Al-Ahram Hebdo : L’Ethiopie a annoncé que le barrage de la Renaissance produit désormais de l’électricité. Est-ce techniquement possible ?
Nader Noureddine : Il n’y a eu, à mon avis, aucune production d’électricité. C’est tout simplement de la propagande de la part du gouvernement éthiopien qui voulait fêter l’installation de la première turbine. Il n’y a aucune preuve que la production électrique a commencé. Aucune photo ne montre la chute des eaux sur les turbines. Ni la centrale électrique n’a été construite jusqu’à présent, ni le réseau électrique qui permettra l’acheminement de l’électricité. L’Ethiopie a encore besoin de 2,5 milliards de dollars pour achever ces infrastructures.
— Pourquoi donc l’Ethiopie a-t-elle fait cette annonce ? S’agit-il seulement de propagande ?
— Comme d’habitude, il s’agit d’un jeu politique à travers lequel Addis-Abeba essaye de gagner l’opinion publique, surtout avec le conflit au Tigré qui a fait de gros dégâts. Bien que la construction du barrage de la Renaissance ait coûté de grosses sommes d’argent, ce projet n’a concrètement réalisé aucun des objectifs promis au peuple éthiopien en matière de production électrique.
— Si le barrage n’a aucun effet palpable, comment expliquez-vous les réactions de l’Egypte et du Soudan ?
— L’Egypte et le Soudan ne sont pas contre le projet de développement éthiopien, mais contre la politique du fait accompli suivie par Addis-Abeba. Le Caire et Khartoum exigent un accord qui réalisera le développement souhaité par Addis-Abeba sans porter atteinte à leurs parts dans les eaux du Nil. Par contre, accepter le fait accompli revient à encourager l’Ethiopie à ériger des projets futurs sans prendre en considération les intérêts des pays en aval, causant ainsi des conflits qui menacent la paix et la sécurité de la région.
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