Le président Abdel-Fattah Al-Sissi et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, ont convenu, lors de leur rencontre, jeudi à Sotchi, en marge du Sommet Russie-Afrique, de reprendre les négociations techniques sur le grand barrage éthiopien de la Renaissance. « Le but de ces négociations est de parvenir à une vision finale sur le remplissage et le fonctionnement du barrage », a déclaré Bassam Radi, porte-parole de la présidence.
La rencontre entre le président Sissi et le premier ministre éthiopien intervient quelques jours après l’échec des négociations de Khartoum tenues début octobre, après le refus de l’Ethiopie de discuter les règles du remplissage et du fonctionnement du barrage. Elle a permis de clarifier la position du premier ministre éthiopien, après les déclarations controversées qui lui ont été attribuées et dans lesquelles il a évoqué l’option militaire comme l’un des scénarios possibles pour régler le dossier de la construction du barrage. « Ces déclarations ont été prises hors de leur contexte et exprimaient en fait que l’Ethiopie s’engagerait à construire le barrage de la Renaissance sans causer de tort ni à l’Egypte ni au Soudan », a affirmé Abiy Ahmed. Et d’ajouter que la stabilité des deux pays est une « valeur ajoutée » pour tout le continent africain.
De son côté, le président Sissi a appelé à surmonter « les répercussions négatives des allégations attribuées à la partie éthiopienne », a rapporté Radi, affirmant que l’Egypte a toujours « fait preuve d’ouverture et de compréhension à l’égard de l’Ethiopie dans la construction du barrage ». « Mais l’Egypte conserve ses droits historiques sur le partage des eaux du Nil », a ajouté Radi. Selon lui, la construction du barrage doit être menée « dans un cadre équilibré qui prenne en considération les intérêts des pays en amont comme en aval du fleuve ».
Amani Al-Taweel, présidente du département des études africaines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, trouve que « l’esprit positif » de la rencontre doit être investi pour parvenir à un consensus sur ce dossier. « La balle est aujourd’hui dans le camp de l’Ethiopie qui doit faire preuve de bonne volonté aux prochaines négociations et ne plus tergiverser », souligne Al-Taweel, qui, par ailleurs, exclut le recours par l’une ou l’autre parties à l’option militaire. Parallèlement à la reprise des négociations, l’Egypte a une grande chance de régler ce litige via une méditation internationale, conformément à l’article 10 de la déclaration de principe de 2015. Déjà les Etats-Unis et la Russie ont proposé leur médiation.
« Les pays occidentaux sont parfaitement conscients que la sécheresse et la guerre favorisent l’immigration clandestine. Il est dans l’intérêt des Etats-Unis et de la Russie de régler pacifiquement ce dossier pour protéger leurs intérêts au Proche-Orient et en Afrique », explique Al-Taweel. Le 6 novembre, les chefs de la diplomatie des trois pays concernés sont invités à Washington pour parler du dossier en présence du médiateur américain.
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