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Egypte-Emirats : Coopération économique accrue et visions politiques communes

May Al-Maghrabi, Mercredi, 23 décembre 2020

Le président Sissi s’est entretenu cette semaine avec le prince héritier d’Abu-Dhabi des défis régionaux et de la coopération bilatérale. L’occasion de mettre l’accent sur le partenariat stratégique entre les deux alliés.

Egypte-Emirats : Coopération économique accrue et visions politiques communes
Le président Sissi a accueilli, mercredi 16 décembre, le prince héritier d’Abu-Dhabi au palais présidentiel d’Ittihadiya.

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, mercredi 16 décembre au Caire, le cheikh Mohamad Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier d’Abu-Dhabi et commandant suprême adjoint des forces armées des Emirats arabes unis. Il s’agit de la 23e rencontre entre les deux dirigeants depuis 2014, une rencontre qui s’inscrit dans le cadre « des relations stratégiques et fraternelles entre les deux pays pour poursuivre la coordination et les consultations sur les crises régionales comme sur la coopération bilatérale », comme a indiqué Bassam Radi, porte-parole de la présidence, dans un communiqué. Le président Sissi a salué « les relations distinguées et l’essor qualitatif qu’ont connus les relations égypto-émiraties au cours des dernières années sur les volets politique, économique, sécuritaire et militaire », selon le communiqué de la présidence. Les deux dirigeants ont échangé des informations sur les efforts conjoints de lutte contre le Covid-19. Une coordination qui intervient alors que la ministre de la Santé s’est rendue aux Emirats ce jeudi pour discuter de la livraison à l’Egypte d’une cargaison du vaccin anti-Covid-19 chinois.

Concernant la coopération économique, il a été convenu de développer ce partenariat, d’augmenter le taux d’investissements et d’échanges commerciaux entre les deux pays et de lancer des projets communs à la lumière des opportunités prometteuses existantes. Au sujet du domaine de l’énergie, le président Sissi a salué l’adhésion des Emirats au Forum du gaz de la Méditerranée orientale en tant qu’observateur. Ce forum, fondé en 2016 dans le but de créer une plateforme de coopération énergétique entre les pays de la Méditerranée orientale, regroupe l’Egypte, Chypre, la Grèce, l’Italie, la Jordanie, Israël et la Palestine. « Les Emirats arabes unis seront une valeur ajoutée à ce forum qui l’aidera à atteindre ses intérêts stratégiques et à renforcer la coopération entre ses membres », a estimé le président Sissi.

Echanges en hausse

La coopération entre les deux pays a connu un grand essor depuis la Révolution de 2013, l’Egypte est aujourd’hui le 6e partenaire commercial arabe des Emirats arabes unis et le 21e partenaire mondial, tandis que les Emirats arabes unis sont le 2e partenaire commercial arabe de l’Egypte et le 10e mondial. En novembre 2019, l’Egypte et les Emirats arabes unis avaient conclu un programme d’investissement commun à la hauteur de 20 milliards de dollars pour investir bilatéralement dans plusieurs secteurs, dont l’industrie, l’énergie, la communication, la technologie, l’alimentation, l’immobilier, le tourisme, les services logistiques et les infrastructures. Quant aux exportations égyptiennes vers les Emirats, elles ont augmenté de 86,4 % de 2015 à 2019, passant de 1,11 milliard de dollars à 2,07 milliards de dollars. Le taux des échanges commerciaux entre l’Egypte et les Emirats a atteint 5,5 milliards de dollars, alors que les investissements émiratis en Egypte sont à hauteur de 7,2 milliards de L.E.

Au niveau régional, l’évolution de la situation en Syrie, en Libye et au Yémen, ainsi que la cause palestinienne, le barrage de la Renaissance et la sécurité du Golfe, ainsi que celle de la mer Rouge ont été au menu de la rencontre. Des dossiers d’intérêt commun sur lesquels les deux pays se partagent la même vision dans la mesure où ils rejettent les ingérences étrangères aux affaires des pays arabes, ainsi que les tentatives de déstabiliser la région, comme ils l'ont souligné lors de leur rencontre. Le président Sissi a tenu surtout à réaffirmer la position ferme de l’Egypte en faveur de la sécurité du Golfe arabe qui « relève de la sécurité nationale de l’Egypte ». Saluant le rôle pivot de l’Egypte en tant que pilier de la sécurité et la stabilité régionales, le prince héritier a souligné, quant à lui, « l’importance en ce moment de la coordination continue avec l’Egypte sur les crises régionales auxquelles est confrontée la nation arabe et qui visent à déstabiliser la sécurité de la région », comme a prévu Al Nahyan.

Sur l’importance des consultations égypto-émiraties en ce moment, l’ambassadeur Mohamad Hégazi, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, explique qu’elles interviennent dans un contexte régional crispé que ce soit en Syrie, en Libye ou au Yémen et qui nécessite « la sagesse diplomatique de deux pays qui se partagent des visions similaires sur les moyens d’agir avec ces crises de façon à rétablir la stabilité régionale et à contrer les tentatives d’ingérences étrangères ». Selon Hégazi, le sort des négociations de paix sous la nouvelle Administration Biden est un autre dossier important qui nécessite la coordination interarabe. « Aussi, le sommet Sissi-Al Nahyan et l’engagement de l’Egypte à défendre la sécurité du Golfe ont envoyé un message fort et clair à l’Iran comme à la Turquie qui cherchent à déstabiliser la région, notamment sur fond de la crise que connaît la région du Golfe à cause de l’escalade israélo-iranienne », explique Hégazi, soulignant que le renforcement des relations avec les pays du Golfe est une priorité de la diplomatie égyptienne, notamment depuis 2014. Sur un autre volet, il indique que le sommet égypto-émirati a été aussi important pour se consulter sur les conditions de la réconciliation qui se prépare entre le Qatar et les pays arabes après plus de trois ans de boycott. « Il faut assurer que le Qatar, en retournant à son entourage arabe, ne reprendra pas ses politiques déstabilisatrices de la région, surtout son soutien au terrorisme, et c’est un enjeu commun de l’Egypte et des Emirats dans la guerre contre le terrorisme et l’extrémisme », ajoute le diplomate qui estime que, dans son ensemble, le contexte régional nécessite la coordination entre l’Egypte et les pays arabes.

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