Sissi et Biden lors de leur rencontre en juillet dernier en marge du Sommet de Djeddah.
La visite du président américain, Joe Biden, en Egypte pour participer à la COP27 revêt une grande importance dans le cadre des relations égypto-américaines et du partenariat stratégique qui lie les deux pays. Vu les intérêts mutuels, les deux pays ont développé de nombreux mécanismes qui contribuent à contenir les tensions et les différences de positions sur les questions régionales et mondiales et les dossiers bilatéraux. Pour les Etats-Unis, l’Egypte représente une grande importance stratégique à la lumière de son emplacement stratégique dans la région du Moyen-Orient et de la préservation du traité de paix israélo-égyptien. Ce qui sert les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient et rend nécessaires la coordination et la coopération avec l’Egypte en tant qu’un pays-clé de la région, qui joue un rôle de premier plan dans la lutte contre le terrorisme et l’avancement du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Sans oublier l’importance du Canal de Suez en tant que voie navigable pour les navires de guerre américains et le poids politique et économique de l’Egypte qui joue un rôle actif dans les questions régionales.
Pour l’Egypte, les Etats-Unis sont une puissance majeure à l’échelle internationale et ont des intérêts au Moyen-Orient. Ils jouent également un rôle important dans le processus de paix et dans la lutte contre le terrorisme en plus des relations économiques entre les deux pays.
Ainsi, on conçoit comment après la froideur dans les relations bilatérales sous le président Barack Obama, les relations ont connu un important essor sous le mandat de Donald Trump, qui entretenait des liens étroits avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi, a soutenu la position de l’Egypte sur de nombreuses questions et a renforcé la coordination et la coopération entre les deux pays dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
Or, de nouveau, lorsque le président Biden est arrivé au pouvoir au début de 2021, les relations sont redevenues ternes, et aucune communication n’a eu lieu entre les deux présidents pendant cinq mois, jusqu’au déclenchement de la guerre israélienne contre la bande de Gaza en mai dernier. Alors que les Etats-Unis ont été incapables de parvenir à un cessez-le-feu et les efforts internationaux n’ont pas réussi à servir de médiateur entre Israël et le Hamas, l’Egypte a réussi, grâce à son poids et ses relations avec les parties prenantes, à parvenir à un accord de trêve après seulement 11 jours. Une réussite qui a été saluée par le monde et par le président Biden, qui a contacté le président Sissi pour le remercier quant au rôle de l’Egypte. D’ailleurs, le dialogue stratégique égypto-américain a été repris en août dernier. Ce qui confirme que le partenariat stratégique entre les deux pays pousse toujours dans le sens de la coopération et de la coordination bilatérales.
Relations équilibrées
Les relations égypto-américaines sous le président Sissi sont surtout basées sur le respect mutuel, l’égalité et l’indépendance, la diversification et le développement des relations égyptiennes aussi bien avec les Etats-Unis qu’avec les autres acteurs du système international tels que la Russie, la Chine et d’autres. Et ce, dans le cadre de l’équilibre des partenariats et non en remplaçant une partie par une autre ou en prenant parti en faveur d’un Etat contre un autre, mais en adoptant une neutralité positive qui contribue à la maximisation des intérêts égyptiens. Ceci a été illustré par la position de l’Egypte envers la crise russo-ukrainienne lorsqu’elle a refusé de céder aux pressions exercées par le président Biden pour adopter la position américaine et occidentale contre la Russie. En revanche, l’Egypte a opté pour la neutralité positive et la prédominance du langage du dialogue et de la diplomatie en vue de la résolution de la crise. C’est ainsi que la crise russo-ukrainienne a mis en évidence l’importance de l’Egypte et du Moyen-Orient. Le fait qui a incité le président Biden à venir dans la région en juillet dernier et à rencontrer les dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe, ainsi que l’Egypte, l’Iraq et la Jordanie.
C’est dans ce contexte que la visite de Biden en Egypte, en marge du Sommet sur le climat, contribue au renforcement des relations bilatérales dans tous les domaines. Au niveau économique, les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Egypte après l’Union européenne avec des échanges commerciaux de près de 10 milliards de dollars en plus d’importants investissements américains en Egypte. La visite sera l’occasion pour l’Egypte de présenter ses opportunités d’investissement prometteuses, en particulier dans les mégaprojets nationaux, surtout que les Etats-Unis et l’Egypte ont intérêt à promouvoir la coopération économique et commerciale conjointe pour relancer l’économie après la pandémie du Covid-19 et la crise économique mondiale provoquée par la guerre russo-ukrainienne.
La visite contribue également à renforcer la coordination égypto-américaine sur la relance du processus de paix afin que les Etats-Unis jouent un rôle plus actif. Et ce, en faisant pression sur Israël pour arrêter la construction des colonies et faire des concessions pour instaurer un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale sur les frontières de 1967, dans le cadre de la solution des deux-Etats.
La visite renforce aussi la coopération égypto-américaine dans le domaine de la lutte contre le changement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’expansion de l’économie verte, ainsi que la nécessité pour les pays riches, dont les Etats-Unis, d’aider les pays en développement à faire face aux effets du changement climatique et de leur fournir les technologies dans le domaine de l’énergie propre.
*Expert en relations internationales et affaires américaines
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