Mardi, 14 janvier 2025
Al-Ahram Hebdo > Egypte >

Extrémisme religieux : S’attaquer aux racines du mal

May Al-Maghrabi , Mercredi, 15 juin 2022

Organisée du 7 au 9 juin au Caire, la première conférence internationale sur le terrorisme a réuni des représentants de 42 pays. Objectif: contrer l’idéologie extrémiste.

Extrémisme religieux : S’attaquer aux racines du mal

« Extrémisme religieux: idéologies et moyens de lutte ». C’est sous ce titre que s’est tenue, du 7 au 9 juin au Caire, la première conférence internationale sur le terrorisme organisée par le Centre Salam pour les recherches sur l’extrémisme relevant de Dar Al-Iftaa. L’événement, qui a eu lieu sous les auspices du premier ministre, Moustapha Madbouli, a réuni des participants de 42 pays dont les Etats-Unis, l’Allemagne, Singapour, l’Algérie, la Tunisie ainsi que des représentants des Nations-Unies, de la Commission européenne et de la Ligue arabe. Des ministres, des hommes de religion et des intellectuels ont décrypté durant les trois jours de la conférence les moyens de contrer l’idéologie extrémiste. Plusieurs séminaires ont eu lieu sur la prévention du terrorisme. Par ailleurs, le Centre Salam a lancé sa bibliothèque électronique sur l’extrémisme. Elle devient la principale référence sur l’extrémisme. Moustapha Madbouli a souligné dans son discours, prononcé par le ministre des Waqfs, que la lutte contre l’idéologie extrémiste nécessite une grande coopération pour répandre la culture de la paix, tout en resserrant l’étau autour des groupes terroristes. « La lutte idéologique contre le terrorisme et l’extrémisme est une priorité pour l’Egypte. Notre but est de démanteler les fausses idées utilisées par les terroristes », a dit Madbouli. Pour sa part, le mufti de la République, Chawqi Allam, a affirmé que cette conférence « doit être l’occasion pour les pays participants de renforcer leur coopération et de former des cadres capables de sensibiliser les populations aux dangers de l’extrémisme ».

Expérience réussie

L’expert sécuritaire, le colonel Khaled Okacha, président du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, qui a animé un atelier dans le cadre de la conférence sur l’expérience égyptienne en matière de lutte contre le terrorisme, explique qu’il s’agit du plus grand rassemblement de responsables, spécialistes, et hommes de religion pour échanger les expériences sur l’idéologie extrémiste. « Le terrorisme en Egypte et dans le monde arabe a perdu du terrain depuis 2016. En Egypte, la campagne militaire globale antiterroriste Sinaï 2018 a réalisé de grandes réussites », souligne Okacha. Le directeur exécutif du Centre des Nations-Unies pour la lutte contre le terrorisme, Jehangir Khan, a salué, pour sa part, les initiatives du Caire dont l’élaboration de la stratégie arabe de lutte contre le terrorisme, approuvée par les ministres arabes de l’Intérieur en mars 2022, qui a alerté le monde entier à l’importance d’adopter des stratégies collectives de lutte contre ce phénomène.

L’arme de la prévention

Des progrès ont été faits dans la lutte contre le terrorisme certes, mais celui-ci constitue toujours une menace, affirme Ahmed Ban, spécialiste des mouvements terroristes. « Le terrorisme et les conflits armés restent un sérieux défi pour tous les pays du monde. L’organisation terroriste Daech tente aujourd’hui d’exploiter le contexte social et économique difficile ainsi que les tensions politiques pour réorganiser ses rangs », prévient Ban. Il pense que si la confrontation sécuritaire était il y a quelques années importante, aujourd’hui, la lutte se situe plutôt sur le terrain idéologique. Contrer la radicalisation est donc la clé pour gagner la bataille contre le terrorisme. « Il ne faut pas minimiser le danger du substrat idéologique qui nourrit le terrorisme. Parallèlement à la confrontation sécuritaire, il faut saper les fondements de l’idéologie extrémiste », pense Ban. Une tâche qui, selon lui, doit impliquer différentes parties dont les institutions religieuses et pédagogiques « qui doivent enraciner les principes de modération religieuse et de citoyenneté ». « La violence commence par une idée. Les groupes extrémistes ont recours à des mécanismes et des techniques psychologiques, médiatiques et technologiques pour isoler les jeunes et les endoctriner. En s’attaquant à ces tentatives au moyen de programmes de sensibilisation, d’intégration à la vie politique et de développement, on peut éviter à ce que ces jeunes soient leurrés par les groupes terroristes », explique Ban, souhaitant que cette conférence soit le point de départ d’un travail collectif pour faire face à l’idéologie extrémiste.

Recommandations de la conférence

— Création d’une plateforme électronique commune permettant aux centres de recherches sur l’extrémisme et le terrorisme de publier leurs travaux.

— Doter les institutions religieuses d’outils numériques pour leur permettre de parvenir au plus grand nombre.

— Promouvoir les stratégies de lutte antiterroriste en prenant en compte l’évolution des groupes terroristes.

— Restreindre les fatwas et lutter contre tout discours religieux qui incite à la haine.

— Intégrer les jeunes aux stratégies de lutte contre le terrorisme.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique