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Parking : Halte à l’anarchie

Malak Moustafa, Lundi, 06 septembre 2021

Une nouvelle loi sur la réglementation du stationnement et du métier de sayès (voiturier) vient d’entrer en vigueur. De quoi s’agit-il ? Explications en questions-réponses.

Parking : Halte à l’anarchie
Le nouveau système garantit une équation « gagnant-gagnant » entre les automobilistes, les voituriers et les autorités.

— Quels sont l’enjeu et l’importance de la nouvelle loi ?

— Approuvée par le parlement en juillet 2020, la loi sur la réglementation du stationnement se pose comme une solution pour régulariser le phénomène du stationnement anarchique. En 2019, selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), l’Egypte comptait 11,5 millions de véhicules, Le Caire 2,3 millions (chiffre de 2016). C’est donc au Caire que la situation est la plus complexe. Trouver une place de parking est une souffrance quotidienne. Les automobilistes sont à la merci des « sayès » (voituriers), une activité lucrative illégale devenue un phénomène qui prend de l’ampleur, surtout vu le taux de chômage estimé à 7,3 %. D’où la nécessité de régulariser le métier. Le député Amr Darwich, secrétaire de la commission des municipalités au parlement, trouve qu’il était important de remédier au statut des voituriers informels qui « représentent une sorte d’économie parallèle dont les revenus sont estimés à des milliards de L.E. ». « Il s’agit d’une loi destinée à régler le problème de stationnement dans les rues, à maximiser les ressources financières de l’Etat et à fusionner les activités informelles dans l’économie formelle », dit-il.

— Où sera-t-elle appliquée ?

— La loi a été déjà appliquée dans les gouvernorats de Guiza et du Caire dans 7 quartiers et devra par la suite être généralisée à tout le pays.

— Pourquoi l’application partielle de la loi a-t-elle provoqué controverses et critiques ?

— Le manque de précisions concernant la charte exécutive de la loi a donné lieu à cet état de confusion. A titre d’exemple, certains ont évoqué que dans des rues, les citoyens ont à payer 300 L.E. par mois pour garer leurs voitures devant leurs domiciles. Réponse du député Ahmad Al-Séguini, « c’est illogique et ça entraînera des disputes ». « Dans un immeuble où résident 20 familles et devant lequel il n’y a de place de stationnement que pour 4 voitures, sur quels critères ces places seront-elles consacrées ? », se demande Al-Séguini, indiquant qu’il a discuté de ces ambigüités avec le ministre du Développement local, qui a promis d’éviter toute manipulation. Il a nié que la loi précise de tels frais et a annoncé que le ministère organisera des ateliers de formation pour les employés chargés de la mise en oeuvre de la loi.

— Qui déterminera donc les frais ? Comment ? Et où ?

— Selon Al-Séguini, de hauts comités seront formés dans chaque gouvernorat regroupant chacun le gouverneur, le secrétaire général et des représentants du ministère de l’Intérieur. « Ces comités seront en charge de déterminer les rues appropriées à l’application de la nouvelle loi qui vise essentiellement les rues commerciales, vitales et encombrées ». Le président du quartier de Boulaq Aboul-Ela, Farag Abdallah Howeidi, explique que le gouvernorat, en coordination avec le département de la circulation, sera responsable de la désignation des places de stationnement dans les rues. « Cela se fera conformément à des conditions strictes et claires pour éviter que cela n’entrave la circulation », affirme le responsable. Ces comités fixeront aussi les tarifs de stationnement par heure en vertu d’un système électronique en fonction de la superficie et de la situation géographique, en tenant compte du niveau social du quartier. Préliminairement, dans le gouvernorat de Guiza, les tarifs de stationnement ont été fixés à 10 L.E. par heure pour les véhicules privés, 20 L.E. pour les minibus et 30 L.E. pour les bus et les camions. Par ailleurs, les comités compétents délivreront des licences aux compagnies et voituriers qui exerceront le métier.

— Quels sont les critères du choix des sociétés qui exploiteront les lieux de stationnement et en vertu de quel système ?

— Selon le ministre du Développement local, Mahmoud Chaarawi, il s’agira d’entreprises qui auront l’aptitude financière et la capacité humaine appropriées pour fonctionner, et le choix se fera par appels d’offres. Elles exploiteront les quartiers désignés par un système de BOT pour 3 ans en contrepartie de 25 % des revenus, alors que les municipalités profiteront des 75 % qui devront être utilisés pour améliorer les infrastructures routières.

— Et les voituriers, quels seront les critères de leur recrutement ?

— Selon l’article 7 de la loi, quiconque exerce l’activité de voiturier doit être âgé de plus de 21 ans, avoir accompli son service militaire ou en être exempté, obtenir un certificat médical assurant qu’il ne consomme pas de stupéfiants, avoir un permis de conduite valide et un casier judiciaire vierge.

— Quelles sont les procédures à suivre pour obtenir une licence d’exercice ?

— Il faut présenter une demande aux comités compétents pour examiner les papiers et émettre une décision dans un délai de 30 jours. Tout refus d’octroi de licence doit être justifié et argumenté. La licence coûte au maximum 3 000 L.E., elle est valide pour une période de trois ans.

— En cas de non-respect et de violation des instructions par les voituriers, quelles peines risquent-ils ?

— La licence peut être retirée si le sayès collecte des sommes dépassant les tarifs fixés. Et toute personne qui exerce le métier de voiturier sans licence risque une peine maximale de 6 mois de prison et une amende allant de 1 000 à 5 000 L.E. En cas de récidive, la peine est augmentée. Le directeur de la société de gestion de stationnement risque les mêmes peines au cas où il serait prouvé qu’il était au courant des infractions commises ou qu’il violerait les obligations.

— La nouvelle loi sera-t-elle en mesure d’atteindre ses objectifs ?

— Selon le député Mamdouh Maqled, qui a soumis ce projet de loi au parlement, son application correcte « conduira à une situation gagnant-gagnant ». « L’Etat bénéficiera financièrement des appels d’offres, le citoyen de l’organisation des places de stationnement et le sayès d’un revenu stable et d’une assurance sociale ».

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