Intellectuel, politicien socialiste et ancien vice-président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), Abdel-Ghaffar Choukr est décédé dimanche 31 octobre à l’âge de 85 ans des suites d’une longue maladie. « Nous avons perdu une stature nationale qui a consacré sa vie à la défense des droits de l’homme et des libertés », a déploré, dans un communiqué, le CNDH, dont Choukr était vice-président de 2012 à octobre 2021.
Né en mai 1936 dans un village de Daqahliya au Delta du Nil, Choukr est diplômé de la faculté des lettres de l’Université du Caire en 1958. Fils d’un maire de village qui soutenait le parti libéral d’Al-Wafd, Choukr a commencé sa carrière politique et son activisme à l’âge de 17 ans lorsqu’il a rejoint l’Organisme de libération en 1953, fondé par les Officiers libres après la Révolution de 1952 pour remplacer les partis politiques. En 1958, il adhère à l’Union nationale, fondée par le défunt président Gamal Abdel-Nasser, remplaçant l’Organisme de libération. Puis en 1963, il rejoint l’Union socialiste, également fondée par Abdel-Nasser en 1962 en tant qu’organisation unifiée qui mènera la vie politique égyptienne jusqu’à sa mort en 1970. Il était membre du bureau politique du parti de gauche Al-Tagammoe, fondé en 1976, lorsque le défunt président Anouar Al-Sadate a rétabli un système politique multipartite. Après la Révolution de 2011, il a quitté le parti d’Al-Tagammoe pour fonder et diriger le parti de l’Alliance populaire socialiste. Il a été, par ailleurs, vice-président du Centre des études arabes et africaines.
Ses engagements politiques n’ont pas influencé sa carrière d’écrivain et de chercheur politique défendant le socialisme. Choukr s’est consacré à l’étude de l’évolution de la démocratie et de la société civile au monde arabe, des expériences des partis politiques, du développement social, ainsi que de la mondialisation et du capitalisme et leurs impacts sur le monde arabe. Parmi ses ouvrages figurent Les Coalitions politiques en Egypte, Le Renouvellement du mouvement progressiste égyptien, La Société civile et son rôle dans l’instauration de la démocratie, Horizons socialistes et La Nouvelle gauche.
Hommes de gauche comme de droite regrettent la mort d’un militant qui a consacré sa vie à la défense des droits de l’homme et des libertés, dont les positions contre certains régimes n’ont jamais affecté son patriotisme.
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