L’Egypte a établi un pont aérien pour fournir les aides humanitaires à la Turquie et à la Syrie.
L’Egypte accentue les efforts pour venir en aide à la Turquie et à la Syrie, frappées le 6 février par un séisme dévastateur (plus de 30 000 morts selon un bilan communiqué lundi). Plus d’une semaine après le drame, vivres, médicaments et matériel de secours continuent à être acheminés via un pont aérien vers les deux pays « Nous avons collecté plus de 140 tonnes d’aides humanitaires pour les envoyer en Syrie en coordination avec le Croissant-Rouge syrien », explique à Al-Ahram Hebdo Hani Al-Nazer, directeur exécutif du Croissant-Rouge égyptien. Et d’ajouter : « Nous continuons d’envoyer de l’aide car les besoins, notamment des Syriens, sont importants. Il y a un besoin urgent de couvertures, de matelas, de tentes, de draps, de fournitures médicales, de masques et d’alcool pour les hôpitaux. Ces aides sont importantes pour éviter la propagation des épidémies ». Le Croissant-Rouge égyptien coordonne avec son homologue syrien pour envoyer également des secouristes égyptiens en Syrie. « Des secouristes égyptiens travaillent par roulement avec leurs homologues syriens », affirme Al-Nazer. Le Croissant-Rouge égyptien est également entré en contact avec le Croissant-Rouge turc. « La crise doit être gérée avec professionnalisme, car son impact va durer des mois », assure Al-Nazer. Le Croissant-Rouge égyptien a d’ailleurs lancé sur son site officiel une campagne de donation sous le slogan « La Syrie appelle au secours » à travers ses comptes dans plusieurs banques.
Les forces armées avaient été les premières à réagir. Dans un communiqué publié 2 jours après le drame, elles affirmaient l’envoi de 5 avions militaires chargés de grandes quantités de médicaments et d’équipements médicaux en Turquie et en Syrie. Jeudi, le Croissant-Rouge syrien confirmait sur sa page Facebook avoir reçu du Croissant-Rouge égyptien un premier convoi de médicaments et de fournitures médicales, déposé par 3 avions à l’aéroport international de Damas. Les aides d’urgence sont fournies par le ministère de la Santé. L’aide humanitaire est impérative pour pouvoir faire face aux effets désastreux du séisme en Turquie et en Syrie. Les aides fournies par l’Egypte ont été envoyées conformément aux directives du président Abdel-Fattah Al-Sissi qui, au lendemain du drame, a présenté ses condoléances à la Syrie et à la Turquie, lors de deux entretiens téléphoniques avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président syrien, Bachar Al-Assad. Sissi a affirmé la volonté de l’Egypte d’apporter son soutien aux populations des deux pays. Erdogan et Assad ont fait part de leurs remerciements à l’Egypte.
Samir Farag, expert stratégique, explique que les forces armées égyptiennes possèdent une unité de haut niveau pour faire face aux catastrophes naturelles. « L’Egypte dispose d’une très bonne expérience dans la gestion des crises et la transformation des espaces en hôpitaux de campagne. Dans ce genre de catastrophes, la coordination est très importante, et c’est pourquoi l’Egypte tenait à entrer en contact avec les dirigeants turcs et syriens pour déterminer les besoins de chaque pays en fonction des aides reçues par d’autres pays, afin de ne pas envoyer des aides similaires, surtout en ce qui concerne les médicaments », explique Farag, soulignant le souci de l’Egypte d’aider les pays touchés par les crises. « L’Egypte avait fourni la plus grande aide médicale et alimentaire à la Turquie après le tremblement de terre de 1999. La délégation égyptienne, qui s’était rendue en Turquie cette année-là, était restée 3 mois pour organiser la réception de l’aide humanitaire », rappelle Farag.
Coordination continue
Au niveau populaire, des bénévoles ont lancé des campagnes de donation sur les réseaux sociaux en coordination avec des ONG, afin d’aider les victimes du séisme. La collecte des dons au Caire a été marquée par une forte mobilisation. Aliments de base, couvertures et vêtements ont été collectés. « Nous avions prévu de collecter 2 tonnes de dons. Nous avons réuni plus de 90 tonnes. Huit conteneurs vont partir en Syrie par bateau. Douze grands véhicules et trois avions partiront également », indique Hassan Abdul Tawab, volontaire à la fondation Tatanaki.
Au niveau diplomatique, les contacts entre l’Egypte, la Turquie et la Syrie se poursuivent pour coordonner la remise des aides humanitaires ou pour suivre la situation des ressortissants égyptiens en Turquie (voir sous-encadré). « L’Egypte a toujours agi en vertu de son rôle axial dans la région. La direction politique a abordé la catastrophe en Syrie et en Turquie sous un angle purement humanitaire loin de tout calcul politique », affirme le politologue Hassan Salama. Il trouve évident que la communauté internationale « assume sa responsabilité envers la Syrie pour faciliter l’acheminement des aides humanitaires aux régions sinistrées, surtout au nord-ouest du pays, où un seul passage, celui de Bab Al-Hawa, est autorisé, ce qui complique l’afflux des aides ». A cet égard, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a exhorté le Conseil de sécurité à autoriser l’ouverture de nouveaux points de passage frontaliers entre la Turquie et la Syrie pour faciliter l’acheminement des aides humanitaires onusiennes aux victimes du séisme.
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