L’écrivain et journaliste Bilal Fadl, fervent opposant au régime des Frères musulmans, signe dans le quotidien Al-Shorouk un article virulent à l’égard de ce qu’il a appelé « Mon Commandant, mon Général, mon Maréchal, Notre Père qui est dans toutes les sortes d’organismes sensibles … ». Il prévient contre la politique de la poigne de fer qui ne réussira pas, selon lui, à mater une génération qui ferme les yeux actuellement en attendant de voir où iront les choses. « Vous ne réalisez pas ce que Vous avez fait dans ce pays ? L’Histoire si Vous l’avez oubliée est qu’une confrérie incompétente est arrivée au pouvoir et a manqué à ses engagements. Elle s’est alliée avec Vous et a cru qu’elle achèterait Votre bénédiction en Vous laissant Vos avantages. Cette confrérie a été en deçà de la responsabilité et il était normal qu’elle échoue et que le peuple la vomisse demandant des élections prématurées. Vous avez bien surexploité le nombre monstrueux d’âneries faites par les Frères, Vous avez exploité tous leurs crimes dont le discours contre les coptes, les armes durant le sit-in … Et au lieu de faire les finitions comme il se doit pour la première fois de Votre vie, Vous avez décidé de donner à la confrérie le baiser de la vie pour qu’elle vive dans le rôle de la victime et qu’elle renaisse de ses cendres comme cela s’est produit en 1954 et 1965. Surtout qu’elle trouvera, grâce à Votre politique, des gens pour sympathiser avec elle encore une fois pas par amour mais par refus de céder leur postérieur encore une fois à la gégène de Vos hommes dans les lieux de détention de la sûreté ».
Boule de neige et déclin !
Quant à l’autre protagoniste de la bataille en cours actuellement en Egypte, à savoir la confrérie des Frères musulmans, le journaliste et auteur Ibrahim Eissa la dissèque pour la énième fois dans un article paru dans Al-Dostour en ligne et dans le quotidien Al-Tahrir, dont le site a été piraté par les pro-Morsi vendredi dernier. « Les Frères réalisent-ils ce qui s’est passé ce vendredi durant leurs manifestations ? Assurément pas. Leurs manifestations ont été faibles et ont illustré la perte du pouvoir de mobilisation de la confrérie en chute libre face à un peuple qui la maudit. Le Frère musulman est un être malade qui ne croit pas à la réalité, mais à ce que lui dit la confrérie. C’est la vérité que tout le monde fuit. Il n’est plus citoyen mais Frère. C’est un danger pour la société. Et le malheur est que ces gens-là sont nos voisins, nos parents et nos connaissances … ».
« Une boule de neige qui est en train de se former ». Voilà ce que pense, par contre, le rédacteur en chef du journal Al-Masriyoune, considéré comme pro-salafiste, des manifestations des Frères musulmans depuis deux semaines. « Ce qui est dangereux cette fois-ci c’est que des forces politiques nouvelles sont descendues dans la rue, comme le mouvement Al-Ahrar qui est un mouvement opposé aux Frères musulmans et également aux militaires … ou comme des éléments du courant libéral ou de gauche. Et je crois que les autorités sécuritaires ont noté cela ». Dans cet article qu’il a intitulé « Al-Sissi a-t-il perdu le pari ? », l’auteur juge que Al-Sissi, au départ bien intentionné, a fini par céder à l’aile dure de l’armée qui opte pour le tout sécuritaire « considérant que la crise se limite aux Frères musulmans ». « Or, il (Al-Sissi) ne réalise pas que quelque chose a changé en Egypte et que l’être a lui-même changé dans ses ambitions, son énergie et son insistance. C’est une vague de violence qui atteint tout le monde et le régime Moubarak est de retour avec toutes ses caractéristiques ».
Un oiseau dans la tourmente du complot
Dans Al-Masry Al-Youm, l’éditorialiste, qui signe sous le pseudonyme Newton, soulève une autre question qui fait fureur en ce moment à tort et à raison : la théorie du complot. « Je ne défends pas les Etats-Unis. Ils ont une machine pour répandre leurs idées et ils souffrent actuellement d’une administration idiote. Ce que je défends c’est la logique. Chaque Etat a ses propres plans, et il est normal que chaque partie ait ses plans. Les sociétés ont leurs plans, les partis, etc. Et le fait que le plan soit secret ne veut pas dire que ce soit automatiquement un complot. Les complots existent et les plans aussi. Et chaque complot peut être déjoué. L’important c’est que tu aies toi un plan et pas seulement des lamentations à propos des plans des autres ».
Et on ne peut conclure ce sujet de complot sans un mot sur l’oiseau espion qui a été attrapé par un pêcheur avec un appareil accroché à son aile. Après des palabres dans la presse sur la nature de l’oiseau : pigeon, canard, oie, on a fini par découvrir qu’il s’agit d’une cigogne. Donc, la pauvre cigogne a été remise aux autorités qui ont ouvert une enquête et l’ont placée derrière les barreaux dans le vrai sens du mot ! Le quotidien Al-Watan a publié lundi très sérieusement que « la cigogne allait être relâchée dans deux jours après qu’on eut vérifié que l’appareil en question sert à suivre le mouvement migratoire des oiseaux, qu’une délégation des droits des animaux avait rendu visite à l’oiseau et s’est assurée qu’il allait bien ». Pourquoi deux jours ? Rien n’a été dit sur cela, à part que les autorités ont peut-être voulu appliquer la loi à la lettre, à savoir les quatre jours de détention provisoire .
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