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L’intransigeance est de mise

May Al-Maghrabi, Mardi, 30 juillet 2013

Lors d’un deuxième déplacement en moins de deux semaines, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a tenté de jouer les intermédiaires entre les islamistes et le nouveau pouvoir, sans résultat concret.

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Catherine Ashton s'est entretenue avec les forces politiques, y compris celles du courant islamistes. Ici avec le vice-président chargé des relations internationales, Mohamed ElBaradei.

L ’impasse politique dans laquelle se trouve l’Egypte quatre semaines après la destitution du président Mohamad Morsi ne semble pas se résoudre, et le spectre de la violence plane toujours à l’horizon. Alors que les partisans du président déchu Mohamad Morsi appellent à de nouvelles manifestations pour réclamer son retour au pouvoir, les nouvelles autorités menacent d’employer des mesures « décisives et fermes » contre quiconque « outrepasse son droit à l’expression pacifique ».

C’est dans ce contexte que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton est revenue au Caire lundi, sa deuxième visite en moins de deux semaines, pour rencontrer des membres du gouvernement et de l’opposition. Mais sa mission qui vise à promouvoir l’idée d’une transition « englobant les Frères musulmans » semble encore très loin de la réalité.

Les islamistes, qui refusent tout dialogue avec le nouveau pouvoir qu’ils jugent illégitime, sont déterminés à poursuivre leurs manifestations et sit-in, qu’ils observent depuis un mois au Caire et à Guiza, malgré deux affrontements meurtriers avec les forces de l’ordre qui ont coûté la vie à 81 des leurs samedi dernier et à 53 autres trois semaines plus tôt.

« Descendez dans la rue et sur les places pour reconquérir votre liberté et votre dignité usurpées par un coup d’Etat sanglant et pour les droits des martyrs assassinés par les balles », du nouveau pouvoir, a exhorté une coalition islamiste menée par les Frères, faisant redouter de nouveaux bains de sang.

Catherine Ashton a vu le président intérimaire Adly Mansour, son vice-président chargé des relations internationales, Mohamed ElBaradei, et le chef de l’armée, le général Abdel-Fattah Al-Sissi. Elle a aussi eu des entretiens avec des membres de formations islamistes proches de l’ex-président Morsi.

A sa sortie de la réunion, la délégation islamiste a exhorté les autorités à « envoyer des messages pour calmer » la situation. Mais il « n’y a pas d’initiative de la part de Mme Ashton ou de la nôtre. Elle n’a fait qu’écouter ce que nous avions à dire depuis sa dernière visite » au Caire, le 17 juillet, a déclaré un responsable islamiste présent, Mohamad Bechr. Un porte-parole des Frères musulmans a affirmé que le mouvement accepterait « toute initiative », mais à condition « qu’elle soit fondée sur la restauration de la légitimité et l’annulation du coup d’Etat ».

Rien n’a filtré de sa rencontre avec les responsables du mouvement Tamarrod (rébellion), à l’origine des manifestations monstres du 30 juin qui ont précédé l'intervention militaire ayant destitué Mohamad Morsi.

Un responsable du mouvement a tenu un langage sans concessions à l’issue de la rencontre. Mahmoud Badr dit avoir présenté trois demandes à la diplomate européenne : reconnaître la légitimité de la « révolution » du 30 juin (ayant abouti à la destitution de Morsi) et de la feuille de route de la transition, l’évacuation des sit-in « armés » des partisans du président déchu, et la traduction à la justice de toute personne impliquée dans la violence et les meurtres.

Les représentants de Tamarrod, qui a « mandaté » le chef de l’armée de lutter contre le « terrorisme », rejettent catégoriquement l’idée d’un « marché » assurant une « sortie sûre » au régime islamiste.

Or, c’est vraisemblablement un tel marché qui aurait été proposé par Ashton au président déchu avec lequel elle s’est entretenue lundi lors d’une rencontre qu’elle s’est vu refuser lors de sa précédente visite au Caire le 17 juillet : un appel à l’arrêt des manifestations contre une levée des poursuites judiciaires contre lui et ses acolytes. A l’heure de l’impression du journal mardi matin, rien n’avait encore officiellement filtré de cet entretien qui a duré deux heures sur le lieu où l’ex-président est détenu au secret.

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