Le tombeau de Taha Hussein, doyen de la culture arabe, est parmi ceux qui devraient être transférés.
Un panthéon à l’égyptienne. Conserver les tombes et la mémoire des personnalités qui ont marqué l’Egypte à tous les niveaux sans entraver les projets de construction des routes et des ponts en cours est le principal but de la proposition approuvée cette semaine par le Sénat sur la construction d’un panthéon dans la Nouvelle Capitale administrative, présentée par le député Mohamad Farid. En vertu de la proposition, il est question de trouver le terrain adéquat pour accueillir les éminents de la nation et de lancer une compétition entre les jeunes architectes pour choisir le meilleur plan à même de donner à ce projet la gloire espérée. Quant au troisième et dernier volet de la suggestion, présentée par Mohamad Farid, il consiste à créer un comité de sélection des critères pour définir, en premier, ceux que pourraient être les « Grands Hommes de la nation », puis mettre ces critères de sélection et les différentes procédures en application. Le Sénat devra charger des organismes gouvernementaux concernés de coordonner leur action pour faire réussir le projet, en particulier le ministère de la Culture, l’Organisme de l’harmonisation urbaine et la Société de la Nouvelle Capitale administrative.
Un projet qui permettra de transférer en urgence les dépouilles des grands hommes de la nation, dont les cimetières devraient être démolis pour l’exécution des projets de réaménagement, en particulier ceux qui se trouvent dans la nécropole islamique du Caire, qui fait partie, avec ses trois principales parties, du patrimoine historique de l’humanité de l’Unesco depuis 1978.
Cette proposition pourrait donc désamorcer partiellement les inquiétudes qui augmentent, notamment avec l’exécution des nouveaux axes routiers visant à limiter les embouteillages dans la mégapole cairote, mettant en péril et en démolition de nombreux cimetières et tombes de maintes personnalités éminentes, dont Taha Hussein, Yéhia Haqqi, ou Ahmad Lotfi Al-Sayed.
Une bonne idée … mais
Le député Mohamad Farid, en présentant son projet urbain de la Nouvelle Capitale administrative, a donné l’exemple des nécropoles autour du temple de Hatchepsout à Louqsor comme modèle antique ancré dans la civilisation égyptienne, constituant à regrouper de grands hommes ou femmes sous une même nécropole funèbre. Au sein de la même représentation, Farid a clairement mentionné le monument français du Panthéon comme modèle, « comptant comme le cinquième monument parisien visité, avec une fréquentation qui dépasse les 10 millions de visiteurs par an ».
Le professeur Khaled Azab, urbaniste, explique que « sans doute l’idée est appréciée ». Mais il préfère qu’elle soit réservée pour des personnalités, hommes et femmes, de l’époque moderne et des contemporains. Le professeur Azab n’a cité que l’iman Aboul-Fadl Al-Souyouti comme exemple. Ce dernier est l’un des plus grands savants du XVe siècle, et son cadre de vie était lié aux endroits regroupés dans la nécropole précisée en 1978 par l’Unesco, qui a défini le lieu comme la plus ancienne nécropole musulmane depuis le VIIe siècle, et cela rend la situation pour les travaux d’urbanisation de plus en plus délicate.
De même, afficher cette tâche en tant qu’un panthéon, comme en Grèce antique, ou à la parisienne, place la barre architecturale déjà très haute. Le succès de ce projet se dévoilera avec le temps. Il y en aura des exigences et des restrictions stricto sensu. En France, le général Charles de Gaulle se repose au Colombey-les-Deux-Eglises, tandis qu’à la visite des cimetières du Père-Lachaise, vous pouvez croiser les tombes de Guillaume Apollinaire, Honoré de Balzac, Jean-François Champollion, Jean de La Fontaine, Samir Amin ou Jim Morrison.
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