Al-Ahram Hebdo : L’Alliance nationale pour le travail communautaire vient d’être créée. De quoi s’agit-il exactement ?
Talaat Abdel-Qawi: Il s’agit d’une union qui compte jusqu’à présent 24 ONG, l’Union générale des ONG et l’initiative Hayah Karima (Vie décente). L’objectif de cette alliance est de travailler de manière plus organisée et d’échanger les expériences et les informations, ce qui permettrait de lancer des activités sociales et des projets nationaux plus importants qui auront très rapidement leurs échos sur la société dans la période à venir. C’est une transition radicale au niveau du travail communautaire. Le travail communautaire sera dorénavant beaucoup plus organisé à travers une base de données incluant toutes les ONG, leurs activités et également toutes les villes et tous les villages dans les gouvernorats et leurs besoins les plus urgents, ainsi que les genres de services qui manquent. Par exemple, les ONG travaillant dans le domaine de l’éducation devront présenter leurs services dans les villages qui manquent d’écoles ou de classes d’apprentissage. Ceci créera une réelle transition dans le travail des ONG qui, jusque-là, travaillent de manière plutôt aléatoire et par conséquent, les services restent absents dans certaines régions oubliées.
— Comment l’Alliance nationale pour le travail communautaire participera-t-elle au dialogue national global lancé par le président de la République ?
— Ce dialogue national n’est pas destiné seulement aux forces politiques, mais également aux forces sociales, à la jeunesse, aux femmes et d’autres. Donc, la présence des 24 plus grandes ONG en plus de l’Union générale, dont le travail est principalement lié à la société, est une nécessité. L’union travaille actuellement sur la mise en place d’un agenda et le lancement d’un dialogue interne pour définir les dossiers qui seront traités, notamment le soutien au travail communautaire, l’explosion démographique et autres.
— Comment les ONG en Egypte participent-elles concrètement au travail social? Et quelles sont leurs sources de financement ?
— Les ONG participent au travail social, soit via les initiatives gouvernementales et présidentielles, notamment Vie décente, soit en lançant leurs propres projets de développement social, telle la création d’écoles, d’hôpitaux, d’usines, de bibliothèques, etc. Les ONG se chargent d’environ 30% des services sanitaires caritatifs. Elles sont financées principalement à travers les dons ou parfois à travers les participations financières des organisations. Les procédures de financement et de donation sont supervisées par la loi et les ministères concernés.
— Des députés au Sénat ont appelé à l’imposition de nouvelles restrictions sur le travail des ONG, surtout pour contrôler les dons. Qu’en pensez-vous ?
— Je suis tout à fait contre l’imposition de restrictions sur les ONG, car ces restrictions ne font qu’entraver leurs objectifs et leur travail. Le président de la République a déclaré 2022 comme année de la société civile, ce qui reflète l’intérêt accordé par l’Etat au travail communautaire. Il faut savoir que le nombre d’ONG en Egypte n’est pas proportionnel à la population. Ainsi, les 6 milliards de L.E. de dons versés chaque année aux ONG restent modestes par rapport aux besoins de la société. Surtout que presque 20% de ces sommes collectées sont alloués aux salaires des personnes travaillant dans les projets. Le reste est versé aux projets. Plutôt que de penser à imposer des restrictions, il faut durcir les sanctions. Ainsi, toute ONG ne respectant pas les lois ou menaçant la sécurité nationale doit être sanctionnée.
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