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Abbas Sharaky : La maîtrise des dégâts dépend en premier lieu de l’échange des informations entre les pays riverains

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 17 août 2021

L’expert hydrique au Centre des recherches africaines de l’Université du Caire Abbas Sharaky évalue les impacts de la crue de cette année sur l’Egypte et le Soudan.

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous le niveau de la crue cette année et pourra-t-elle engendrer des dégâts sur l’Egypte et sur le Soudan ?

Abbas Sharaky : Les deux pays intensifient les efforts pour agir contre tous les dégâts que pourrait causer la crue qui a commencé début août et dont les indices montrent qu’elle est au-dessus de la moyenne. Jusqu’à présent, c’est le Soudan qui en assume les conséquences, surtout qu’il est aussi frappé par des pluies torrentielles. Après l’échec du second remplissage du barrage éthiopien qui n’a pu stocker que 3 milliards de m3 d’eau au lieu de 13,5 milliards de m3, le Soudan s’est trouvé obligé de vider son réservoir Roseires pour pouvoir assimiler les 10 milliards de m3 d’eau prévus. En plus, les quantités d’eau en provenance du Nil bleu ont augmenté de 33 % au cours des 12 derniers jours, ce qui place le Soudan face à une situation difficile avec une augmentation de 2 milliards de m3 du Nil cette année.

— Le Soudan risque-t-il de subir des dégâts catastrophiques comme l’année dernière ?

— Jusqu’à présent, la crue est inférieure à celle de l’année dernière, mais il faut souligner que la saison de la crue se poursuivra jusqu’à la fin de septembre. La première semaine de cette saison a déjà causé au Soudan la mort de 15 personnes, l’effondrement de 1 000 maisons et l’évacuation de 90 000 personnes. Ce qui laisse prévoir une situation alarmante au Soudan au cours des prochaines semaines. Le pays est en état d’alerte et se prépare à tous les scénarios.

— Qu’en est-il de l’Egypte, comment nous sommes-nous préparés pour agir avec les différents scénarios de la crue ?

— Cette année, l’Egypte a mis en place les mesures appropriées deux semaines en avance, en raison des quantités d’eau qui proviennent du barrage de Roseires. Des quantités supplémentaires d’eau ont été déversées dans le Nil pour améliorer la qualité de l’eau pendant les mois d’août et de septembre. Dans les situations de crise, les 24 vannes du Haut-Barrage, dont 12 uniquement sont ouvertes chaque année pendant la crue, sont prêtes pour être ouvertes et l’eau sera versée dans le déversoir de Tochka. Donc, nous pouvons dire que la situation est différente en Egypte en raison de sa coordination avec le Soudan. Ce qui explique d’ailleurs l’insistance de l’Egypte et du Soudan sur le fait d’établir un accord d’entente et de coopération avec l’Ethiopie non pas pour entraver son projet, mais pour coordonner et assurer les intérêts des trois pays.

— Justement, quelle est l’importance de la coordination avec le Soudan en cette saison ?

— La coordination avec le Soudan se fait tout au long de l’année et s’intensifie au cours de la saison de crue via le comité permanent de régulation des eaux du Nil qui renferme des ingénieurs égyptiens et soudanais. Dès le premier jour de la crue, le Soudan informe l’Egypte de tous les détails, notamment de la décision du déchargement du réservoir Roseires qui a été signalée à l’avance. La maîtrise des dégâts dépend en premier lieu de l’échange des informations entre les pays riverains.

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