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La justice se féminise enfin

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 08 juin 2021

Conformément à une décision présidentielle, à compter du 1er octobre, les femmes pourront travailler auprès du Conseil de l’Etat et du Parquet, et ce, pour la première fois dans l’histoire du pays. Un pas de plus dans l’égalité entre homme et femme.

A partir du 1er octobre prochain, que le système juridique égyptien connaîtra une véritable révolution. Et ce, suite aux décisions « historiques » annoncées par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, qui a présidé, le 2 juin, la réunion du Haut Conseil des organes juridiques, en présence du ministre de la Justice, le conseiller Omar Marawane, et de hauts responsables juridiques. Des décisions, qui, selon le porte-parole de la présidence, Bassam Rady, « contribueront à atteindre la pleine égalité entre les hommes et les femmes dans l’exercice de fonctions juridiques dans tous les organes et autorités judiciaires ». Le président Sissi a en effet annoncé qu’à partir du premier octobre, les femmes auront droit, et pour la première fois de l’histoire de l’Egypte, à travailler auprès du Conseil de l’Etat et au Parquet. Jusque-là, et bien qu’un certain nombre de femmes occupent des postes judiciaires, aucune d’entre elles n’a jamais eu le droit d’être nommée juge au Conseil de l’Etat, et toutes les candidatures déposées étaient automatiquement refusées.

Il a également été décidé de considérer cette date comme « la Journée de la justice égyptienne ». Le président a également approuvé la création de la cité de la justice dans la Nouvelle Capitale administrative. Chaque entité judiciaire devra soumettre ses demandes en ce qui concerne les équipements requis. Le conseiller Omar Marawane a qualifié ces décisions comme étant sans précédent dans l’histoire de la justice égyptienne. « Ces décisions visent à réaliser la justice entre les hommes et les femmes, et ce, selon un seul critère, à savoir la compétence ».

Un pas de grande importance qui a été salué par la présidente du Conseil égyptien des droits de la femme, Nihad Aboul-Qomsane, qui a considéré cette décision comme « le début de la fin des souffrances des femmes travaillant dans certains organes judiciaires et de la discrimination à leur encontre, malgré leurs expertises et compétences ». Et d’ajouter que cette décision « contribue également à la mise en oeuvre de l’article 11 de la Constitution de 2014 », qui stipule que « l’Etat veille à l’égalité entre femmes et hommes dans tous les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, dans les conditions prévues par la Constitution ». « L’Etat prend les mesures permettant une représentation adéquate des femmes dans les fonctions électives, tel que prévu par la loi, et garanti aux femmes le droit d’occuper des postes-clés dans la fonction publique et la haute administration de l’Etat, de même que le recrutement dans les commissions et les organismes judiciaires, sans discrimination à leur encontre », estime-t-elle.

Outre ces décisions, il a été également convenu d’unifier les droits financiers entre les personnes de même degré dans les quatre organes et autorités judiciaires, à savoir la magistrature, le Conseil d’Etat, le Parquet administratif et les affaires de l’Etat. De même, l’Autorité des affaires de l’Etat, un organe qui représente les intérêts de l’Etat auprès des tribunaux nationaux et internationaux, sera informée des raisons de l’exclusion de toute personne s’étant présentée à un poste juridique, pour la soumettre devant l’Autorité judiciaire.

D’ailleurs, il est dorénavant interdit de répéter la nomination des personnes admises dans les instances et autorités judiciaires. Ceci étant applicable à partir de la promotion 2018 en ce qui concerne le Conseil de l’Etat et le Parquet général, ainsi que la promotion 2013 en ce qui concerne le Parquet administratif et l’Autorité des affaires de l’Etat. De plus, toute délégation d’un membre de la magistrature dans plus d’une entité judiciaire ne sera plus autorisée, à l’exception du ministère de la Justice. La durée de cette délégation sera également précisée. Des décisions qui, selon le porte-parole, visent à « élargir les opportunités d’accéder à des postes judiciaires ».

Le président de la Haute Cour constitutionnelle, Saïd Marei, a affirmé que ces décisions accomplissent le principe de l’égalité des chances, de sorte que chaque personne ne puisse choisir qu’un seul organe ou entité pour sa demande d’admission, notant que ce processus sera organisé à travers un mécanisme qui sera déterminé entre les différentes autorités et organes judiciaires.

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