« Je veux insister sur le rôle que l’Egypte va jouer au cours des prochaines années dans la région, grâce aux réformes courageuses prises par le gouvernement égyptien durant les 5 dernières années. Grâce à ces réformes et aux efforts de la population égyptienne, l’Egypte a réalisé un taux de croissance de 2 % en 2020, année de la pandémie, et un taux prévu de 2,5 à 3 % en 2021. Les perspectives sont aussi prometteuses au cours des prochaines années ». C’est par ces propos que le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a entamé sa rencontre avec les journalistes, dimanche 13 juin au siège de l’ambassade de France, pour résumer les conclusions de sa visite importante au Caire, tenue les 12 et 13 juin. Une visite qui s’est conclue par des arrangements sur le nouveau paquet de financement des projets de développement en Egypte durant les 4 prochaines années (2021-2025).
« Aujourd’hui, je suis heureux d’annoncer un soutien exceptionnel de la part de l’Etat français pour financer de multiples projets en Egypte, à hauteur de 3,8 milliards d’euros. C’est un financement élevé faisant de l’Egypte la première exposition financière du Trésor public français », a assuré Bruno Le Maire, précisant que cette visite est sa deuxième en Egypte au cours des 4 dernières années en tant que ministre de l’Economie et des Finances. « Cela montre bien que l’Egypte est un pays ami et un partenaire stratégique de la France. Depuis 2017, nous ne cessons de renforcer nos relations bilatérales. Ma présence ici aujourd’hui poursuit le même objectif: approfondir et diversifier nos coopérations économiques », a-t-il déclaré.
En effet, une importante délégation économique française était cette semaine en visite au Caire. Bruno Le Maire a rencontré le président de la République, Abdel-Fattah Al-Sissi, le premier ministre Moustapha Madbouli, la ministre de la Coopération internationale Rania Al-Machat, le ministre des Finances Mohamed Maeit et celui du Transport Kamel Al-Wazir. La visite intervient notamment dans le cadre de la nouvelle phase de coopération économique intensifiée entre la France et l’Egypte, et fait suite à celle du président Sissi à Paris en décembre dernier.
« Si on reprend l’histoire, l’Egypte a toujours été le partenaire de la France. Ce qui est nouveau, c’est l’intensité et la diversité de la coopération franco-égyptienne depuis plusieurs mois », a assuré le ministre français en ajoutant que « les présidents français et égyptien ont décidé d’ouvrir des nouveaux champs de coopération, notamment dans les secteurs-clés de l’infrastructure et du transport. Les contrats et accords signés aujourd’hui sont le fruit de six mois de travail, six mois au cours desquels le ministère français des Finances et de l’Economie a coopéré avec ses homologues des ministères et des autorités concernées en Egypte », a déclaré Le Maire en remerciant les responsables égyptiens pour leurs efforts et la coopération au cours de la période écoulée.
Part du lion au secteur du transport
Le secteur du transport, en particulier le métro, a eu la part du lion du nouveau paquet de financement français. Le ministre français a annoncé la signature d’un accord intergouvernemental et une feuille de route pour mettre en oeuvre différents projets qui auront un réel impact sur le quotidien des Egyptiens. « Nous avons signé aujourd’hui un accord intergouvernemental concernant une liste de projets financés à des conditions préférentielles pour un total de 1,8 milliard d’euros », a annoncé Le Maire. Le premier projet concerne la fourniture de 55 rames de métro par Alstom afin de renouveler la ligne 1 du métro du Caire. « L’Etat français soutient financièrement ce projet en accordant un prêt concessionnel du Trésor d’environ 800 millions d’euros. Le contrat commercial sera signé dans les six mois. C’est un projet qui est dans l’intérêt de nos deux pays. Il va améliorer le quotidien des Cairotes qui bénéficieront d’un métro plus moderne, plus sûr, plus rapide », a annoncé Le Maire en ajoutant que l’Egypte comme la France y trouvera leur compte.
Pour l’Egypte, ce projet va permettre d’améliorer la vie quotidienne des Egyptiens en augmentant le trafic et en renouvelant les rames de la ligne 1, datant des années 1980. Cette ligne est en effet vitale: plus d’1,5 million d’Egyptiens l’empruntent quotidiennement. Selon le ministre, Alstom travaille également à répondre à la demande des autorités égyptiennes concernant la localisation de certaines activités de production dans le pays. Concrètement, cela signifiera des créations d’emplois et des transferts de savoir-faire en Egypte. Quant à l’intérêt pour la France, ce projet représente une charge importante pour les sites d’Alstom en France. « Au total, c’est 400 emplois qui sont confortés! Je pense en particulier à deux sites: Le site de Valenciennes, qui sera le site assembleur et le site du Creusot, qui réalisera les bogies et l’intégration des moteurs », renchérit le ministre français.
Pour sa part, la ministre égyptienne de la Coopération internationale, Rania Al-Machat, a souligné, lors d’un communiqué de presse publié le 8 juin dernier, « la profondeur des relations de coopération stratégique entre l’Egypte et la France, qui contribuent à soutenir la mise en oeuvre de l’agenda national de développement ». Elle a mis l’accent sur trois éléments de base : l’efficacité, la compétitivité des prix et la rapidité de la mise en oeuvre.
