L’Egypte a commémoré, dimanche, le 46e anniversaire de la victoire du 6 Octobre 1973. A cette occasion, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a prononcé une allocution, félicitant le peuple de cette victoire, qui demeure une fierté pour l’armée comme pour les Egyptiens. Le chef de l’Etat a de même visité, jeudi, le mémorial de l’ancien président Anouar Al-Sadate, auteur de cette victoire et architecte du traité de la paix conclu avec Israël en 1978, ainsi que celui de l’ancien président Gamal Abdel-Nasser. Il a ensuite présidé, jeudi, la réunion du Conseil suprême des forces armées, au cours de laquelle il a passé en revue la situation sécuritaire dans le pays, les mesures prises pour sécuriser les frontières ainsi que l’évolution de la lutte contre le terrorisme au Sinaï, notamment les derniers développements de l’opération antiterroriste globale « Sinaï 2018 ». Par ailleurs, 1 818 prisonniers ont été graciés à cette occasion.
Les Egyptiens à l’étranger ont célébré l’occasion devant les ambassades de l’Egypte dans plusieurs pays, dont l’Allemagne et les Etats-Unis. Le premier ministre, les ministres de la Défense et de l’Intérieur, le président du parlement ainsi que des partis politiques et les institutions religieuses ont félicité le président et les Egyptiens de cet anniversaire. Par ailleurs, des monarques et des présidents arabes ont tenu eux aussi à féliciter le président Sissi et l’Egypte.
« L’Egypte célèbre aujourd’hui l’un des jours les plus glorieux de son histoire », a déclaré le président Sissi au sujet de ce jour, qui a non seulement été marqué par une victoire militaire sans précédent, mais qui incarne surtout la volonté invincible de la nation et l’unité du peuple. Revenant sur cette guerre contre Israël, le président Sissi a fait le lien entre les dangers auxquels l’Egypte était confrontée alors et les menaces qui planent sur elle aujourd’hui, tout en soulignant la capacité des Egyptiens à relever les défis avec bravoure et patriotisme.
C’est dans ce contexte que pour le président, les nouvelles générations ont plein droit de savoir comment l’Egypte a gagné cette guerre difficile grâce à la détermination de l’armée, à l’unité du peuple et à son soutien à ses forces armées. Une volonté et un soutien qui ont permis à l’Egypte de surmonter la défaite de 1967, de reconstruire ses forces armées, de mener une longue guerre d’usure sous le leadership de l’ancien président Gamal Abdel-Nasser et, ensuite, de mener la guerre d’Octobre sous le leadership du président Sadate. « Cette victoire n’a pas seulement permis à l’Egypte de récupérer ses territoires occupés, mais surtout de restaurer sa dignité », a dit le président Sissi, ajoutant que la victoire d’octobre avait, par ailleurs, prouvé au monde entier que l’Egypte était puissante en temps de la paix comme en temps de guerre. A cet égard, il a rendu hommage à l’homme de la guerre et de la paix, l’ancien président Anouar Al-Sadate, qui était un « leader patriotique et un génie stratégique », comme l’a qualifié le président Sissi, rendant aussi hommage aux martyrs des forces armées qui ont sacrifié leur vie pour la récupération du Sinaï.
Guerre de la quatrième génération
« La victoire du 6 Octobre n'a pas permis seulement à l'Egypte de récupérer ses territoires occupés, mais surtout de restaurer sa dignité ».
Passant du passé au présent, le président Sissi a jugé que la guerre de la quatrième génération lancée contre l’Egypte n’est pas moins importante que celle du 6 Octobre. Il a expliqué qu’au cours des dernières décennies, les guerres avaient pris plusieurs formes, dont celle de la quatrième génération, lancée via les plateformes médiatiques et les réseaux sociaux, prenant pour cible le moral des peuples. « Il s’agit d’une guerre destinée à semer le doute, à promouvoir la peur et le terrorisme et à nuire à la confiance entre les citoyens et les institutions de l’Etat. Les entités qui mènent cette guerre présentent à tort l’Etat comme l’ennemi des citoyens, alors qu’ils se présentent comme un refuge et un sanctuaire », a dit le président, appelant le peuple à se méfier.
Il a précisé qu’il s’agissait d’une guerre basée sur la duperie, les mensonges et les rumeurs, que l’Egypte ne pourrait pas remporter sans la conscience du citoyen et ses idées modérées. « Ce peuple, qui a remporté la victoire à la guerre de 1973, alors que tout le monde estimait que cela relevait de l’impossible, et qui a maintenu la paix au Moyen-Orient pendant de longues décennies, est apte de poursuivre ses victoires et de protéger sa patrie et les institutions de l’Etat. Un rôle qui émane de sa conviction qu’il s’agit d’institutions patriotiques et loyales qui oeuvrent pour la sécurité, la stabilité et le développement de la patrie », a dit le président, affichant sa pleine confiance en la conscience de la majorité du peuple égyptien, lassé des mensonges visant leur patrie.
Commentant le discours du président, le général Khaled Oukacha, expert sécuritaire et membre du Conseil suprême de la lutte contre le terrorisme, trouve qu’il a défini avec précision les dangers qu’affronte le pays et les moyens d’y faire face. « Le discours du président a mis en évidence l’ampleur et les menaces des nouvelles guerres menées contre l’Egypte. L’arme de la démoralisation a pu briser la volonté de l’armée et du peuple après la défaite de 1967. Or, le peuple égyptien a su transformer cette défaite amère en une victoire glorieuse grâce à son patriotisme et à sa conscience. Aujourd’hui, ce peuple se montre toujours déterminé à avorter les complots visant sa patrie. Des menaces qui nécessitent de resserrer les rangs pour défendre le pays, et c’est le rôle de tous les composants de la société », souligne Oukacha.
Une vision partagée par le député Alaa Abed, président de la commission des droits de l’homme au parlement et cadre du parti Mostaqbal Watan, qui estime que le discours du président Sissi a envoyé un message important à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. « En disant que l’Egypte demeurera toujours une patrie victorieuse et témoin des défaites de ses ennemis, le président a voulu montrer à tous les comploteurs à l’intérieur et à l’extérieur que l’Egypte, avec son peuple, est à la hauteur des défis que représente la guerre féroce de désinformation menée contre le pays et visant sa stabilité et sa sécurité », a dit Abed, affirmant que le pari du président sur le peuple est un pari gagnant.
Lien court: