan, le barrage de la Renaissance et la lutte contre le terrorisme. « Pas moins de 200 000 Soudanais ont fui leur pays vers l’Egypte », a déclaré Sissi lors d’une conférence de presse conjointe. « Ce conflit a gravement affecté l’Egypte. Le président angolais et moi adressons un message à nos frères au Soudan. Il faut parvenir à un cessez-le-feu pour arrêter l’effusion de sang et amorcer un dialogue », a ajouté le chef de l’Etat.

Le président est revenu sur le barrage éthiopien de la Renaissance qui menace l’alimentation de l’Egypte en eau. « Le Nil est une ressource importante pour l’Ethiopie, mais pour l’Egypte, c’est l’unique ressource », a-t-il souligné. Les deux dirigeants ont souligné l’importance de renforcer la coopération sécuritaire. Au niveau bilatéral, les pourparlers égypto-angolais se sont soldés par la signature de mémorandums d’entente dans les domaines de la sécurité et de l’utilisation des eaux souterraines.

L’ambassadeur Salah Heleima, ancien vice-ministre des Affaires étrangères et spécialiste des questions africaines, estime que la tournée africaine du président a une grande importance. « Elle confirme le rôle accru de l’Egypte sur le continent noir », affirme Heleima. Selon lui, la tournée du président a été marquée par un consensus entre l’Egypte et les dirigeants de l’Angola, de la Zambie et du Mozambique, ainsi que ceux du Kenya et du Malawi, sur la nécessité de prendre des mesures tangibles au service du développement et de la paix continentale. « Et c’est une question très importante. L’Afrique possède de grandes richesses et ressources. Si elles sont mieux exploitées, les pays africains deviendront les plus riches du monde », ajoute l’expert. Sur les perspectives de coopération entre l’Egypte et les pays de l’Afrique australe, le politologue Rami Zohdi explique que l’Angola, le Mozambique et la Zambie ont intérêt à coopérer avec l’Egypte et bénéficier de son expertise dans de nombreux domaines. Il indique à titre d’exemple que le Mozambique souffre du terrorisme et cherche à bénéficier de l’expérience de l’Egypte dans ce domaine, alors que l’Angola espère acquérir l’expérience égyptienne dans des domaines comme l’agriculture, l’industrie et les infrastructures, et souhaite également que les entreprises égyptiennes participent à son développement. « De l’autre côté de la barre, l’Egypte accorde un grand intérêt aux échanges commerciaux avec les pays africains. Avec la crise mondiale et ses répercussions, notamment sur l’Afrique, l’Egypte souhaite accroître ces échanges. Aux niveaux politique et sécuritaire, le partenariat égypto-africain est stratégique et sert directement à rétablir la paix et la sécurité sur le continent de façon de frayer la voie au développement. Des objectifs sur lesquels le président Sissi et les leaders africains ont été d’accord », conclut le politologue.

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