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Barrage de la Renaissance : Les négociations progressent

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 17 décembre 2019

Tenues sous les auspices des Etats-Unis et de la Banque mondiale, les négociations tripartites (Egypte, Ethiopie, Soudan) sur le barrage de la Renaissance avancent. Les observateurs sont optimistes.

Deux réunions techniques suivies d’une réu­nion d’évaluation du progrès des négociations. Nous sommes à mi-chemin du calendrier déci­dé début novembre aux Etats-Unis, afin de parvenir à un consensus sur les points litigieux autour du barrage de la Renaissance.

Selon un communiqué conjoint des ministres des Affaires étrangères et des Ressources hydriques de l’Egypte, de l’Ethiopie et du Soudan : « Pour la première fois, les réunions techniques à Addis-Abeba et au Caire ont réa­lisé des progrès tangibles ». Les trois pays se sont mis d’accord sur la période de remplissage du lac (7 ans au lieu de 3). Une période « modi­fiable » selon les circonstances. Ainsi, en cas de fortes précipitations dans la région, l’Ethiopie peut accélérer le remplissage du barrage sans porter atteinte à la part de l’Egypte. Le remplis­sage du lac était l’une des questions les plus controversées entre l’Egypte et l’Ethiopie dans les négociations sur le barrage.

Face à l’échec des négociations tripartites, qui ont duré deux ans, l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie ont décidé de s’engager, à la demande de l’Egypte, dans de nouveaux pourparlers avec le parrainage des Etats-Unis et de la Banque Mondiale (BM). Objectif : régler les différends sur le remplissage du lac et la répar­tition des eaux du fleuve. Deux séances (sur les quatre prévues) ont déjà eu lieu les 2 et 3 décembre au Caire, et les 15 novembre dernier à Addis-Abeba.

Selon l’ancien ministre de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Mohamad Nasr Allam, l’entrée des Etats-Unis et de la BM dans les négociations en tant qu’observateurs a permis de réaliser des progrès. « Aujourd’hui, les négociations portent sur des points définis. Outre la question du remplissage du lac, les trois pays se sont entendus sur le principe de lier le stockage de l’eau à la sécheresse et à l’intensité de la crue », affirme Allam.

Il reste la question de la répartition de l’eau entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan de manière à ne pas nuire aux intérêts réci­proques.

Evolution positive mais …

Il reste à régler les différends sur la réparti­tion de l’eau. Alors que l’Egypte réclame un quota annuel de 40 milliards de m3 d’eau dans les eaux du Nil bleu, l’Ethiopie ne parle que de 35 milliards pour l’Egypte et le Soudan. « Cela ne suffit pas pour couvrir les besoins des deux pays », souligne Allam. L’Egypte et le Soudan reçoivent actuellement 50 milliards de mètres cubes d’eau du Nil bleu. L’Egypte propose de céder 10 milliards de m3 qui seraient assumés à égalité entre l’Egypte et le Soudan. « Pour l’Egypte, c’est le maximum qu’elle peut céder et qu’elle peut compenser par le stockage de l’eau au lac Nasser. Tout déficit supplémentaire risque d’avoir des répercussions néfastes sur le fonctionnement du Haut-barrage », prévient Allam.

L’expert hydraulique Abbas Chéraqi indique que les deux prochaines réunions techniques auront une grande importance, car elles révèle­ront les quotas des deux pays en aval. « L’Ethiopie a toujours essayé de contourner les revendications égyptiennes et de ne laisser aux pays en aval que les quantités d’eau au-delà de ses besoins. Ce qui pu être catastro­phique dans les moments de sécheresse », sou­ligne Chéraqi.

Un autre point de discorde. L’Egypte exige que le niveau d’eau au lac Nasser ne soit pas inférieur à 165 m au-dessus du niveau de la mer, pour assurer la production minimum de l’électricité et pour garantir un stock straté­gique nécessaire pour faire face à une éven­tuelle sécheresse. Une proposition à laquelle s’oppose l’Ethiopie qui, elle, considère que l’exploitation du barrage de la Renaissance ne doit pas être liée au niveau des eaux dans le Haut-Barrage. A cet égard, Chéraqi explique que l’Egypte essaye de minimiser les pertes au niveau de la production d’électricité. « Les 165 m représentent le taux de stockage mini­mum du lac Nasser. Si cette quantité baisse en raison de la sécheresse ou en raison de la baisse du niveau de l’eau au lac Nasser, la production de l’électricité sera sans aucun doute affectée », explique Chéraqi. Il est indis­pensable que le négociateur égyptien insiste sur le fait que ces accords soient provisoires et prennent fin après les sept années de remplis­sages du lac pour revenir ensuite aux taux d’origine. Un point essentiel pour l’Egypte qui cherche à garantir sa sécurité hydrique, il sera au centre des négociations lors des deux pro­chaines réunions à Washington le 15 janvier 2020. Malgré les points de discorde qui persis­tent, Allam se dit optimiste quant aux résultats finaux des négociations. « Même si les propo­sitions égyptiennes ne seront pas acceptées à la lettre, il y a un espoir que les trois pays parviennent à une solution équitable qui tienne compte des intérêts de chaque pays », conclut-il.

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