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Sénat: Mostaqbal Watan domine

May Al-Maghrabi, Lundi, 24 août 2020

Les résultats des élections du Sénat assurent la prédominance du parti Mostaqbal Watan. Tenu dans des conditions exceptionnelles marquées par les craintes concernant le Covid-19, le premier tour a vu un taux de participation de 14,23% et une concurrence limitée.

Sénat  : Mostaqbal Watan domine
En dépit de la situation pandémique, 8,9 millions d'électeurs ont voté au premier tour des élections du Sénat.

La liste unique de la coalition électorale dirigée par le parti Mostaqbal Watan, regroupant 11 partis, a remporté la victoire au premier tour des élections du Conseil consultatif, tenues du 9 au 12 août, après avoir atteint le seuil des 5% réclamé par la loi, selon les résultats annoncés par le conseiller Lachine Ibrahim, président de l’Autorité Nationale des Elections (ANE), lors d’une conférence de presse tenue mercredi 19 août à Maspero. Représenté sur cette liste par 59 candidats, Mostaqbal Watan, créé en 2014, assure ainsi une majorité au conseil aboli en 2012 et reconstitué, en vertu des amendements constitutionnels de 2019 par la loi numéro 141 pour l’année 2020 promulguée en juin dernier. Pour le scrutin individuel, 74 candidats, dont une majorité de Mostaqbal Watan, ont remporté les élections au premier tour après avoir obtenu 50%+1 des voix, alors que 26 sièges dans 14 gouvernorats n’ont pas été tranchés. Un second tour leur sera consacré les 6 et 7 septembre pour les Egyptiens à l’étranger et les 8 et 9 septembre en Egypte. Les résultats finaux seront annoncés le 16 septembre. « En dépit des conditions difficiles dans lesquelles ont été tenues les élections, vu la situation pandémique à cause du Covid-19 et la chaleur, le premier tour a vu un taux de participation de 14,23 % des Egyptiens parmi 63 millions d’électeurs, soit 8,959 millions de voix dont 7,578 millions valides (84% des voix) et 1,381 million nulles », a indiqué Ibrahim, soulignant que le vote par courrier a facilité la participation des Egyptiens à l’étranger. A l’intérieur, Ibrahim a affirmé que l’Etat avait assuré les mesures préventives, procédurales et sécuritaires afin de faciliter le vote et d’assurer des élections transparentes, précisant que 18000 juges ont surveillé le scrutin. Pour ce qui est de la régularité du processus électoral, Ibrahim a indiqué qu’aucun problème n’avait été relevé, excepté un retard dans l’ouverture de certains bureaux de vote. « L’ANE a reçu certaines plaintes en ce sens, mais a constaté que cela n’affectait pas la régularité du processus électoral », a-t-il ajouté.

Le Sénat compte 300 députés, un tiers élu dans le scrutin de liste fermée absolu, un tiers dans le scrutin uninominal, alors que le tiers restant sera nommé directement par le président de la République. Par ailleurs, la femme y dispose d’un quota de 10%. 797 candidats indépendants de différents courants politiques, dont 91 femmes, se disputaient 100 sièges dans 27circonscriptions au niveau du pays tandis que la liste unique, baptisée « la liste nationale unifiée pour l’Egypte », s’est présentée dans 4 circonscriptions pour les 100 sièges réservés au scrutin à liste fermée majoritaire.

Indices révélateurs

Concernant la représentation des partis au nouveau conseil à la lumière des résultats annoncés, Rami Mohsen, directeur du Centre national des recherches et des consultations parlementaires, indique que le parti Mostaqbal Watan, créé en 2014 et qui avait réussi en un peu de temps à élargir ses bases, a assuré une majorité que ce soit au scrutin de liste ou individuel, suivi par le parti du Peuple républicain, un nouveau-né également. En revanche, les anciens partis n’ont pas fait bonne figure: le néo-Wafd n’a remporté que 2 sièges sur la liste unifiée et 1 sur la liste individuelle, le parti du Rassemblement (gauche) n’a remporté que 2 sièges sur la liste unifiée. Un résultat qui, selon lui, devrait conduire les autres partis politiques à revoir leurs calculs, notamment à l’approche des élections du Conseil des députés qui doivent se tenir dans quelques mois. « Le véritable problème a été la quasi-absence d’une véritable concurrence entre les différents partis qui assument la responsabilité de cette scène électorale », estime Mohsen qui impute la faiblesse du taux de participation à la mauvaise gestion des partis. « La participation est en deçà de l’importance du retour du Sénat et de son rôle. Les partis n’ont pas assez mobilisé les électeurs et les campagnes électorales étaient limitées vu la situation pandémique. A cela s’ajoute que les partis n’ont pas réussi à choisir des candidats ayant des bases populaires ou un rôle politique remarquable, ce qui a donné lieu à la confusion de l’électeur qui se trouvait, au scrutin individuel, devant une longue liste de candidats qui lui sont majoritairement inconnus. D’où le grand nombre des voix invalides, (1,381 million de voix) », décrypte Mohsen. La faiblesse de la participation s’explique aussi, selon lui, par la nature des élections du Sénat, qui n’intéresse pas la rue outre mesure, vu que son rôle ne touche pas directement les intérêts du citoyen comme c’est le cas pour le Conseil des députés. La leçon à tirer, selon lui, est qu’il est temps que les petits partis de même idéologie fusionnent. « Mieux vaut avoir une dizaine de partis influents qu’une centaine dont une majorité inconnue et inefficace. Les anciens partis sont aussi appelés à redynamiser leur exercice politique », souhaite Mohsen.

Sur un autre volet, il reproche aux partis de ne pas soutenir les femmes candidates au scrutin individuel. « Il est désolant qu’aucune des 91 candidates n’ait été élue, et ce, alors que les amendements constitutionnels ont insisté sur l’autonomisation politique de la femme en lui consacrant un quota au parlement avec ses deux chambres. Une position négative que les partis doivent méditer », estime Mohsen.

En revanche, Amr Darwich, membre de la Coalition des jeunes des partis, se félicite d’un taux de participation « satisfaisant » par rapport aux précédents scrutins, rappelant que le taux de participation aux dernières élections du Conseil consultatif en 2012 a été de 12,75%. « Il y a eu une importante participation des jeunes et des femmes, qui ne s’intéressaient pas autrefois à la politique. C’est un indice très positif sur la conscience politique des jeunes, moteurs de la vie politique », juge Darwich.

Reste à dire que le second tour sur les 26 sièges restants ne changera pas beaucoup la composition du Sénat, et le véritable pari concernera l’exercice des nouveaux députés. Ceux-ci vont prêter serment pour un mandat de 5 ans en octobre prochain, lors de la première session du nouveau conseil .

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