La nouvelle loi permettrait au ministère de l’Enseignement supérieur de gérer la cité de Zoweil et de lui assurer le budget nécessaire.
8 ans après son lancement par le prix Nobel de chimie, Ahmad Zoweil, la première cité des sciences et de la technologie n’a presque pas évolué.
Ce prjet visait essentiellement à rattraper le retard pris par l’Egypte en matière de recherche et d’innovation. Avant le décès de Zoweil en 2016, quelques pas concrets avaient été entrepris en vue de la fondation de cet établissement. Or, le manque de financement et l’absence de statut pour cette cité ont freiné l’avancée du projet.
C’est dans ce contexte que la nouvelle loi approuvée par le parlement, plaçant la cité de Zoweil sous la direction du ministère de l’Enseignement supérieur, a été favorablement accueillie par les responsables de la cité de Zoweil, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. « La nouvelle loi vient sauver la cité de Zoweil qui était menacée de fermeture en raison du manque de financement. Par ailleurs, il était inadmissible que cette institution continue de travailler de façon isolée hors du système de l’enseignement supérieur », a déclaré Ali Abdel-Aal, président du parlement. Il a de même indiqué que la nouvelle loi permettrait au ministère de l’Enseignement supérieur de gérer la cité de Zoweil et de lui assurer le budget nécessaire, que ce soit à travers la caisse de l’Etat ou les dons collectés.
« Cela ne nuira en aucun cas aux objectifs et aux enjeux du projet de Zoweil, qui sont de développer la recherche scientifique et d'introduire les sciences de l’avenir aux programmes d’enseignement. Des objectifs qui sont en accord avec la stratégie de l’Etat mise récemment en place », a rassuré le président du parlement. Et ce, en réplique aux craintes affichées par certains députés, qui s’opposaient au placement de la cité de Zoweil sous administration du gouvernement.
Décision salvatrice
Ainsi, la nouvelle loi devrait régir le système administratif de la cité Zoweil, définir son statut et lui assurer le financement nécessaire. Le texte définit cette cité comme « une institution de recherche scientifique à but non lucratif, jouissant d’une personnalité morale indépendante, avec le droit de créer des filiales ». Elle devra aussi « contribuer à fournir des disciplines scientifiques modernes et être au service de l’enseignement, de la recherche scientifique et de la production ». Concernant la gestion de la cité, la loi détermine qu’elle aura un conseil de secrétariat qui se chargera de mettre un règlement interne régissant le système du travail ainsi que le mécanisme de recrutement des membres de ce conseil. Ce dernier sera présidé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et se composera de 15 membres que nomme le premier ministre, dont au moins 10 experts égyptiens et étrangers dans les domaines des recherches scientifiques ainsi que des représentants des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l’Agriculture, de l’Industrie, de la Production militaire et des Télécommunications. La cité sera donc, en vertu de cette nouvelle loi, dépendante aux niveaux administratif, financier et scientifique du ministère de l’Enseignement supérieur.
Une décision salvatrice, comme le qualifie Chérif Sedqi, président de la cité de Zoweil, qui avoue que, notamment depuis le décès de son fondateur, la cité fait face à de nombreuses difficultés. Il détaille que lorsque Zoweil a lancé ce projet, il a réussi à mobiliser le gouvernement et le milieu scientifique et à collecter pas mal de dons qui lui ont permis de fonder les établissements de la cité et esquisser son système de travail. D’autant plus qu’il avait une vision précise sur les méthodes d’enseignement et les programmes d’études modernes à cette cité. « Or, suite à sa disparition, l’enthousiasme pour ce projet s’est beaucoup éclipsé et la stratégie de travail est devenue plus ou moins floue », indique Sedqi, qui rappelle que Zoweil avait remporté le prix Nobel de chimie en 1999 pour sa découverte du « femto chimie ». Une réussite écrasante qui l’avait incité à lancer le projet de la cité de Zoweil dans le but de faire avancer la recherche scientifique en Egypte.
Plus d’universités de 3e génération
Inaugurée le 1er novembre 2011, la cité se compose de 2 bâtiments appartenant au gouvernement. L’ancien président Adly Mansour avait ensuite promulgué un décret présidentiel le 9 avril 2014, accordant 198 acres à la cité de Zoweil pour la construction du nouveau campus dans la ville du 6 Octobre. « Des étapes prometteuses qui avaient encouragé plusieurs savants égyptiens alors à l’étranger à regagner le pays pour participer à ce projet ambitieux », explique Sedqi.
La cité a reçu la première promotion d’étudiants en 2013 dans les domaines suivants : génie de l’environnement, nanotechnologie, ingénierie dans les énergies renouvelables, génie aérospatial, ingénierie des communications et de l’information, sciences biomédicales, science des matériaux, physique de la Terre et de l’Univers. « Des domaines qui n’existaient pas dans les universités publiques et privées comme aujourd’hui », rappelle Sedqi, qui voit cette nouvelle loi comme une bouée de sauvetage à ce projet dans la mesure où elle permet à la cité de jouir d’une assistance administrative et financière pour pouvoir achever les constructions de la cité et garantir sa continuité. « Si la cité oeuvre jusqu’à présent, c’est grâce au financement à hauteur de 3,5 milliards de L.E., attribués par l’Etat à la cité depuis sa fondation. Surtout que les chercheurs de la cité ont pu réaliser de grands progrès et participent avec l’Etat au projet servant son plan de développement durable. Il y a aussi le projet de l’énergie solaire à Borg Al-Arab et la coopération aux projets que réalise le ministère de la Production militaire », cite-t-il. A noter que le gouvernement a lancé un plan pour la réforme de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique qui développe le nombre d’universités de la troisième génération. Déjà, une première faculté de nanotechnologie devrait accueillir les étudiants à partir de l’année universitaire 2019-2020. Pour la députée Magda Nasr, membre de la commission de l’enseignement au parlement, la coopération entre la cité de Zoweil et le ministère de l’Enseignement supérieur est positive, car les deux parties ont les mêmes objectifs. « Le gouvernement est plus que jamais convaincu de l’importance de réformer l’enseignement et d’investir dans les domaines des recherches scientifiques, de la technologie et des sciences de l’avenir, pour pouvoir rattraper la 4e réforme industrielle. Le travail de la cité Zoweil, en coopération avec le ministère de l’Enseignement supérieur, appuiera ce plan de réforme envisagé et permettra de réaliser une complémentarité entre les différentes universités et centres de recherches », étaye la députée. A noter que le gouvernement a consacré 21 milliards de L.E. du budget de l’année 2019 à la recherche scientifique. Des efforts qui ont permis de placer, en 2018, l’Egypte au 64e rang mondial en matière de recherche scientifique, sur 140 pays, selon le rapport de la compétitivité mondiale pour l’année 2018, publié par le Forum économique mondial.
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