Le Premier ministre, Hazem Al-Beblawi, lors d'une rencontre avec une délégation émiratie. Au centre des discussions : la coopération bilatérale.
26 milliards de dollars. C’est la somme des aides arabes versées à l’Egypte depuis le 25 janvier 2011. 14 milliards ont été versés jusqu’au 30 juin par divers pays arabes, et 12 milliards viennent d’être accordés après la destitution de Morsi, par l’Arabie saoudite (5 milliards), les Emirats arabes unis (3 milliards) et le Koweït (4 milliards).
Jouissant de relations étroites avec ces pays, l’Egypte compte énormément sur leurs aides depuis l’époque de Sadate et sous le régime du président déchu Moubarak. Après la révolution, ces aides se sont poursuivies bien que les dirigeants y soient hostiles. Elles sont directement octroyées au gouvernement et versées sous plusieurs formes : des produits pétroliers et de gaz, (2 milliards par l’Arabie saoudite et un milliard par le Koweït), des dépôts sans intérêt auprès de la Banque Centrale (2 milliards par l’Arabie saoudite, 2 milliards par les Emirats et 2 milliards par le Koweït) ainsi que des donations (un milliard par chacun des 3 pays). Ces dons devraient être investis, selon le ministre des Finances, Ahmad Galal, dans « l’installation de projets du développement à long et à court termes ». « Le réaménagement des infrastructures, notamment les centrales d’électricité et d'eau potable, les chemins de fer et les télécommunications, et pour rembourser une partie des dettes internes et étrangères », ajoute-t-il.
Quant au domaine militaire, il n’est pas concerné par ces aides arabes. Celles-ci ont uniquement contribué à rétablir l’économie et les services. « Ces dépôts auprès de la Banque Centrale soutiennent les réserves en dollars. Les réserves ont atteint le mois dernier 14,9 milliards de dollars, un montant qui n’assure les besoins du pays que pendant 3 mois. Outre cela, les dépôts ont aussi influé sur le taux de change de la livre égyptienne, qui a progressé face au dollar — passé à 7,15 contre 7,50 L.E. pour un dollar — et ont fait chuter le taux d’inflation de 10 à 9 %, sans compter les bénéfices réalisés par la Bourse durant les deux dernières semaines », explique l’ancien conseiller du Fonds monétaire international, Fakhri Al-Fiqi, qui salue chaleureusement ce genre d’assistance, car elle ne constitue plus de fardeau sur l’Etat. « L’aide ne sera pas considérée comme une dette extérieure. De plus, elle diffère de celles obtenues de Turquie, de Libye, du Qatar sous Morsi, qui devraient être remboursées dans un délai de cinq ans avec un taux d’intérêt de 3 % », affirme-t-il.
Le Qatar, considéré comme le principal soutien de l’Egypte durant l’année présidentielle de Morsi, a octroyé au pays 5 milliards de dollars annuels qui sont venus s’ajouter à l’achat d’obligations égyptiennes pour 3 milliards de dollars. De même, la Turquie, dont les relations sont devenues plus étroites sous Morsi, avait octroyé un prêt d’un milliard de dollars, pour promouvoir différents secteurs (santé, culture, agriculture, transport, aviation civile et préservation du patrimoine islamique). « Aujourd’hui, ces deux pays sont dans une position délicate. Bien qu’officiellement, ils annoncent leur volonté de poursuivre leur soutien à l’Egypte, il est peu probable que ces aides gardent leur ampleur. Dans ce contexte, les aides d’autres pays du Golfe seront très bénéfiques pour compenser largement la perte éventuelle des milliards qatari », estiment les observateurs.
Projets ferroviaires, agricoles ...
Au niveau non gouvernemental, plusieurs fonds arabes participent aussi au développement socioéconomique de l’Egypte depuis la révolution du 25 janvier 2011. Parmi ces fonds s’inscrivent le Fonds koweïtien et le Fonds émirati pour le développement, qui participent notamment à l’installation des projets ferroviaires, agricoles, industriels, éducatifs, de santé ainsi que des projets d’infrastructures. De même, le Fonds saoudien pour le développement avait annoncé en 2011 avoir débloqué une somme de 750 millions de dollars, en guise de prêts simples, pour réaménager les secteurs détériorés. Il a également déposé 200 millions de dollars en crédit renouvelable dans un compte bancaire pour soutenir les petites et moyennes entreprises égyptiennes.
Pour sa part, le Fonds arabe de développement économique et social, créé en 1980 pour financer des projets dans les pays en voie de développement, a aussi octroyé à l’Egypte une aide de 15 millions de dollars. Cette somme est versée directement aux ONG concernées pour reprendre le développement dans le pays. Ces Fonds accordent des prêts avec facilités de remboursement, dans le cadre du système d’action arabe commune qui leur permet de contrôler la gestion des projets lancés et de superviser leur mise en oeuvre. Des aides multiples et sous diverses formes. « Il est donc inévitable pour le gouvernement de profiter de cette occasion pour lancer une réforme économique bien étudiée pour sortir de l’impasse actuelle », conclut Al-Fiqi.
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