Le 32e sommet de la Ligue arabe, tenu le 19 mai à Djeddah en Arabie saoudite, intervient à un moment critique pour la nation arabe, avec plusieurs crises importantes : la question palestinienne, la Syrie, le Soudan, le Yémen, la Libye et le Liban. D’où l’accent mis par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, dans son allocution sur la nécessité de la préservation de « l’Etat-nation » pour la subsistance et l’avenir de peuples et leurs capacités, et de contribuer à promouvoir l’action arabe commune en faveur de la stabilité de la région. Pour le président Sissi, il n’est pas « acceptable que les espoirs des nations arabes restent l’otage du chaos et des interventions extérieures, qui ne font qu’exacerber l’instabilité et entraver les efforts de résolution des crises dans les circonstances difficiles auxquelles la région est confrontée ». Et d’ajouter que « s’appuyer sur les efforts collectifs arabes, les capacités autonomes et l’intégration entre les pays arabes est essentiel pour formuler des solutions décisives à nos problèmes ».
Il a poursuivi que le concept d’action arabe conjointe devrait également s’étendre à la gestion des crises mondiales et à la coordination des efforts pour réformer le système de gouvernance économique mondiale. « Au coeur de ce système se trouvent les institutions financières et les banques internationales de développement, qui devraient être plus réactives aux défis du monde en développement », a dit le président.
Barrage de la Renaissance : Soutien arabe à l’Egypte
Sur un autre volet, dans leurs recommandations, les dirigeants arabes ont appelé l’Ethiopie à s’abstenir de remplir et d’exploiter unilatéralement le grand barrage de la Renaissance éthiopien, ce qui nuirait aux intérêts hydriques de l’Egypte et du Soudan. Les dirigeants arabes ont souligné l’importance de négocier de bonne foi, afin que les trois pays parviennent de toute urgence à un accord juste et équilibré, juridiquement contraignant, sur le remplissage et l’exploitation du barrage éthiopien. Ils se sont félicités du processus de négociation mené par l’Union africaine, mais ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à l’absence de progrès due à l’intransigeance de l’Ethiopie. Ils ont également appelé le Conseil de sécurité de l’Onu à assumer ses responsabilités en prenant les mesures nécessaires pour parvenir à un règlement pacifique sur cette question.
Une position saluée par le professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, Tarek Fahmy, qui estime que ceci prouve que la question du barrage de la renaissance relève de la sécurité nationale arabe. « Une action arabe conjointe sur ce dossier peut changer le sort de cette affaire qui peine à avancer », affirme-t-il.
Il estime également que l’allocution du président Sissi a reflété la vision de l’Egypte en faveur de l’union et la stabilité du monde arabe. Il a insisté que la présence des Etats-nations forts et un travail arabe conjoint sont nécessaires pour faire face aux crises auxquelles est confronté le monde arabe. « Le président a transmis plusieurs messages importants, avec en tête la nécessité de promouvoir l’action arabe commune, et surtout le rejet de toute ingérence étrangère dans les causes arabes, spécifiquement dans les crises palestinienne et soudanaise récemment déclenchées », estime Fahmy, concluant que « l’Egypte a également appelé toutes les forces arabes présentes à travailler conjointement pour contrer les perturbations internationales qui se reflètent sur la région arabe, et ce, via un travail intégral arabe sur tous les volets ».
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