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Sable noir : La nouvelle mine d’or de l’Egypte

May Al-Maghrabi , Mercredi, 26 octobre 2022

Le coup d’envoi a été donné au premier complexe industriel de concentration et de séparation des métaux lourds extraits du sable noir. Un projet pionnier qui, outre les revenus qu’il peut générer, a de multiples avantages industriels et écologiques.

Sable noir : La nouvelle mine d’or de l’Egypte
« Le complexe de sable noir de Borollos est le plus moderne à l’échelle mondiale utilisant une technologie minière de pointe  », selon le communiqué de la présidence.

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a inauguré cette semaine le premier complexe égyptien de concentration et de séparation des métaux lourds extraits du sable noir dans la ville de Borollos, au gouvernorat de Kafr Al-Cheikh. Le sable noir, un trésor négligé depuis plus de 90 ans, renfermant plus de 41 minéraux précieux et vitaux pour maintes industries, sera enfin exploité grâce à ce projet pionnier qu’a initié le président Sissi, et aujourd’hui il voit le jour (voir sous-encadré). Le projet écologique, d’un montant de 4 milliards de L.E., vise à réduire les importations de métaux économiques extraits du sable noir, exporter les excédents vers les marchés mondiaux et localiser les industries technologiques de pointe. «  Ce complexe est le point de départ pour l’usage optimal de nos ressources. Les études de faisabilité ont assuré la présence des grandes réserves de sable noir et la hausse accrue de la demande mondiale sur les métaux extraits », a déclaré le président Sissi lors de la cérémonie d’inauguration, invitant le secteur privé à participer aux projets du sable noir. Le complexe de Borollos est exécuté par la Société égyptienne de sable noir, qui regroupe l’Autorité nationale des projets de service des forces armées (NSPO), l’Autorité des matières nucléaires, le gouvernorat de Kafr Al-Cheikh, la Société égyptienne pour la richesse minière et la Banque nationale d’investissement.

Le directeur général de la NSPO, le général Walid Aboul-Magd, a expliqué que les métaux extraits du sable noir serviront les industries vitales (voir fiche). « L’Egypte envisage d’extraire environ 76 millions de tonnes de métaux et il est prévu que les revenus atteignent quelque 100 millions de dollars, ce qui permettra d’économiser jusqu’à 50 millions de dollars payés pour les importations des métaux », a-t-il indiqué.

L’Egypte, plus grande réserve de sable noir au monde

Les études ont dévoilé que l’Egypte dispose d’une énorme quantité de sable noir dans 11 sites s’étalant sur une superficie de 400 km dont le gouvernorat de Kafr Al-Cheikh qui contient, à lui seul, environ 250 millions de tonnes de sable noir et une autre réserve équivalant à 200 milliards de m3, avec la plus grande concentration de minéraux économiques. Ce qui fait de l’Egypte la plus grande réserve de sable noir au monde.

Aujourd’hui, le rêve se concrétise avec l’entrée en service du complexe de Borollos qui s’étend sur 80 feddans et qui comprend 6 usines pour séparer les minéraux du sable noir.

La drague flottante électrique écologique « Tahya Misr », fabriquée en Hollande, réalisera la première phase d’exploitation minière du projet avec une capacité de production de 2500 tonnes par heure. Elle transférera du sable noir à l’usine flottante de concentration de Borollos, dont la capacité de production est estimée à 600000 tonnes. Des sites de sable noir ont été implantés à Kafr Al-Cheikh dont le premier est à l’est de Borollos, avec une expérience égypto-australienne, et le second site est au nord de la route internationale avec une expertise égypto-chinoise.

Pour ce qui est de la sécurité des travailleurs dans le complexe, Hamed Mira, président de l’Autorité des substances nucléaires, a rassuré que « les travailleurs sont hautement surveillés et engagés à un nombre spécifié d’heures de travail pour s’assurer qu’ils ne soient pas affectés par les radiations. De plus, la monazite et le zircon radioactifs sont conservés dans des emballages spéciaux pour éviter les fuites radioactives », notant surtout qu’il s’agit d’un projet écologique qui ne produit aucune émission de carbone.

Responsables et experts soulignent la rentabilité économique, industrielle et technologique de ce projet pour extraire des minéraux du sable noir qui sont très importants dans plusieurs industries. « Les revenus du seul complexe de Borollos sont estimés à environ 6 milliards de dollars. 5000 emplois directs et indirects seront créés », indique le général Magdi Al-Tawil, PDG de la Société égyptienne du sable noir.

Ali Al-Idrissi, professeur d’économie à l’Académie arabe du transport maritime, affirme que le projet permettra à l’Egypte d’augmenter ses exportations et ses ressources en devises étrangères, de devenir une partie de l’industrie mondiale des sables minéraux et de créer des offres d’emploi. Selon la Société égyptienne de sable, les ressources exploitables nettes du projet sont de 238,5 millions de tonnes avec une concentration moyenne de métaux lourds de 3,39%, suffisante pour fonctionner pendant environ 16 ans à un taux d’exploitation de 15 millions de tonnes par an, et la production de la société représentera environ 3 à 5% de la production mondiale. « Des chiffres mettant en relief l’ampleur et l’importance de ce mégaprojet. On envisage d’atteindre 100 millions de dollars d’exportations des minéraux, ce qui augmentera les ressources du pays en devises étrangères, surtout à la lumière des répercussions de la crise économique que connaît le monde et qui a fait grimper les prix des matières premières », estime Al-Idrissi, ajoutant que la localisation de l’industrie nécessitait d’assurer une autosuffisance en matières premières.

Sur un autre volet, l’expert géologique Abdallah Allam Abdo estime que le projet a une dimension environnementale importante. « Il permet de réduire l’exposition de la côte aux minéraux radiologiques et de réduire les émissions. Ce qui le place parmi les grands projets nationaux de l’économie verte », affirme Abdo. Selon une recherche qu’il a effectuée à l’Université de Kafr Al-Cheikh, l’expert indique que « le projet contribuera aussi à empêcher l’empiètement des dunes de sable sur les villages, les fermes et la route internationale d’autant plus qu’il éliminera gratuitement les risques liés aux radiations émises par les métaux existant dans le sable noir », saluant un projet qui marque à tous les niveaux un tournant à l’avenir de l’Egypte.

Fiche :

Les plus importants minéraux extraits du sable noir et leurs usages

Zircon : Il entre dans la fabrication de céramiques, d’isolants, des prothèses dentaires, ainsi que dans l’extraction de zirconium, utilisé dans la fabrication des enveloppes de combustible nucléaire.

Monazite radioactive : Elle est utilisée dans les industries électroniques. Possible matériau de stockage de déchets radioactifs.

Uranium : Il est utilisé pour le combustible nucléaire.

Ilménite et rutile : Entrent dans la fabrication des corps d’avions, des missiles, des sous-marins et des satellites.

Magnétite métallique : Entre dans la fabrication de fer spongieux et d’emballages d’oléoducs de fer et de béton résistant aux hautes températures.

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