Selon les ministres du Logement
et de l’Irrigation, la coopération est la seule garantie de la durabilité des ressources hydriques.
C’est sous le thème « L’eau au service du développement durable » que le 5e Forum arabe de l’eau s’est tenu à Dubaï du 21 au 23 septembre sous l’égide de la Ligue arabe. 25 ministres de 22 pays arabes, 600 experts et des représentants des secteurs public et privé ont discuté de la pénurie d’eau dans le monde arabe et des solutions pour y faire face.
L’Egypte, présente au forum par le biais de ses ministres de l’Irrigation, Mohamad Abdel-Ati, et du Logement, Assem Al-Gazzar, a appelé à une coopération régionale pour faire face au problème de l’eau. Le Caire, qui craint que la construction du barrage éthiopien de la Renaissance ne réduise sa part dans les eaux du Nil, a appelé à une meilleure gestion des ressources en eau. « Il faut gérer les bassins fluviaux internationaux conformément aux lois internationales », a souligné Mohamad Abdel-Ati, pour qui la coopération entre les pays riverains est le seul moyen de garantir la durabilité des ressources hydriques. Mahmoud Abou-Zeid, président du Conseil arabe de l’eau et ancien ministre de l’Irrigation, a tiré lui aussi la sonnette d’alarme. « Les pressions exercées par les pays en amont sur les eaux transfrontalières menacent la paix régionale, où près de 65% des ressources en eau renouvelables proviennent de l’extérieur des frontières de la région arabe », a-t-il déclaré.
Les participants au forum ont décidé de rédiger un rapport en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour évaluer les stratégies et les initiatives dans le domaine de l’eau dans la région arabe. Abou-Zeid a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec la Commission internationale de l’irrigation et du drainage (ICID), pour mettre en place des programmes destinés à développer les compétences des travailleurs et des chercheurs dans le domaine de la gestion des ressources en eau, de l’irrigation et du drainage. Par ailleurs, le forum a été l’occasion de jeter la lumière sur les nouvelles technologies pour remédier à la pénurie d’eau. « L’atmosphère contient de l’eau et si on arrive à l’extraire, on peut produire de l’eau potable. La question est de savoir si cette eau peut être produite à grande échelle. Nous investissons pour développer cette technique », a affirmé Roheen Berry, président exécutif de la compagnie Beyond Water, présent au forum.
Présentant la situation hydrique en Egypte, le ministre de l’Irrigation a indiqué que la pénurie d’eau est un défi prioritaire pour l’Egypte, sachant que le pays souffre d’un déficit annuel hydrique de 42 milliards de m3 d’eau, alors que ses besoins dépassent les 100 milliards de m3 par an. Les ressources annuelles en eau de l’Egypte sont estimées à 62 milliards de m3 (55,5 milliards des eaux du Nil, 5,5 milliards d’eau souterraine et 1,3 milliard d’eau de pluie). Cela fait une moyenne de 560 m3 d’eau par an par individu. Or, selon les normes internationales, chaque individu doit avoir accès à 1000m3 d’eau par an au moins.
Alternatives
Une situation alarmante qui rend nécessaire le recours aux ressources non conventionnelles d’eau. « Au cours des sept dernières années, l’Egypte a considérablement renforcé les projets hydriques pour compenser ce déficit en eau », a indiqué Assem Al-Gazzar. Il a indiqué que 21 milliards de m3 d’eau sont fournis chaque année par le traitement d’eaux usées, ce qui permet de combler une partie du déficit hydrique. « Le gouvernement entend investir 134 milliards de L.E. pour construire des usines de dessalement d’ici 2050, afin de produire 6,4 millions de m3 d’eau par jour », a déclaré Al-Gazzar. Et d’ajouter que la stratégie de l’Egypte pour faire face à la pénurie d’eau est basée sur 4 axes, à savoir maximiser l’accès aux eaux traitées et dessalées, rationaliser la consommation de l’eau, maximiser l’utilisation des ressources en eau via les nouveaux systèmes d’irrigation et établir une expansion au niveau du recours aux eaux souterraines.
Soulignant l’importance de cette stratégie, Abbas Sharaky, professeur de ressources en eau à l’Université du Caire, explique que la principale préoccupation pour l’Egypte est la croissance démographique rapide, ainsi que l’urbanisation et le développement économique. « Les changements climatiques ont aggravé le problème de l’eau, car les températures sont plus élevées, ce qui accélère l’évaporation des eaux des cultures. L’Egypte est entrée dans la période de pauvreté hydrique et l’eau est devenue un véritable défi. Depuis 2014, nous multiplions les projets de dessalement et de traitement des eaux usées, ainsi que le creusement des puits pour combler le fossé entre ses ressources et les besoins. Ces alternatives sont coûteuses mais nécessaires », explique Sharaky. En effet, le coût d’épuration d’un m3 d’eau usée pour les besoins de l’agriculture est de 2 L.E. L’épuration de l’eau de consommation a besoin d’une technologie très avancée. Si la pénurie d’eau persiste, l’Egypte pourrait voir sa production agricole diminuer de 47 % d’ici 2060. « La participation de l’Egypte aux événements régionaux et internationaux sur l’eau est une occasion pour clarifier sa position sur ce dossier et échanger les expériences avec les autres pays », conclut Mohamad Nasr Allam, ancien ministre de l’Irrigation.
Quelques chiffres
42 milliards de m3 Le déficit hydrique annuel en Egypte.
560 m3 La part d’eau par habitant en Egypte.
134 milliards de L.E. Montant des investissements pour construire des usines de dessalement d’ici 2050.
21 millions de m3 Volume des eaux usées traitées annuellement.
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