Poste de président du parti vacant, appel à des élections anticipées, recours devant la justice, des crises en cascade frappent en ce moment le parti du néo-Wafd. Les membres du parti sont divisés sur la participation aux prochaines élections du Conseil des députés sur la liste du parti Mostaqbal Watan, regroupant 12 partis. Or, pour certains Wafdistes, la représentation du néo-Wafd sur cette liste (6 candidats) ne reflète pas le poids d’un parti centenaire. Et ce, alors que le président du parti, Bahaa Abou-Choqqa, insiste sur le fait de disputer les élections sur cette liste qui, selon lui, a été créée avec l’accord du bureau politique du parti. Dans une tentative de contenir la crise, Abou-Choqqa a annoncé avoir renoncé à son poste le 17 octobre et a appelé à tenir des élections anticipées. « Ma décision émane de ma volonté de préserver le parti et d’éviter le chaos », a déclaré Abou-Chouqqa dans un communiqué. D’ailleurs, le bureau politique a présenté un recours devant l’Autorité nationale des élections pour retirer Al-Wafd de la liste de Mostaqbal Watan et un autre recours devant la Cour administrative qui a accepté le recours au niveau du fond et l’a rejeté au niveau de la forme. Salah Fawzi, professeur de droit constitutionnel, explique que, conformément à la loi, « si le recours est refusé au niveau du fond, par le tribunal administratif, il peut être renvoyé devant la Haute cour administrative. Si le recours est accepté, la liste en question sera écartée des élections », affirme Fawzi.
Divergences
Mohamad Abdou, membre du bureau politique du Néo-Wafd, défend le refus du parti de disputer les élections sur cette liste. « Nous avons au départ accepté de faire partie de cette liste à condition que le parti y soit représenté par au moins 40 candidats. Mais nous avons été choqués d’apprendre que seuls 6 candidats wafdistes disputeront les élections. Pire encore, parmi les 13 femmes qui se disputent les élections sur cette liste, 5 seulement sont membres du parti. Tandis que les autres suivent Mostaqbal Watan. Ce choix a été fait sans consultation préalable avec les membres du bureau politique du parti comme l’exige le règlement interne », fustige Abdou, soulignant que les membres du bureau ne permettront pas que le scénario des élections du Conseil consultatif se répète. Le néo-Wafd n’y avait été représenté que par 6 candidats. Tous les candidats du parti qui se présentaient dans le scrutin individuel ont échoué. Un échec que Abdou attribue à l’argent politique puisque, selon lui, « seuls les membres capables de verser de grandes sommes ont été inclus à cette liste », explique-t-il.
En revanche, le député wafdiste Soliman Wahdan, candidat sur la liste, ne trouve pas que la présence du parti dans cette coalition électorale lui porte atteinte. « Bien au contraire, la coalition représente une expérience réussie. Par ailleurs, la représentation du parti n’est pas faible. 88 membres du parti participent aux élections au scrutin individuel et ce sont leurs résultats qui détermineront le poids du parti », défend Wahdan. Hani Serry-Eddine, vice-président du parti, appelle, lui, à traiter l’affaire avec plus de pragmatisme. « Je souhaite moi aussi que le néo-Wafd brigue les élections avec une liste purement wafdiste, mais le temps limité et les moyens financiers du parti ne lui permettent pas de se présenter en dehors d’une coalition électorale », estime Serry, qui rejette en revanche le boycott des élections, ce qui obligerait le parti à s’éloigner de la scène politique pendant les 5 prochaines années.
Maux chroniques
Ce conflit vient mettre au grand jour les dissensions au sein du néo-Wafd qui remontent à plusieurs années. Ramy Mohsen, spécialiste des affaires parlementaires, pense que la crise du parti est très symptomatique de la scène politique égyptienne hormis Mostaqbal Watan. « La majorité des partis politiques sont en proie à des divisions internes et leur présence sur la scène politique est plutôt pâle », dit-il. Et d’ajouter : « Les partis politiques, dont le néo-Wafd, souffrent de fragmentation et de faiblesse. La majorité d’entre eux ne s’adressent à la rue qu’au moment des élections et ne disposent pas de bases populaires solides. D’ailleurs, à cause du manque des ressources financières, les partis anciens et nouveaux tolèrent l’adhésion des hommes d’affaires, même si leurs idéologies ne sont pas toujours en accord avec celles du parti. Ce qui donne lieu à des luttes pour le pouvoir au sein du parti ». Il donne l’exemple de Sayed Al-Badawi, célèbre homme d’affaires, qui a présidé le parti du néo-Wafd entre 2010 et 2018. Il a été accusé de dévier le parti de sa ligne politique en y intégrant d'anciens membres du Parti national démocrate dissous. Concernant le sort du néo-Wafd, Abdou souhaite que les prochaines élections du parti permettent de choisir « un président du parti fidèle à ses principes et capable de redresser la barre ».
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