Des projets financés par l’AFD
Cet accord intergouvernemental prévoit également 9 autres projets qui seront financés par l’Agence Française de Développement (AFD) avec un montant d’un milliard d’euros dans les domaines d’expertise français tels que le transport, l’énergie, le traitement de l’eau et l’assainissement. « En parallèle, deux conventions de prêt ont été signées aujourd’hui par le directeur de l’AFD: la première de 150 millions d’euros pour soutenir la réforme du système de santé égyptien et la deuxième de 12 millions d’euros pour la refondation de l’Université française d’Egypte », a déclaré le ministre français. L’AFD soutient des projets d’infrastructures de grande ampleur, mais aussi appuie la mise en oeuvre des politiques sociales et éducatives en Egypte (voir encadré).
Le communiqué de presse publié par le Conseil des ministres a souligné l’importance de la signature de ces conventions avec l’AFD. « La convention de 150 millions d’euros vise à financer le programme d’appui budgétaire de l’Agence française au secteur de la protection sociale afin d’accompagner les réformes initiées par l’Egypte en matière d’assurance maladie. Cela renforce notamment les capacités du ministère égyptien des Finances pour suivre et évaluer les programmes de protection sociale », selon le communiqué.
Quant à la feuille de route signée entre l’Egypte et la France, elle est consacrée au métro du Caire, avec un montant de 2 milliards d’euros. Les ministres français et égyptien des Finances ont signé une feuille de route pour parvenir à un accord sur la mise en oeuvre des projets de la ligne 1 et de la ligne 6 dans un délai de 6 mois. « Concernant plus spécifiquement la ligne 6 du métro du Caire, nous soutenons les entreprises françaises, aux côtés de leurs partenaires égyptiens, pour participer à la mise en oeuvre de ce projet », a déclaré Bruno Le Maire, en ajoutant que la France est prête à proposer des conditions de financement très attractives pour soutenir les offres commerciales des entreprises françaises qui sont impliquées dans le projet du métro du Caire depuis maintenant plusieurs années. « Cela peut représenter autour de 2 milliards d’euros de financement », a-t-il renchéri.
Diversification des champsde coopération
Le Maire a également annoncé, lors de sa rencontre avec les journalistes, que la deuxième partie de sa visite a été consacrée à la diversification des projets économiques que la France souhaite installer avec l’Egypte. « Nous sommes dans une situation économique dans laquelle nous pourrons afficher des taux de croissance élevés en Egypte et en France. Donc, il faut voir des opportunités de développer la coopération entre les deux pays », a annoncé le ministre français en ajoutant que les deux parties ont pensé à des nouveaux champs de coopération tels que le nouveau combustible d’hydrogène, l’énergie nucléaire et la santé. « Il faut travailler sur des sujets au cours des prochains mois et des prochaines années pour ouvrir de nouveaux champs de coopération entre l’Egypte et la France », a insisté le ministre français. Concernant le dossier de l’énergie et du nouveau combustible qui représente vraiment une importance majeure pour l’Egypte, Le Maire a déclaré à Al-Ahram Hebdo que la France a entamé cette coopération dans le domaine d’hydrogène. « Je rappelle qu’il y a 6 mois que nous avons décidé en France de mettre plus de 7 milliards d’euros sur la technologie hydrogène », renchérit le ministre, en ajoutant que son pays est prêt à coopérer avec l’Egypte dans le domaine d’énergie nucléaire dans lequel la France possède des compétences importantes .
La coopération économique franco-égyptienne en quelques lignes
« Depuis 1974, l’Egypte a obtenu environ 7,5 milliards d’euros à travers 42 protocoles pour soutenir le développement économique en Egypte afin de financer des projets de développement », a noté le communiqué de presse publié par le ministère de la Coopération internationale le 8 juin dernier à l’occasion de la visite de la délégation française au Caire. La France a mis en oeuvre de nombreux projets vitaux dans plusieurs domaines, tels que la construction du métro avec ses trois lignes, l’équipement du nouvel hôpital de Qasr Al-Aïni, la mise en place d’un système d’information dans la Bibliothèque d’Alexandrie, des centrales électriques, la construction et l’extension de centraux téléphoniques dans plusieurs gouvernorats, l’extension des stations d’eau potable et d’assainissement, et le développement d’un système de contrôle de l’air.
L’Agence française de développement a également contribué jusqu’à présent au financement d’un certain nombre de projets importants, notamment la troisième ligne du métro du Caire (les deuxième et troisième phases), le financement de petits et microprojets au profit du Fonds social pour le développement, la livraison du gaz naturel aux foyers, l’appui aux petites et moyennes entreprises du secteur agricole, ainsi que l’amélioration des services d’eau potable et d’assainissement (première et deuxième phases). Le portefeuille actuel de coopération avec l’Agence française de développement s’élève à 1 milliard d’euros et gère des subventions de l’Union européenne à hauteur de 90 millions d’euros.
3,8 milliards d’euros, tel est le montant de l’enveloppe proposée par Le Maire.
800 millions d’euros seront consacrés au transport.
150 millions d’euros seront consacrés au soutien de la réforme du système de santé.
12 millions d’euros seront consacrés à la refondation de l’Université française d’Egypte.
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