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Les atermoiements d’Addis-Abeba

May Al-Maghrabi, Lundi, 28 juin 2021

Alors que l’Ethiopie s’obstine à procéder au second remplissage du barrage de la Renaissance, l'Egypte et le Soudan exigent une intervention du Conseil de sécurité.

A quelques jours du second remplissage du barrage éthiopien de la Renaissance, prévu début juillet, l’Ethiopie poursuit son intransigeance et ses provocations. A l’issue du soutien affiché la semaine dernière par la Ligue arabe à la position des deux pays en aval qui ont décidé de recourir au Conseil de sécurité des Nations-Unies, le délégué permanent de la Ligue arabe aux Nations-Unies, Magued Abdel-Fattah, a fait savoir que l’Egypte « prépare un dossier intégral qui comprend tous les documents prouvant les bonnes intentions de l’Egypte dans le dossier du barrage ». Le Caire réclame un accord juridique contraignant qui garantit les intérêts des trois pays concernés par ce dossier (l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie). « L’Egypte souhaite parvenir à un accord juridiquement contraignant répondant aux besoins du développement des trois pays », a déclaré le ministre de l’Irrigation, Mohamad Abdel-Ati, cette semaine à Juba. Au niveau international, les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE) ont exprimé leur inquiétude quant aux répercussions du conflit, appelant les trois pays à entamer des négociations sérieuses pour parvenir à un tel accord dans les plus courts délais.

Provocations

Vendredi, un responsable de l’armée éthiopienne a déclaré dans une interview à la chaîne RT que « l’Egypte n’est pas en mesure de résoudre ce conflit militairement et ne peut pas détruire le barrage ». « Lorsque le remplissage sera terminé, tout le monde viendra discuter des propositions de partage de l’eau du Nil avec Addis-Abeba », ajoute-t-il. L’Egypte et le Soudan refusent catégoriquement de discuter de leurs quotas historiques dans les eaux du Nil bleu reconnus par l’accord de 1902 sur le partage des eaux du Nil. « Ces provocations éthiopiennes ne favorisent pas une coopération sur le dossier du barrage », a réagi, samedi, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri. « Nous savons bien comment défendre nos droits hydriques en ayant recours aux mécanismes internationaux. Si l’on touche aux intérêts de l’Egypte, l’Etat ne restera pas les bras croisés », a averti Choukri.

L’Ethiopie refuse de se référer au Conseil de sécurité sous prétexte qu’il s’agit d’une « internationalisation injustifiée du dossier ». « Après l’échec de l’Union africaine de réaliser un progrès dans ce dossier, il est légitime de recourir au Conseil de sécurité disposant de comités techniques qui peuvent se prononcer sur le partage équitable des eaux des fleuves », affirme l’ancien ministre de l’Irrigation, Mohamad Nasr Allam. Selon lui, l’Ethiopie veut éviter à tout prix l’examen du dossier par le Conseil de sécurité, car elle sait que ses agissements sont contraires au droit international. Affaire à suivre.

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