Le président Sissi lors de l’inauguration de logements sociaux, samedi 14 août, à la cité Badr.
Le défi de la croissance démographique, les subventions, les projets de logement, le rôle du secteur privé dans le développement et l’amélioration du niveau de vie des Egyptiens. Des sujets parmi d’autres abordés par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, samedi 14 août, lors de l’inauguration d’un certain nombre de projets de logements à la cité Badr, qui se trouve à proximité de la Nouvelle Capitale administrative et qui devra accueillir les premiers fonctionnaires avant la fin de 2021. « L’Etat n’envisage pas d’abolir les subventions offertes aux citoyens, mais oeuvre à les restructurer », a rassuré le président Sissi, suite à la confusion donnée la semaine dernière par ses déclarations sur la nécessité d’augmenter prochainement le prix du pain subventionné, vendu à 5 piastres, pour pouvoir financer les projets nationaux et sociaux. A cet égard, le président a noté, samedi, que l’Etat consacre annuellement 275 milliards de L.E. aux subventions des produits et des services, et que la facture de ces subventions a atteint environ 3 trillions de L.E. au cours des dix dernières années, alors que le coût du développement de l’ensemble de la campagne égyptienne représente un tiers de ce montant. « Je ne cite pas ces chiffres pour annuler la subvention, mais pour souligner la nécessité de la restructurer, parce que les choses ne peuvent pas continuer comme elles l’étaient dans le passé », a-t-il dit, avouant que choisissant la voie difficile de la réforme, il a décidé de traiter toutes les questions critiques. Le président a détaillé que le système de subventions, mis en place il y a 50 ans, reposait sur d’autres circonstances que celles d’aujourd’hui. Il a argumenté que lorsque le pain passait de 2 à 5 piastres, il coûtait à l’Etat 18 piastres, alors qu’aujourd’hui, il coûte 65 piastres. En revanche, en 2011, le revenu de l’habitant était inférieur à 400 et 500 livres, alors que le salaire minimum est aujourd’hui de 2 000 L.E. « Les gens disent que j’ai choisi la voie difficile, si j’avais choisi la voie facile, j’aurais simplement maintenu la situation des pauvres et je n’aurais fait qu’augmenter les subventions », a-t-il expliqué.
Le député Mohamad Abdel-Hamid, membre de la commission économique au Conseil des députés, souligne l’importance de ces déclarations, alors qu’il existait un état d’inquiétude. « Les déclarations du président ont mis les points sur les i et ont rassuré le simple citoyen que l’Etat, en poursuivant le plan de réforme économique, prend en considération le volet social et les conditions des citoyens », salue le député.
Croissance démographique versus développement urbain
Le président a également abordé le défi de la croissance démographique (2 % en 2020 selon la CAPMAS, 102 millions d’habitants) qui pèse sur le développement. « La croissance démographique est directement liée aux problèmes endurés par le pays au cours des 100 dernières années. L’Etat avait d’énormes difficultés avec les infrastructures, les routes, etc. Et là, il faut savoir que la conscience est le problème le plus grave des sociétés », a-t-il dit. « L’Etat assume un coût énorme pour répondre aux besoins croissants en matière de logement dans ce contexte de croissance démographique accrue, mais aussi pour mettre fin aux zones informelles », a affirmé le président, alertant que l’expansion des constructions irrégulières n’est qu’une des répercussions de cette croissance démographique. « Aujourd’hui, l’Etat traite sérieusement ce dossier et adopte une stratégie intégrale destinée à contrôler le taux de croissance tout en créant de nouvelles agglomérations urbaines. Pour éliminer des zones informelles, 1 426 projets de logements ont été exécutés au cours des 6 dernières années », comme a déclaré le premier ministre, Moustapha Madbouli, lors de la cérémonie. A noter que les zones informelles représentent 40 % des constructions urbaines et abritent 22 millions de personnes, selon les chiffres du Fonds de développement des zones informelles. Le plan du gouvernement est de les éliminer complètement d’ici 2030. Un plan exécuté en parallèle avec celui de la construction des nouvelles villes, la création des nouvelles agglomérations urbaines et l’expansion des projets de logements sociaux. Ainsi, pour répondre à la croissance démographique, depuis 2014, le ministère du Logement a construit 165 958 logements d’un coût de 41 milliards de L.E. et travaille actuellement sur 74 927 unités supplémentaires. Selon Madbouli, l’Etat a construit 225 000 logements en un an et vise à augmenter les travaux de construction dans la période à venir. « Le coût de l’unité vers laquelle les habitants des bidonvilles ont été transférés est de 450 000 L.E., chaque appartement est meublé à 50 000 L.E. L’Etat n’en tire aucun profit et ne le fait que pour assurer un logement décent à tous les Egyptiens », a dit le président Sissi, soulignant que l’exécution de l’Etat des projets de logement ne s’inscrit pas dans le cadre de compétition avec le secteur privé, mais vise à réaliser un équilibre dans le marché immobilier. Pour accélérer le rythme de construction, le président Sissi a invité le secteur privé à participer aux nouveaux projets de logement avec l’Etat, qui lui offrira les terrains en contrepartie de la construction de logements à des prix réduits.
Moustapha Abou-Zeid, directeur du Centre égyptien des études économiques et stratégiques, explique que l’Etat oeuvre depuis 7 ans à éliminer les bidonvilles dangereux et non planifiés. « Jusqu’à présent, environ 425 milliards de L.E. ont été dépensés pour créer de nouvelles zones planifiées dotées de tous les services. Outre la planification urbaine, pour l’Etat, c’est la qualité de vie du citoyen qui est visée par ce plan de réaménagement », estime Abou-Zeid, expliquant que le pays n’a pas connu un tel développement urbain depuis plus de 40 ans.
Par ailleurs, le président Sissi a annoncé que la Société de la Nouvelle Capitale administrative sera prochainement cotée en Bourse, « dont les actifs peuvent atteindre 3 à 4 trillions de L.E. », rappelant que « pas une livre n’a été prise du budget de l’Etat dans la construction de la Nouvelle Capitale et la nouvelle ville d’Al-Alamein ».
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