Les participants ont soutenu à l’unanimité la promulgation d’une loi sur le libre-échange des informations.
C’est en présence d’un parterre de représentants des partis politiques, des syndicats, du parlement, des médias et des ONG que le Dialogue national a débattu, dimanche, de la nécessité de promulguer une loi sur le libre-échange des informations. Un fait que les forces politiques réclament depuis des années. Il s’agit surtout d’une exigence constitutionnelle conformément à l’article 68 de la Constitution de 2014. Les participants ont exprimé leur soutien à la liberté d’expression, exigeant l’annulation des peines de prison dans les délits de publication et la promulgation d’une loi équilibrée sur le libre-échange des informations. Khaled Balshy, président du syndicat des Journalistes, a affirmé qu’il s’agissait là d’une revendication exigée par la grande majorité des journalistes. « Malheureusement, il existe encore des lois restreignant la libre circulation de l’information, et il y a des sites d’information bloqués. Nous avons besoin d’un climat approprié pour le travail des journalistes, afin qu’ils puissent transmettre l’information », a regretté Balshy. « La promulgation de cette loi n’est pas un droit pour les journalistes seulement, mais pour toute la société », a-t-il ajouté. Le président du syndicat des Journalistes a proposé la révision de toutes les lois restrictives, notamment celles sur la presse et les médias. « Cette loi comprend de nombreuses clauses qui restreignent la liberté de la presse », a-t-il affirmé. Il pense nécessaire de revoir la loi sur la cybercriminalité, les lois qui ouvrent la porte au blocage des sites Internet. « Il faut aussi promulguer une loi qui interdit l’emprisonnement dans les délits de publication », a expliqué Balshy. « La disponibilité de l’information est nécessaire pour prendre les bonnes décisions dans des domaines comme l’économie, la politique, les droits de l’homme et autres. Il faut une loi équilibrée qui préserve les droits de l’Etat et ceux du citoyen, et qui donne un libre accès aux informations documentées », a estimé, pour sa part, Tareq Seida, président du syndicat des Travailleurs dans les médias.
Contrer les rumeurs
Selon le journaliste Wagdi Zeineddine, cette loi est nécessaire pour faire face aux rumeurs sur les réseaux sociaux qui représentent plus de 70 % des sources d’information pour le citoyen. « Si nous voulons vraiment protéger la patrie et les citoyens de la désinformation et des guerres des 4e et 5e générations qui visent à saper la stabilité du pays, il est nécessaire d’accélérer la promulgation de cette loi qui évite aux journalistes de recourir à des sources peu fiables », a-t-il expliqué, soulignant que les fausses informations nuisent aussi à l’économie. Quant à Emadeddine Hussein, membre du conseil d’administration du Dialogue national et rédacteur en chef du quotidien privé Al-Shorouk, il a souligné que les médias ne pourront accomplir leur rôle qu’en présence d’une véritable circulation de l’information. « Cette loi est dans l’intérêt du gouvernement avant même l’intérêt des médias. Elle interdira aux ennemis de la patrie de propager des mensonges destinés à semer le chaos », a dit Emadeddine Hussein. Gamal Al-Keshki, membre du conseil d’administration du Dialogue national, a jugé nécessaire, en cas de promulgation d’une loi sur le libre-échange des informations, de sanctionner les promoteurs des rumeurs. Tout le monde est d’accord sur l’importance de promulguer cette loi, mais les avis divergent sur la forme à adopter. Adel Abdel-Sadek, expert au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, trouve que la loi doit « obliger les institutions de l’Etat à rendre les informations disponibles sauf dans certains domaines spécifiques ». Par ailleurs, il estime que la transformation numérique représente une opportunité pour mettre l’information à la portée des citoyens via des plateformes électroniques sécurisées. De son côté, Mohamad Farid, membre du Sénat, estime que « pour garantir que cette loi réalise ses objectifs, il faut aussi promulguer des lois sur la protection des témoins et obliger les organismes gouvernementaux à publier des données remises à jour », dit-il, rappelant que la loi sur le libre-échange des informations ne concerne pas seulement la liberté d’expression, mais sert aussi dans la lutte contre la corruption et le renforcement de la transparence. Le journaliste Mohamed El-Azzawi estime, lui, que la loi doit « garantir la liberté d’expression tout en préservant la sécurité nationale ». Le député Moustapha Bakri a proposé la création d’un comité formé de membres du Dialogue pour élaborer la loi et la soumettre ensuite au Conseil des députés.
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