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Place Tahrir, une nouvelle histoire

Chaïmaa Abdel-Hamid, Samedi, 29 février 2020

Un obélisque, des sphinx et des palmiers ornent désormais Tahrir. Des travaux qui s’inscrivent dans le cadre du plan de réaménagement souhaité par l’Etat pour lui redonner sa place dans Le Caire historique.

Place Tahrir, une nouvelle histoire

Ouvriers et ingénieurs sont à pied d’oeuvre place Tahrir. Ils sont des dizaines à travailler 24h sur 24 pour achever les travaux de rénovation de la place d’ici fin février comme prévu. Selon le gouvernement, déjà 90 % des travaux de réaménagement ont été réalisés.

Un obélisque de 17 m de haut et de 90 tonnes datant de l’époque de Ramsès II s’élève désormais sur le rond-point au coeur de la place. Il sera entouré par quatre Sphinx à tête de bélier, transporté du temple de Karnak à Louqsor et entouré d’une fontaine circulaire et de 3 rangs de bancs, sur lesquels 2 000 personnes pourront s’asseoir.

Toujours pour rester dans l’ambiance pharaonique, des plantes de cette période, dont 600 oliviers, 150 palmiers dattiers, des caroubiers et des papyrus orneront la place. « Un musée à ciel ouvert sera créé du pont Qasr Al-Nil jusqu’au Musée égyptien. Des pièces antiques y seront exposées », a déclaré Walid Emara, superviseur des travaux de réaménagement.

Pour continuer d’embellir cette place emblématique, les bâtiments situés autour, tels la mosquée de Omar Makram, le bâtiment du Mogammaa, le Musée égyptien et le bâtiment historique qui abritait autrefois le ministère des Affaires étrangères seront aussi restaurés. Un nouveau système d’éclairage sera mis en place, les bâtiments repeints et les rues pavées. Un travail qui a été confié à la société Son et Lumière, spécialisée dans l’éclairage des sites archéologiques. « L’entreprise a achevé l’éclairage du Musée égyptien et de la plupart des façades donnant sur la place », a affirmé Mohamad Abdel-Aziz, directeur de l’entreprise. « L’éclairage des endroits restants devrait être achevé dans quelques jours. C’est au total 10 000 unités, d’un coût de 60 millions de L.E. », a-t-il indiqué.

Diversité des styles

La place réaménagée ressemblera bientôt à un vrai chef-d’oeuvre architectural et patrimonial, s’inscrivant dans le plan de développement du Caire historique. Un plan qui vise à redonner à cette place et ses alentours un style digne de sa valeur historique et emblématique.

Aménagée il y a 150 ans, la place Tahrir a toujours occupé une place importante au fil des décennies étant située au coeur du Caire. Mais surtout elle a été témoin de grands événements historiques depuis la Révolution de 1919, celle de Janvier 2011 et enfin la Révolution de 30 Juin 2013. D’ailleurs, la place Tahrir porte les marques des régimes successifs. Il n’y a qu’à regarder les différents styles architecturaux du grand bâtiment administratif de Mogammaa à l’allure soviétique, de la Ligue arabe et ses motifs islamiques, de l’hôtel Hilton et son style moderne ou encore des bâtiments datant du XIXe siècle. D’où l’importance du plan de réaménagement qui vient d’être réalisé, comme l’affirme Haïdi Chalabi, directrice du département général de la préservation du patrimoine de l’Organisme de coordination civilisationnelle. Elle souligne que ce plan vise à redonner à ce lieu son caractère historique et à y éliminer tout ce qui l’a entaché au fil des décennies. « C’est pourquoi toutes les façades extérieures des bâtiments et des magasins entourant la place ont été repeintes en beige et marron, pour avoir une apparence cohérente », indique-t-elle, ajoutant que le plan de réforme a inclut l’élimination de toutes formes de déformation sur les bâtiments. « La place était défigurée par les panneaux publicitaires et les décorations incohérentes des magasins. Après des négociations ardues avec leurs propriétaires, ils ont accepté de changer ces décorations conformément aux modèles que l’on avait élaborés », détaille Chalabi. Une rectification qui était nécessaire, comme le juge l’urbaniste Salah Zaki. « La place Tahrir a beaucoup perdu de sa splendeur patrimoniale exceptionnelle. Et d’ailleurs, les pièces pharaoniques qui y ont été placées viennent compléter la diversité des styles caractérisant la place Tahrir pour se placer au rang des places les plus connues au monde comme à Paris, Rome ou Istanbul », se félicite Zaki.

Désengorger le coeur de la capitale

Par ailleurs, le timing du réaménagement de la place Tahrir coïncide avec le début du transfert des ministères et de Mogammaa vers la Nouvelle Capitale administrative. Ce qui devrait permettre, en réduisant ainsi l’affluence et les embouteillages au centre-ville, d’en faire un site touristique en plein air et créer des parcs pour les piétons. Selon le député Mohamad Ismaïl, membre de la commission du logement, « Le déplacement des bureaux administratifs du centre-ville vers la Nouvelle Capitale administrative contribuera à réduire l’intensité des embouteillages que connaissait cette place. C’est vital pour les Egyptiens et important pour les touristes, de par la présence du musée ».

Sur un autre volet, pour l’urbaniste Medhat Al-Chazli, les bâtiments administratifs à Tahrir, tel Mogammaa, représentent une grande richesse qui doit être bien exploitée. « Ils pourront, suite à des travaux de restauration et de renouvellement, être transformés en hôtels ou en nouveaux musées, ou être ouverts à des entreprises privées », propose Al-Chazli, soulignant que c’est l’étape qui devrait suivre le réaménagement de la place Tahrir. Reste que d’ici quelques jours, la place Tahrir devrait apparaître avec sa nouvelle allure, « éblouissante », comme l’a promis le gouvernement.

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