Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous de l’intervention policière contre les sit-in de Rabea Al-Adawiya et d’Al-Nahda ?
Sameh Seif Al-Yazal : Cette intervention était nécessaire. Il y avait une énorme quantité d’armes cachées à l’intérieur des deux sit-in. Une situation qui ne pouvait pas être tolérée. Je crois que les forces de l’ordre ont respecté les normes internationales en de telles circonstances. La mort d’un grand nombre de policiers prouve que les forces de l’ordre ont fait preuve d’un maximum de retenue et qu’il y avait beaucoup d’armes chez les manifestants. Du point de vue sécuritaire, l’intervention a été accomplie avec un maximum de professionnalisme.
— Vous dites que les forces de l’ordre ont fait preuve de retenue. Pourquoi donc autant de morts ?
— On peut dire que le nombre de morts, le jour de l’intervention, n’est pas grand compte tenu du nombre de sit-inneurs et des quantités d’armes qui circulaient. De plus, il y a eu beaucoup de victimes dans les rangs des forces de l’ordre, ce qui prouve que les manifestants étaient en possession d’armes sophistiquées et dangereuses.
— Il y a eu de nombreuses arrestations dans les jours qui ont suivi l’intervention. Ces arrestations ont-elles été menées dans le respect de la loi ?
— Seuls ceux qui ont brandi les armes et qui ont incité à la violence ont été poursuivis. Dans les sit-in, les pacifistes n’ont pas été poursuivis et les forces de l’ordre les ont laissés partir en sécurité.
— Pensez-vous que la solution sécuritaire ait été inévitable, ou bien une solution politique ait été encore envisageable ?
— Comment peut-on dialoguer avec des meurtriers qui ont tué ou incité au meurtre des Egyptiens ? Nous avons tous vu comment les dirigeants des Frères musulmans incitaient à la haine et au meurtre sur les tribunes des deux sit-in de Rabea Al-Adawiya et d’Al-Nahda.
« Le dialogue doit prendre le relais »
Al-Ahram En tant que militante des droits de l’homme, comment voyez-vous l’intervention policière contre les deux sit-in de Rabea Al-Adawiya et d’Al-Nahda ?
Ragia Omran : Nous aurions souhaité que l’intervention se soit déroulée sans violence et que les manifestants soient dispersés de manière pacifique, mais malheureusement cela n’a pas été le cas. Nous savons cependant que les forces de l’ordre ont lancé des sommations pour avertir les sit-inneurs avant l’intervention et ils ont ensuite utilisé des gaz lacrymogènes …
— Comment expliquez- vous le fait qu’il y a eu autant de morts et de blessés ?
— La violence provenait tant des Frères musulmans que des forces de l’ordre. On sait qu’il y a eu des échanges de tirs, mais il est difficile de déterminer qui a commencé. Et il faut une enquête pour élucider les faits. Je crois aussi qu’il y a eu beaucoup de morts parce que les médecins de l’hôpital de campagne n’avaient pas assez d’expérience comme les médecins de Trahir pendant la révolution du 25 janvier.
— Pensez-vous que les arrestations qui ont suivi l’intervention aient été légales ?
— Les arrestations arbitraires existent en Egypte depuis longtemps, avant même la révolution du 25 janvier 2011. Cela n’a jamais cessé après la révolution sous le Conseil militaire, sous le régime de Morsi et maintenant. Sous le régime de Morsi, 4 000 opposants et militants ont été arrêtés. Le nombre actuel des détenus n’est pas connu.
— Pensez-vous que la solution sécuritaire ait été inéluctable ou bien une solution politique ait été encore possible ?
— Bien sûr nous aurions préféré la solution politique, mais nous savons que les autorités ont essayé pendant les 6 semaines qui ont précédé l’intervention de trouver un compromis politique. Les Occidentaux ont tenté de mener une médiation. On a vu passer au Caire Catherine Ashton, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, William Burns, secrétaire d’Etat adjoint, et des représentants de pays comme le Qatar. Toutes ces initiatives de réconciliation ont échoué car les Frères musulmans n’acceptaient que le retour du régime de Morsi. Mais en tant que militants des droits de l’homme, nous refusons la solution sécuritaire et nous souhaitons que le dialogue prenne le relais.
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