Lors d'une conférence de presse, l'Autorité nationale des élections annonce le calendrier et les procédures des élections du Conseil consultatif.
Le dépôt des candidatures pour les élections du Conseil consultatif a commencé samedi 11 juillet et jusqu’au 18 juillet. Tandis que les partis politiques se concertent au sujet d’éventuelles coalitions électorales, l’Autorité Nationale des Elections (ANE) finalise les procédures liées au scrutin. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi avait ratifié la semaine dernière la modification des lois électorales afin de les adapter aux amendements constitutionnels de 2019. Il s’agit des lois sur l’exercice des droits politiques, sur le Conseil consultatif, et sur le Conseil des députés ainsi que la loi sur l’ANE (voir entretien).
Selon le calendrier annoncé par Lachine Ibrahim, président de l’ANE, les électeurs sont appelés à se rendre aux urnes pour élire le Conseil consultatif les 11 et 12 août. Un deuxième tour aura lieu, si nécessaire, les 8 et 9 septembre. Les expatriés égyptiens voteront les 9 et 10 août et les 6 et 7 septembre pour le second tour. Les élections se tiendront sous contrôle judiciaire et les ONG sont autorisées à les superviser. « Par ailleurs, des mesures de prévention strictes contre le coronavirus seront prises pendant les élections. Les électeurs devront porter des masques et respecter la distanciation sociale », a indiqué Lachine Ibrahim, lors d’une conférence de presse, soulignant qu’aucune réunion n’est autorisée pour les campagnes électorales qui se limiteront aux réseaux sociaux.
Aboli en 2012, le Conseil consultatif a été rétabli en vertu des amendements constitutionnels d’avril 2019. Une mesure saluée par les forces politiques qui soulignent l’importance de ce retour. « Le Conseil consultatif a toujours inclus des experts et des statures dans plusieurs domaines et sa suppression n’était pas une bonne décision », estime le député Ihab Al-Tamoui, membre de la commission des lois au Conseil des députés. En vertu de l’article 8 de la loi, le conseil sera consulté sur tout amendement de la Constitution ou sur les projets de loi complémentaires de la Constitution, déférés par le président de la République ou le président du parlement. Il sera également consulté sur les traités de paix et les accords ayant trait à la souveraineté du pays.
Le président de la République peut également demander l’avis du conseil sur les questions ayant trait à la politique générale de l’Etat et sa politique arabe et étrangère.
Le Conseil consultatif, dont le mandat sera de cinq ans, se compose, en vertu de la loi, de 300 membres dont un tiers est élu au scrutin de liste fermée, un tiers au scrutin individuel et un tiers nommé directement par le président de la République. D’ailleurs, conformément aux amendements constitutionnels, la loi consacre un quota de 10 % des sièges aux femmes, alors que celle sur le Conseil des députés lui consacre 25 %. Les élections se dérouleront au scrutin individuel dans 27 circonscriptions et au scrutin de liste dans 4 circonscriptions (4 listes dont 2 comporteront 15 candidats et les 2 autres 35 candidats). La liste de 15 candidats doit inclure au moins 3 femmes, et chaque liste de 35 candidats doit inclure au moins 7 femmes. Par ailleurs, il est interdit au candidat en cas de réussite de changer l’identité avec laquelle il a été élu ou d’adhérer à un parti outre celui au sein duquel il a brigué les élections. Sinon, son élection sera invalidée. Le candidat doit être de nationalité égyptienne, avoir un diplôme universitaire et un cadre judiciaire vierge. Il doit avoir effectué son service militaires et jouir des pleins droits politiques et civils.
Concertations électorales
323 candidats indépendants ou membres de partis politiques ont déposé leurs dossiers de candidature dans les circonscriptions à scrutin de liste et celle à scrutin individuel, selon l’ANE, alors que les partis politiques se concertent pour former des listes consensuelles. Ainsi, le parti Mostaqbal Watan (Avenir d’une nation), parti majoritaire au Conseil des députés, a annoncé avoir formé une plateforme électorale commune avec 15 autres partis dont le Néo- Wafd, le Rassemblement, les Egyptiens Libres, le Peuple républicain, le Congrès et Al-Ghad.
« Notre coalition présentera des listes fortes et cohérentes », indique Achraf Rached, cadre du parti, ajoutant que cette coordination concerne aussi les sièges du scrutin individuel pour éviter « l’infiltration des Frères musulmans et leurs partisans ». En revanche, les partis du « mouvement civil » n’ont pas pu s’accorder sur la formation d’une plateforme concurrente, lors de leur réunion du 10 juillet. Ce mouvement regroupe certaines figures de proue de l’opposition. « La date des élections est très proche et ne laisse pas la possibilité aux partis de créer des coalitions. C’est pourquoi nos candidats ont décidé de se présenter sur les listes d’autres coalitions et avec à leur tête celle de Mostaqbal Watan », indique Mohamad Anouar Al-Sadate, président du parti de la Réforme et du développement, avouant que beaucoup de partis ne disposent pas du financement nécessaire.
Professeur de Sciences politiques à l’Université du Caire, Tarek Fahmy affirme que le scrutin de liste fermée favorise davantage la coordination entre les partis, mais cette tâche sera ardue en présence de plus d’une centaine de partis aux poids et aux couleurs différents. Il ajoute que, théoriquement, la représentation proportionnelle sur les listes devrait être établie en fonction du poids de chaque parti. « Mais vu la faiblesse dont souffrent la plupart des nouveaux partis, ces derniers peinent à trouver une place aux côtés des partis traditionnels et des grands partis », constate-t-il. Et d’ajouter que « les petits partis et ceux de l’opposition sont appelés à former des listes concurrentes, ce qui donnera lieu à une plus grande concurrence électorale », conclut Fahmy.
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