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Egypte-Tunisie : Intérêts mutuels et défis communs

May Al-Maghrabi, Mardi, 13 avril 2021

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu cette semaine au Caire son homologue tunisien, Kaïs Saïed. Les deux chefs d’Etat ont évoqué la coopération bilatérale, les dossiers régionaux, le terrorisme et le barrage éthiopien de la Renaissance.

Egypte-Tunisie : Intérêts mutuels et défis communs
Les négociations du président Sissi avec son homologue tunisien, Kaïs Saied, ont donné lieu à une convergence de vues sur les dossiers d’intérêt commun

A l’invitation du président Abdel-Fattah Al-Sissi, le président tunisien, Kaïs Saïed, a effectué du 9 au 11 avril une première visite officielle en Egypte, depuis sa prise de fonction en 2019. Samedi, les deux présidents se sont entretenus au palais présidentiel d’Ittihadiya.

La coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité, d’économie et d’investissement, ainsi que les dossiers régionaux d’intérêt commun, notamment la Libye et le barrage éthiopien de la Renaissance, ont été discutés. « Les discussions constructives ont reflété la convergence de vues, ainsi que la volonté mutuelle de renforcer les relations entre les deux pays confrontés à des défis communs », a déclaré le président Sissi lors de la conférence de presse conjointe.

De son côté, le président tunisien a exprimé « le plein soutien de son pays aux positions de l’Egypte, surtout en ce qui concerne le conflit autour du barrage de la Renaissance et l’intérêt qu’accorde la Tunisie au renforcement de sa coopération avec l’Egypte ». Le président Sissi a indiqué que l’Egypte était prête à dynamiser la coopération bilatérale avec la Tunisie sur tous ces volets, en particulier les échanges commerciaux, l’investissement et la culture.

La coopération en matière de lutte contre le terrorisme a été un dossier prioritaire au menu des pourparlers entre les deux présidents. « Les discussions ont porté sur les moyens d’endiguer le terrorisme et de consolider la coopération entre les deux pays afin de réduire les recrutements dans les rangs des organisations terroristes et couper leurs sources de financement », a fait savoir le président Sissi. De son côté, le président tunisien a valorisé l’expérience de l’Egypte en matière de lutte contre le terrorisme.

Le domaine économique a occupé une place importante des discussions. « J’ai souligné la volonté de l’Egypte de développer la coopération économique de manière à réaliser les objectifs du développement dans les deux pays, que ce soit au niveau des échanges commerciaux ou de l’investissement », a déclaré le président Sissi. Quant au président tunisien, il s’est montré optimiste quant à l’évolution de la coopération entre les deux pays.

Par ailleurs, dans le but de faire rayonner le patrimoine culturel des deux pays, mais aussi de contrer l’extrémisme, les deux présidents ont convenu de proclamer 2021-2022 année de la culture tuniso-égyptienne. Celle-ci verra des manifestations culturelles et artistiques communes en Egypte et en Tunisie. Le président Sissi a souligné le rôle important de la culture dans la lutte contre l’extrémisme auquel font face les pays de la région. A cet égard, le président tunisien et le grand imam d’Al-Azhar ont convenu, lors de leur rencontre dimanche, de créer un comité conjoint pour la promotion de la culture islamique. Ils ont aussi jugé nécessaire d’intensifier la communication entre les deux pays, de relier l’ancienne mosquée de Zaytouna à Al-Azhar et d’élargir les espaces de rencontre et de dialogue dans le but de renforcer les principes de tolérance et de modération et de rectifier de nombreuses idées reçues qui dénaturent la véritable image des musulmans et de l’islam.

Soutien et concertations

« La sécurité nationale de l’Egypte relève de la sécurité nationale de la Tunisie, et la position de l’Egypte dans les instances internationales sera la même que celle de la Tunisie en ce qui concerne la répartition équitable des eaux du Nil », a déclaré le président tunisien, alors que le conflit autour du barrage éthiopien de la Renaissance s’enflamme suite à l’échec des négociations tripartites parrainées par l’Union africaine en raison de l’intransigeance de l’Ethiopie. Le président tunisien a réitéré son soutien aux efforts du président Sissi visant à trouver des solutions équitables. « Nous n’accepterons jamais une atteinte à la sécurité hydrique de l’Egypte et les solutions justes en rapport avec ce dossier ne doivent pas être trouvées au détriment de l’Egypte », a déclaré Kaïs Saïed. De son côté, le président Sissi a confirmé que la sécurité hydrique de l’Egypte relève de la sécurité nationale arabe. Il a tenu à saluer le rôle de la Tunisie en tant que membre arabe du Conseil de sécurité de l’Onu et les efforts qu’elle déploie pour soutenir les causes arabes. Par ailleurs, les deux dirigeants ont discuté des moyens de soutenir l’action africaine commune.

Concernant le dossier libyen, ils ont salué la récente formation de l’autorité exécutive en Libye, soulignant la nécessité d’activer le rôle des pays arabes dans cette crise. « Nous avions convenu d’apporter toutes formes de soutien à l’autorité exécutive libyenne de façon à lui permettre d’assumer son rôle dans la gestion de la phase de transition, d’organiser des élections comme prévu à la fin de cette année, de mettre un terme à l’ingérence étrangère et de cautionner le retrait de Libye de toutes les forces étrangères, des milices et des mercenaires afin de rétablir la stabilité du pays et préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale », a déclaré le président Sissi. Vision partagée par le président Saïed, qui a exprimé son souhait de voir la Libye continuer sur la bonne voie, rappelant l’opposition de la Tunisie et de l’Egypte à une éventuelle sécession dans ce pays.

Motifs de coopération

Le politologue Hassan Salama affirme que les deux pays ont intérêt à renforcer leur coopération. « L’Egypte et la Tunisie, qui ont connu le pouvoir des Frères musulmans et la montée du terrorisme, cherchent aujourd’hui à former un front uni contre le terrorisme et l’extrémisme. Les deux pays se partagent la même approche sur la stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Alors que l’Egypte a réussi à mettre en échec les complots des Frères musulmans visant la stabilité et l’identité du pays, la Tunisie est confrontée aujourd’hui au même défi, surtout que le parti d’Ennahda tente de faire échouer l’expérience démocratique en cours en Tunisie, d’où l’importance d’une coopération politique entre les deux pays. L’Egypte et la Tunisie ont les mêmes visions sur le dossier libyen. L’insécurité en Libye se répercute directement sur les deux pays qui partagent des frontières avec ce pays », explique Salama. Sur un autre volet, il indique que la position de la Tunisie soutenant l’Egypte dans le dossier du barrage éthiopien est importante en ce moment où les négociations sont dans l’impasse. « Même si la Tunisie n’a pas des relations directes avec l’Ethiopie lui permettant d’exercer des pressions au sujet du barrage, son statut en tant que membre non permanant au Conseil de sécurité de l’Onu représentant des pays arabes sera un soutien pour l’Egypte en cas de transfert du dossier au Conseil de sécurité, surtout que la Tunisie est membre de l’Union africaine », explique le politologue. Et d’ajouter que les résultats positifs de cette visite donneront une impulsion à la coopération bilatérale et consolideront la sécurité régionale.

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