Les trois leaders ont mis en garde contre « des conséquences graves sur la sécurité et la stabilité régionales si la question palestinienne restait non résolue ».
Un sommet trilatéral égypto-palestino-jordanien s’est tenu, jeudi 2 septembre au Caire, à l’invitation du président Abdel-Fattah Al-Sissi et en présence du roi Abdallah II de la Jordanie et le président palestinien; Mahmoud Abbas, pour discuter « des moyens de relancer les négociations de paix gelées entre les Palestiniens et les Israéliens et pour coordonner les positions et les visions sur la cause palestinienne », a indiqué le porte-parole de la présidence, Bassam Radi, dans un communiqué. Un sommet qui intervient quelques jours après la reprise des affrontements entre Palestiniens et Israéliens à Gaza, et ce, pour la première fois depuis l’accord de cessez-le-feu entre Israël et les factions palestiniennes parrainé par Le Caire, fin mai dernier, mettant fin à une opération militaire israélienne de 11 jours sur la bande de Gaza.
Dans leur déclaration finale, les trois leaders ont mis en garde contre « les conséquences graves sur la sécurité et la stabilité régionales si la question palestinienne restait non résolue ». Les discussions, qui ont témoigné d’une « convergence » entre les trois pays, ont d’ailleurs abordé les positions internationales de la relance du processus de paix et appelé à intensifier les efforts au niveau arabe comme au niveau international pour relancer le processus de paix. L’Egypte et la Jordanie ont confirmé leur position soutenant un règlement conforme aux résolutions internationales, à l’initiative de paix arabe et à la solution à deux Etats dans le but d’établir un Etat palestinien indépendant aux frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. De son côté, le président Sissi a présenté « la vision de l’Egypte sur la manière de relancer le processus de paix, de stabiliser la trêve dans la bande de Gaza et de la reconstruire », soulignant que la réalisation de « l’unité interpalestinienne et la fin de la division qui oppose depuis longtemps la Cisjordanie et la bande de Gaza sont une condition indispensable pour la création d’un Etat palestinien indépendant ». De leur côté, le président palestinien et le roi de Jordanie ont salué les « efforts sincères et incessants » de l’Egypte pour soutenir la cause palestinienne.
Pour une paix « juste et globale »
Les trois dirigeants ont affirmé que cette paix juste et globale est « une option stratégique et une nécessité pour la paix et la sécurité régionales et internationales et que tous les efforts doivent être unis pour y parvenir ». En revanche, ils ont rejeté les mesures israéliennes illégales qui « sapent les chances de parvenir à la paix dans la région », y compris l’expansion des colonies en Cisjordanie, la démolition des maisons et le déplacement des Palestiniens, appelant la communauté internationale à déployer des efforts palpables pour atténuer la crise humanitaire à Gaza. Ils ont aussi exhorté la communauté internationale à continuer à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) pour maintenir sa capacité à fournir des services vitaux aux réfugiés palestiniens. Il a été également annoncé qu’un prochain sommet trilatéral se tiendra en Jordanie pour poursuivre la coordination entre les trois pays pour parvenir à une formule pour la relance des négociations palestino-israéliennes.
Selon la politologue Mona Soliman, le sommet parrainé par Le Caire a été surtout une occasion d’échanger des vues sur les moyens de relancer les négociations, d’autant plus que ce dossier s’est éclipsé au cours des derniers mois. « D’où l’importance du timing de ce sommet pour remettre le processus de paix au-devant de l’agenda des priorités de la communauté internationale. Un sommet qui intervient quelques semaines avant la tenue de l’Assemblée générale des Nations-Unies, au cours de laquelle le dossier palestinien sera abordé, mais aussi avant la visite prévue du premier ministre israélien, Naftali Bennett, au Caire, comme il a été annoncé », explique Soliman. D’ailleurs, elle souligne que cette position unifiée relève d’une importance particulière face à « une position américaine floue » et « un manque de volonté israélienne ». Selon elle, si Donald Trump avait un parti pris pro-israélien, il est peu probable que son successeur Joe Biden ravive un quelconque processus de paix. « Tous les indices montrent que Biden semble vouloir s’écarter des dossiers régionaux à l’exception du dossier iranien auquel il accorde un intérêt particulier. Côté israélien, Bennett a précisé qu’il n’avait l’intention ni de rencontrer Abbas, ni de s’engager dans des pourparlers de paix. C’est pourquoi ce sommet trilatéral laisse prévoir un processus de paix dans lequel les Etats-Unis ne seraient pas le principal intermédiaire comme l’aspire Mahmoud Abbas. A cette phase, il vaut mieux lancer une nouvelle initiative de paix égyptienne en coordination avec des responsables arabes et européens, les Etats-Unis, l’Onu, la Russie, afin d’amorcer le processus politique entre Israël et les Palestiniens », décrypte la politologue, soulignant que les résultats envisagés dépendront en premier lieu de la capacité des factions palestiniennes d’unifier leurs rangs et des pays arabes de propulser leur approche sur la scène internationale.
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