Tandis que le nombre d’infections au coronavirus continue d’augmenter se rapprochant du seuil des 60000 contaminations, le gouvernement déploie des efforts intenses afin de faire face à la pandémie. Ainsi, l’Egypte a vu cette semaine l’ouverture du premier hôpital de campagne, construit en seulement 15 jours grâce à une coopération entre l’Organisme de génie des forces armées et l’Université de Aïn-Chams. L’hôpital, inauguré le 18 juin, s’étend sur une superficie de 4500m2 au sein du campus numéro 2 de l’université. Il se compose de deux tentes géantes pouvant accueillir 200 lits. L’hôpital, qui relève du ministère de l’Enseignement supérieur, est doté d’un service de soins intensifs qui comprend 11 lits équipés de ventilateurs. Il comprend également 8 blocs opératoires et des espaces pour recevoir les patients. « Cet hôpital recevra les patients qui présentent des symptômes modérés ou légers et qui ne peuvent pas être isolés chez eux », souligne le ministre de l’Enseignement supérieur, Hossam Abdel-Ghaffar. Ceci permettra de libérer des places dans les hôpitaux ordinaires pour recevoir les cas les plus sévères. A l’instar des autres hôpitaux universitaires, l’hôpital est relié à la base de données du ministère de la Santé. Cette base de données permet de déterminer le lieu le plus proche où le patient peut être transféré. « L’hôpital fournit aux malades du Covid-19 des soins complets conformément aux protocoles approuvés par le ministère de la Santé », affirme le ministre. Et de souligner qu’il y a « une coordination entre les hôpitaux universitaires et les hôpitaux publics pour faire face à la pandémie de coronavirus ».
Avec la construction de cet hôpital, l’Egypte passe à une nouvelle étape de la lutte contre le virus. « Pour le moment, les capacités du système hospitalier sont suffisantes, mais avec la progression du nombre de contaminations, le gouvernement doit prévoir des solutions et être prêt aux scénarios les plus difficiles, car nous ne sommes pas encore arrivés au pic de la maladie. C’est là l’un des objectifs de cet hôpital », affirme le Dr Amgad Al-Haddad, directeur du Centre d’allergie et d’immunologie à l’Institut de vaccination (VACCERA). Et d’ajouter: « C’est une très bonne démarche qui doit être généralisée à toutes les universités d’Egypte ». Les hôpitaux de campagne constituent une solution idéale au temps du coronavirus, car ils sont bon marché et peuvent être montés très rapidement. Tous les pays y ont eu recours depuis l’avènement de la pandémie. Ainsi, des hôpitaux de campagne ont vu le jour aux Etats-Unis, en France, en Suède et à Dubaï. A New York par exemple, où il y a un grand nombre de malades, un grand hôpital de campagne a été érigé. Ce genre d’hôpitaux était à l’origine utile en temps de guerre, mais il est de plus en plus utilisé pour faire face aux catastrophes. « Nous avons constaté que certaines personnes contaminées peuvent rester chez elles, mais qu’elles ont besoin d’un suivi médical. Ces hôpitaux répondent parfaitement à cette demande. Ils sont bien équipés du point de vue médical et sont dotés des plus récents moyens technologiques », explique le Dr Haddad.
L’Egypte comptait, en 2018, 1848 hôpitaux dont 1157 hôpitaux privés (62,6%) et 691 hôpitaux publics (37,4%), selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS). Environ 20% des capacités hospitalières sont consacrées aux malades du coronavirus.
Sensibiliser les malades
chroniques
Mais parallèlement à ces efforts, le gouvernement tente d’encourager les personnes souffrant de maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension ou les allergies pulmonaires, à suivre leur état de santé de manière régulière afin de réduire les risques d’une contamination au coronavirus. « Les maladies chroniques sont un facteur qui accompagne les décès dus au Covid-19 dans le monde entier. Au cours des trois derniers mois, nous avons remarqué une diminution de 38 % des traitements de ces maladies dans les hôpitaux et les centres médicaux de l’Etat, ce qui signifie un affaiblissement du système immunitaire chez de nombreux citoyens, les mettant ainsi en danger de contracter le coronavirus, même si le virus est moins virulent qu’avant », a déclaré Hala Zayed, ministre de la Santé et de la Population. C’est dans ce contexte que le ministère a relancé, le 20 juin, l’initiative « 100 millions de santé », qui a déjà réussi contre l’hépatite C. De nombreux malades rechignent à se rendre dans les établissements sanitaires de peur d’être contaminés au coronavirus. Le ministère de la Santé a créé des passages sécurisés dans les cliniques externes des hôpitaux, afin d’éviter tout contact entre les patients contaminés au Covid-19 et les patients non contaminés. Des convois médicaux seront par ailleurs envoyés dans les centres de jeunesse des quartiers et des villages, afin de sensibiliser les personnes souffrant de maladies chroniques et de leur fournir les soins nécessaires. Hala Zayed a également appelé le personnel médical et infirmier à la retraite à se joindre à l’initiative et à participer au suivi des patients atteints de maladies chroniques.
La première phase de cette initiative débutera dans 8 gouvernorats, à savoir Le Caire, Guiza, Qalioubiya, Fayoum, Ménoufiya, Charqiya, Alexandrie et Béheira.
Ces initiatives pour contrer le coronavirus sont d’autant plus importantes que le gouvernement a lancé un plan prudent de retour à la vie normale. « Le plan de l’Etat consiste à avancer prudemment étape par étape et à s’adapter selon les circonstances », explique Mohamad Khalil Zayed, président de la commission de la santé au Conseil des députés. Il pense que la situation est sous contrôle et que le nombre de contaminations commencera à baisser dès la fin juin. Le gouvernement agit sur deux volets parallèles. D’une part, renforcer les mesures destinées à faire face à la maladie et, d’autre part, appliquer le plan prudent et progressif de retour à la normale, afin de ne pas exposer des millions de personnes qui ont été affectées par le virus à la détresse.
Le conseiller Nader Saad, porte-parole du Conseil des ministres, a annoncé cette semaine que les clubs sportifs ont l’autorisation de recevoir les cotisations des membres en prévision de leur réouverture. Le gouvernement envisage également la réouverture des lieux de culte à partir du 1er juillet dans les gouvernorats les moins touchés par le Covid-19, et en fonction de l’évolution de la situation sanitaire .
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