Ministres et acteurs concernés ont assisté, les 16 et 17 novembre, à la première conférence sur l’industrie pharmaceutique organisée par la Fondation Al-Ahram et sous le patronage du premier ministre, Moustapha Madbouli. Intitulée « Les défis de l’industrie pharmaceutique », cette conférence a débattu plusieurs sujets concernant notamment l’évaluation des systèmes de tarification des médicaments en Egypte, les défis de l’exportation et la compétitivité, les difficultés liées à la fabrication des matières premières, les essais cliniques et d’autres questions. L’occasion de rassembler tous les acteurs du secteur pharmaceutique, que ce soit des responsables gouvernementaux, les industriels et le secteur privé autour de la même table. « La conférence a réuni des entreprises égyptiennes et internationales et plus de 700 experts et spécialistes dans le domaine, afin de créer un climat propice à la recherche de solutions. Les recommandations élaborées à la fin de la rencontre seront une feuille de route pour le développement de ce secteur en Egypte », a affirmé Dr Mahmoud Al-Méteini, président de l’Université de Aïn-Chams, qui a présidé cette rencontre. Selon les chiffres publiés lors de la conférence, environ 93 % des Egyptiens consomment des médicaments fabriqués localement avec un coût annuel estimé à 30 milliards de L.E. « La production nationale représente aujourd’hui 80 % des besoins du marché, tandis que 20 % seulement sont importés, faisant de la production pharmaceutique une industrie stratégique pour le pays », a déclaré Hala Zayed, ministre de la Santé et de la Population. Zayed a également souligné que dans le cadre des efforts de l’Etat visant à promouvoir l’industrie pharmaceutique locale, le ministère a modifié le décret ministériel no 645 de 2018, portant sur la politique d’homologation des médicaments. La ministre a ajouté que « l’industrie locale a été en mesure de résoudre le problème du déficit en insuline. L’Egypte avance également avec des pas constants dans l’industrie des médicaments anticancéreux et ce, en adoptant de nouveaux mécanismes afin d’encourager les exportations et l’industrie locale ».
Dans son discours, la ministre a évoqué le rôle effectif qu’a joué le partenariat entre le gouvernement et le secteur privé dans la production des médicaments contre l’hépatite C à un prix avantageux par rapport aux tarifs internationaux. « Ce partenariat public-privé a grandement contribué au succès de la campagne, 100 millions de citoyens en bonne santé, pour lutter contre ce virus ». L’Egypte fait également ses premiers pas dans le domaine de l’industrie des matières premières pharmaceutiques, comme l’a révélé Hala Zayed.
Sur la même longueur d’onde, Abdelmohsen Salama, président du conseil d’administration de la Fondation Al-Ahram, a déclaré que les indices du secteur pharmaceutique dévoilent que « l’Egypte est un marché prometteur pour la production pharmaceutique ». Selon les données du secteur pharmaceutique, les ventes de médicaments ont enregistré 44,7 milliards de L.E. en 2019, avec un taux de croissance de 8 %, et devraient atteindre 56,6 milliards de L.E. d’ici 2022. Néanmoins, « le volume des exportations de produits pharmaceutiques reste faible par rapport aux autres pays de la région », a déclaré Salama.
Promouvoir les exportations
A ce sujet, Ali Ouf, responsable du département pharmaceutique à la Chambre de commerce, note que « de nombreux obstacles restent encore à surmonter pour améliorer les exportations ». Ce dernier explique la longueur des procédures d’homologation et les prix bas et forcés figurent parmi les principaux défis à relever. Avis partagé par Al-Méteini, qui affirme que le secteur attend un nouveau système de tarification plus juste. Au sujet des exportations, ce dernier a affirmé que l’Egypte exporte à hauteur de 250 millions de dollars par an, alors que les exportations de l’Inde, par exemple, s’élèvent à 25 milliards de dollars et celles de la Jordanie à 1,8 milliard de dollars.
Pour sa part, le ministre de l’Enseignement supérieur, Khaled Abdel-Ghaffar, a souligné l’importance du stade universitaire pour le développement du secteur pharmaceutique. « Les universités doivent coordonner leurs recherches avec les institutions de l’Etat pour un développement du secteur », a-t-il.
Plusieurs recommandations ont été formulées à l’issue de cette conférence. Les plus importantes sont la nécessité de développer l’industrie pharmaceutique conformément aux normes mondiales en matière de fabrication, de qualité et d’exportation ; l’adaptation de législations conformément aux besoins des entreprises afin de faciliter leur entrée sur le marché pharmaceutique et la facilitation des investissements sur le marché pharmaceutique égyptien. La conférence a également recommandé le développement de l’enseignement pour créer un personnel formé capable de développer l’industrie pharmaceutique. De plus, un comité comprenant un certain nombre de participants à la conférence a été formé pour suivre la mise en oeuvre des recommandations formulées et de les soumettre aux instances concernées. Ces recommandations figurent dans une feuille de route devant être appliquée d’ici novembre 2020, date de la deuxième édition de la conférence.
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