Al-Ahram Hebdo : Le premier ministre éthiopien a déclaré que le barrage de la Renaissance était bénéfique pour l’Egypte et le Soudan, appelant à adopter un « discours coopératif ». S’agit-il d’un changement de ton ?
Salah Halima : A première vue, la déclaration semble mettre l’accent sur la coopération entre les trois pays, mais à la lecture détaillée du communiqué, on constate que le ton éthiopien impose toujours la vision du fait accompli. Cette déclaration n’est rien d’autre qu’une nouvelle tergiversation éthiopienne due aux pressions de la communauté internationale accrues sur l’Ethiopie, suite à la détérioration de la situation politique et économique à cause de la guerre au Tigré. La preuve, pourquoi l’Ethiopie n’a-t-elle pas appelé directement à la reprise des négociations pour parvenir à un accord ?
— Malgré l’intransigeance éthiopienne, l’Egypte réitère son intérêt à reprendre les négociations sur le barrage. Comment expliquez-vous cette position ?
— L’Egypte s’engage à poursuivre les négociations jusqu’à épuiser tous les moyens pacifiques pour résoudre ce conflit. Son action diplomatique se poursuit et elle réitère son appel à parvenir à un accord juridique équitable et contraignant à toute occasion, notamment lors des récentes visites de l’envoyé spécial américain dans la Corne de l’Afrique ou la visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi aux Emirats, ou de la visite du président sénégalais. Cette position sera également abordée aux prochains sommets arabes ou encore au sommet de l’Union Africaine (UA), prévu dans quelques semaines. Il semble que cette action diplomatique ne sera pas vaine, puisque des rumeurs courent que l’Algérie a préparé un projet d’accord satisfaisant pour les trois parties, qui sera bientôt dévoilé. Donc une percée serait possible très bientôt.
— Pensez-vous que la présidence du Sénégal à la tête de l’UA soit en mesure de faire avancer le dossier ?
— Oui très probablement. Le Sénégal a une expérience réussie en tant que pays riverain sur un fleuve international, qui a pu parvenir lors d’un lancement d’un projet semblable à un accord avec ses voisins, tenant compte de l’intérêt des pays riverains et respectant le droit et les conventions internationaux. Une expérience réussie que le Sénégal peut transmettre en tant que président de l’UA et pays médiateur dans la résolution de ce conflit .
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