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Interdiction des activités des Frères musulmans

Mardi, 24 septembre 2013

La justice égyptienne a bel et bien interdit les « activités » des Frères musulmans et a ordonné la confiscation des biens de la confrérie.

Frères musulmans
Le siège de la confrérie au Moqattam.

Le jugement du tribunal réuni d’urgence lundi s’applique à la confrérie, qui n’a pas d’existence légale, ainsi qu’à l’Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence de Morsi et accusée de servir de façade à la confrérie.

L’interdiction s’applique aussi à « toute organisation qui en émane ou est financée par eux ». Parmi ces organisations satellites figure notamment le Parti Liberté et justice, bras politique des Frères musulmans, qui pourrait être interdit après avoir confortablement remporté les premières législatives libres fin 2011, quelques mois après la chute de Hosni Moubarak, emporté par une révolte populaire dans le tumulte du Printemps arabe.

La création de ce parti avait été le signe de la sortie de la clandestinité de la confrérie née en 1928 et depuis lors interdite mais tolérée entre des épisodes de violente répression. Ses centaines de milliers de militants, rompus à l’action de terrain, pourraient désormais revenir complètement à cette clandestinité qui a fait leur force durant des décennies.

L’Alliance contre le coup d’Etat, l’organisation pro-Morsi qui anime la contestation contre les nouvelles autorités et appelle régulièrement à manifester pour son retour au pouvoir, pourrait également être visée par la justice.

Ce jugement ouvre la porte à une répression encore plus large du vaste réseau des Frères musulmans, qui inclut notamment les organisations sociales à l’origine des appuis populaires qui ont mené à sa victoire électorale l’an dernier.

Rappelons que les Frères musulmans ont passé l’essentiel de leurs 85 années d’existence dans l’illégalité. Ils ont toutefois pu agir publiquement et former un parti politique en 2011, après la chute de Hosni Moubarak. Ils s’étaient inscrits comme organisation non gouvernementale officielle en mars.

Déjà il y a une semaine, un tribunal gelait les avoirs des principaux dirigeants de l’organisation, dont la plupart sont derrière les barreaux et actuellement jugés pour « incitation au meurtre » ou « meurtre » de manifestants anti-Morsi.

Alors que les nouvelles autorités répètent à l’envi mener une « bataille contre le terrorisme », le texte du jugement, diffusé par l’agence officielle Mena, accuse la confrérie de « s’être drapée dans l’islam pur pour ses activités qui contredisent le véritable islam et violent la loi ». Ce jugement peut faire l’objet d’un appel et une source judiciaire a affirmé qu’il prévoyait la mise en place d’un comité gouvernemental pour gérer la saisie des avoirs de la confrérie, notamment ses biens immobiliers, dont ses nombreux sièges à travers le pays.

Des dirigeants des Frères musulmans, qui peuvent toujours se prévaloir d’une importante base populaire, ont affirmé être prêts à renoncer au retour de Morsi à son poste, à condition d’obtenir la garantie que leurs membres emprisonnés seraient libérés et leurs dirigeants autorisés à poursuivre leurs activités.

Mais les experts estiment que le gouvernement intérimaire semble peu enclin à inclure la confrérie dans la transition qui doit doter l’Egypte d’une nouvelle Constitution et prévoir des élections générales en 2014.

Fin juin, des manifestations sans précédent avaient réclamé le départ de Morsi, accusé d’avoir « islamisé » la Constitution, accaparé tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue. L’armée s’était appuyée sur ces manifestations pour déposer Morsi, toujours détenu au secret par l’institution militaire.

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