Le président Sissi a réitéré la position constante de l’Egypte fondée sur un règlement juste et global de la cause palestinienne.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, le 16 avril, une délégation du Congrès américain sous la direction du sénateur Richard Shelby et en présence du ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri. Au cours des entretiens, le président Sissi a souligné l’importance pour l’Egypte d’être en contact permanent avec le Congrès américain. Les deux parties ont convenu de renforcer des relations bilatérales dans de nombreux domaines, notamment sur les plans politique, militaire et économique. Outre les relations bilatérales, la cause palestinienne s’est imposée sur l’agenda de la rencontre. Le président Sissi a affirmé que la position de l’Egypte à l’égard de la cause palestinienne demeure inchangée, soulignant qu’il est indispensable de parvenir à un règlement juste et global du conflit israélo-palestinien de manière à garantir les droits du peuple palestinien et de permettre une cohabitation et une coopération entre les peuples de la région. Depuis trois semaines, l’Esplanade des mosquées à Jérusalem-est est le théâtre d’affrontements sanglants entre des manifestants palestiniens et les forces israéliennes. Des affrontements dénoncés par l’Egypte, qui a condamné dans un communiqué l’assaut lancé par les forces israéliennes sur la mosquée d’Al-Aqsa après la prière du vendredi et les violences qui ont suivi contre les fidèles palestiniens, au cours desquelles plus de 160 Palestiniens ont été blessés. Pour sa part, la délégation américaine a fait état du vif intérêt accordé par les Etats-Unis aux relations avec l’Egypte. La délégation du Congrès a salué le rôle « fondamental de l’Egypte dans le maintien de la sécurité et de la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde arabe » et a affirmé que l’Egypte est un « partenaire axial des Etats-Unis dans la région ». La délégation a par ailleurs loué le rôle de l’Egypte dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et ses efforts en matière de développement global.
Empêcher l’escalade
Le politologue Ahmed Sayed Ahmed, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique que la visite de la délégation du Congrès en Egypte s’inscrit dans le cadre du mécanisme de consultation entre l’Egypte et les décideurs américains. Avec les troubles dans la région, la cause palestinienne et la guerre russo-ukrainienne se sont imposées sur l’agenda de la visite. Pour le politologue, les Etats-Unis sont conscients du rôle fondamental que joue l’Egypte en tant que médiateur dans la crise israélo-palestinienne. D’ailleurs, explique-t-il, selon certaines informations, une délégation sécuritaire égyptienne s’est effectivement rendue à Tel-Aviv et en Palestine pour tenter d’empêcher l’escalade de la violence. « Les Palestiniens aussi bien que les Israéliens comptent sur la médiation égyptienne. Les Palestiniens ont toujours considéré l’Egypte comme le principal médiateur entre eux et les Israéliens. Israël a aussi besoin d’un médiateur comme l’Egypte pour ramener le calme dans les territoires. Il faut savoir qu’Israël considère le Hamas comme un mouvement terroriste avec qui il ne dialogue pas directement. L’Egypte avait déjà réussi à instaurer une trêve entre Israéliens et Palestiniens en septembre dernier. D’autre part, Tel-Aviv craint que les accords de normalisation récemment conclus avec plusieurs pays arabes ne soient compromis si les confrontations avec les Palestiniens continuent », explique-t-il.
Un avis partagé par la spécialiste des affaires internationales Mona Salman qui explique que l’autre volet de la visite est lié à la crise russo-ukrainienne. « Cette visite est une tentative des Etats-Unis de rallier l’opinion mondiale contre l’intervention militaire russe. Surtout que l’Egypte, comme la majorité des pays arabes, est restée neutre dans cette crise. L’Egypte a des intérêts avec la Russie aussi bien qu’avec l’Ukraine dans divers domaines comme l’alimentation, l’armement et autres. C’est dans ce contexte que l’Egypte, via le groupe de liaison de la Ligue arabe, a proposé de jouer un rôle de médiateur pour tenter de mettre fin à cette crise », conclut Salman.
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