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Egypte-UE : Coopération stratégique

May Al-Maghrabi, Mercredi, 09 septembre 2020

La crise libyenne, le processus de paix et la sécurité méditerranéenne, tels ont été des dossiers au menu des discussions, au Caire, entre le chef de la diplomatie de l’UE et le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Une visite qui accentue le partenariat stratégique égypto-européen.

Egypte-UE : Coopération stratégique

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a accueilli, jeudi 3 septembre au Caire, le haut représentant de l’Union Européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, en présence du ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, et de l’ambassadeur de l’UE au Caire, Ivan Surkos. Borrell s’est aussi entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense, Mohamad Zaki, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul-Gheit.

La rencontre entre le président Sissi et le chef de la diplomatie de l’UE a mis l’accent sur le partenariat stratégique entre l’Egypte et l’UE. « Une importante visite au Caire a commencé par un échange approfondi avec le président Sissi. L’UE tient à renforcer ses relations et à coopérer avec l’Egypte sur les dossiers d’intérêt commun vu son rôle-clé dans la région et son poids politique aux niveaux régional et international », a déclaré le chef de diplomatie européenne à la suite de la rencontre, qualifiant ce partenariat entre l’Egypte et l’UE de « stratégique ». De son côté, le président Sissi a souligné la profondeur des relations entre l’Egypte et l’UE qui envisage des défis communs, notamment en Libye et en Méditerranée, d’autant plus que l’Union européenne est le plus grand partenaire commercial de l’Egypte. C’est le premier voyage du chef de la diplomatie européenne au Caire depuis sa prise de fonction en 2019. Au menu, des discussions sur les relations bilatérales et le partenariat entre l’Union européenne et l’Egypte dans divers domaines politique, économique et sécuritaire, ainsi que sur des questions régionales. Selon Bassam Radi, porte-parole de la présidence, les pourparlers ont porté sur la crise en Libye, le processus de paix et la sécurité en Méditerranée, les efforts de la lutte contre le terrorisme et sur le barrage de la Renaissance.

Le principal sujet de préoccupation de cette visite a été la crise libyenne sur fond de l’annonce, le 21 août, d’un cessez-le-feu. Avant sa visite en Egypte, le chef de la diplomatie de l’Union européenne s’était rendu mardi 1er septembre en Libye pour tenter de consolider le cessez-le-feu entre le Gouvernement d’union nationale à Tripoli et l’Armée nationale libyenne. Accordant une attention particulière à ce dossier, le président Sissi et Borrell ont passé en revue les derniers développements et les efforts déployés en vue d’assurer une paix durable en Libye. A cet égard, le président Sissi a souligné le soutien de l’Egypte au règlement politique de la crise libyenne loin de toute ingérence étrangère et a mis en garde contre le danger des milices armées. Il a de même valorisé les efforts des envoyés internationaux en Libye, des conférences internationales, du processus de Berlin et de la Déclaration du Caire allant dans ce sens. De son côté, Borrell a estimé que le rôle que joue l’Egypte assure l’équilibre sur le dossier libyen et a « apprécié les efforts égyptiens destinés à relever les défis régionaux affectant la sécurité et la stabilité en Méditerranée », comme a rapporté Radi. Parmi ces efforts, il a cité l’accueil de l’Egypte de millions de réfugiés, la lutte contre l’immigration illégale, la lutte contre le terrorisme, ainsi que pour l’établissement de la paix au Moyen-Orient.

Le processus de paix a été aussi l’un des dossiers prioritaires discuté. Sissi et Borrell ont jugé nécessaire d’intensifier les efforts internationaux pour la reprise des discussions dans le but de parvenir à un règlement juste et global de la question palestinienne.

Concernant le barrage de la Renaissance, le président Sissi a confirmé à son hôte le rattachement de l’Egypte à parvenir à un accord juridique équilibré sur le remplissage et l’exploitation du barrage, garantissant les droits de toutes les parties, surtout que l’eau est pour l’Egypte une « question de vie qui relève directement de sa sécurité nationale ». Des craintes que partage l’UE, selon Borrell.

Deux priorités : La Libye et les tensions en Méditerranée

Le représentant de l’UE s’est aussi entretenu avec le ministre de la Défense, le général Mohamad Zaki, des défis sécuritaires affectant l’Egypte et l’UE ainsi que de la coopération conjointe dans le domaine de la défense. Les deux parties sont convenues de « l’importance du partenariat militaire entre l’Egypte et l’UE pour assurer la stabilité et la sécurité des peuples des deux rives de la Méditerranée », selon le communiqué du ministère de la Défense. « Le cessez-le-feu n’a pas été respecté en Libye et l’UE fait de son mieux pour interdire la vente d’armes à la Libye et lancer une campagne contre l’afflux des armes à ce pays. On a envoyé plusieurs rapports à l’Onu sur le taux de cet afflux d’armes et on attend sa décision », a fustigé Borrell, lors d’une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie égyptienne. « Nous devons aussi oeuvrer à diminuer l’escalade en Méditerranée orientale, où les développements actuels sont très préoccupants, il faut plutôt opter au dialogue », a dit le représentant de l’UE. De son côté, Choukri a indiqué que l’Egypte coordonne avec l’UE pour arrêter les ingérences étrangères en Libye et parvenir à un règlement pacifique conformément à la Déclaration du Caire et des résultats de la Conférence de Berlin. « Les interventions turques en Libye et en Méditerranée orientale préoccupent l’Egypte et l’UE et il est nécessaire d’y reprendre la stabilité », a insisté Choukri.

Le politologue Tarek Fahmy souligne l’importance du timing de la visite du chef de la diplomatie de l’UE, qui intervient deux semaines après l’annonce d’un cessez-le-feu en Libye, mais aussi sur fond d’extrême tension en Méditerranée orientale entre Ankara et Athènes à cause des abus turcs et sur fond de menaces de l’UE d’imposer des sanctions contre Ankara. « A la lumière de ces développements pesant sur la sécurité des pays de la Méditerranée et vu les positions et les intérêts mutuels que partage l’Egypte avec l’UE, ce dernier compte désormais sur le partenaire égyptien pour résoudre le différend en Méditerranée orientale et la crise libyenne », estime Fahmy. Il enrichit qu’en comptant sur l’Egypte pour résoudre ses dossiers, l’UE mise sur le poids militaire et politique de l’Egypte dans la région méditerranéenne. « Que ce soit en matière de lutte contre le terrorisme ou l’immigration clandestine, l’Egypte a un rôle important. Elle a déployé de gros efforts pour y faire face en coopérant volontairement avec l’UE sans rien demander en contrepartie, et ce, à l’encontre de la Turquie, qui a utilisé la crise migratoire comme une carte de chantage pour l’Europe », étaye Fahmy. Il juge la visite « fructueuse dans la mesure où elle a pu cristalliser une vision commune sur les actions futures concernant ces deux dossiers cruciaux pour l’Egypte relevant de sa sécurité nationale, et pour l’UE ».

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