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Conférence de la jeunesse : Halte à la désinformation

May Al-Maghrabi, Mardi, 17 septembre 2019

La 8e Conférence de la jeunesse s’est tenue samedi au Caire, en présence du président Abdel-Fattah Al-Sissi. Au centre des discussions : la lutte antiterroriste et les rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux.

Conférence de la jeunesse : Halte à la désinformation
La conférence a été consacrée à l'évaluation des efforts en matière de lutte contre le terrorisme.

« L’honnêteté, la loyauté et la crédibilité de l’armée nationale, la plus forte au niveau régional, sont loin d’être affectées par les fausses prétentions qui visent à semer la zizanie entre le peuple et son armée », a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi, samedi 14 septembre, à l’occasion de la 8e Conférence de la jeunesse, tenue au Caire. Des déclarations qui rejettent en bloc les prétentions lancées sur les réseaux sociaux par un entrepreneur égyptien exilé en Espagne, et qui portent atteinte à l’armée et au président. « Ce sont des mensonges qui ont pour but de briser la volonté des Egyptiens et de leur faire perdre tout espoir et toute confiance en eux-mêmes », a déclaré le président Sissi.

Le président a indiqué qu’il avait décidé de répondre à ces « allégations mensongères en dépit des appels des organes de l’Etat à les ignorer ». « Votre fils est honnête et fidèle », a-t-il dit à l’adresse de l’armée, déplorant les attaques contre l’armée, qui a accompli des projets routiers d’un coût de 175 milliards de L.E. et travaille sur des méga-projets de développement à hauteur de 4 000 milliards de L.E.

La conférence, d’une durée d’un seul jour, a inclus 3 séances. L’une était consacrée à l’évaluation des efforts en matière de lutte contre le terrorisme aux niveaux national et régional, une autre portait sur l’impact des rumeurs sur l’Etat, dans le cadre des guerres de la 4e génération, investissant les réseaux sociaux pour discréditer les régimes et saper les pays. La séance la plus populaire était celle intitulée « Demandez au président », lors de laquelle le président a répondu en direct aux diverses questions posées par les jeunes. Plus de 1 600 jeunes ont participé à cette édition de la conférence, dans le but d’échanger leurs points de vue sur ces thèmes importants avec le président de la République, ainsi qu’avec un parterre de hauts responsables, d’experts et de personnalités publiques.

Evolution du terrorisme

Lors de la première séance, consacrée à l’évaluation des efforts de lutte antiterroriste aux niveaux national et régional, le président Sissi a estimé que « le terrorisme n’aurait pas réussi s’il n’avait pas été soutenu par certains pays », le qualifiant de monstre devenu incontrôlable, même par les pays qui l’ont soutenu. Il a salué les efforts des forces armées en matière de lutte antiterroriste dans le cadre de l’opération militaire globale « Sinaï 2018 ». Pour le président, vaincre le terrorisme nécessite un combat idéologique qui n’est pas moins important que le combat sécuritaire. « Saper les fondements des Etats nationaux est le principal objectif du terrorisme. C’est ce qui s’est passé en Syrie, en Libye et en Afrique centrale. Aujourd’hui, le terrorisme cherche à épuiser l’Etat égyptien, ce que ne permettra pas l’Egypte avec son armée, ses institutions et son peuple », a dit le président Sissi, appelant à réformer le discours religieux pour aller de pair avec les évolutions qu’a connues la société. « Le combat idéologique contre le terrorisme reste limité, et l’évolution technologique a compliqué la tâche d’identifier ceux qui propagent des idées extrémistes via les réseaux sociaux », a-t-il souligné.

Lors de cette séance, des experts sécuritaires et des spécialistes des mouvements islamistes et les jeunes ont abordé le développement des organisations terroristes au cours des dernières décennies en termes de nombre, de structure et de capacités. Le général Khaled Okacha, directeur du Centre égyptien des études stratégiques et membre du Conseil suprême de la lutte contre le terrorisme, a souligné que les événements du 11 septembre 2011 avaient mené à un important changement qualitatif des attaques terroristes. « Cette période a aussi marqué le début d’une mobilisation internationale sérieuse contre le terrorisme, entamée par les Etats-Unis, avant qu’une vingtaine de pays ne s’y engagent », a rappelé Okacha. Ce dernier estime que la période entre 2007 et 2011 a été trompeuse. « Tout le monde croyait à tort que le terrorisme était vaincu. Or, les groupes terroristes étaient à l’affût, attendant le moment propice pour ressurgir. Ce moment leur a été offert par les soulèvements populaires connus sous le nom du Printemps arabe », a noté l’expert, indiquant que 25 organisations terroristes avaient profité du vide sécuritaire qui a accompagné les révoltes arabes pour se propager dans la région.

A cet égard, Dalal Mahmoud, directrice du programme de sécurité et de défense au Centre égyptien des études stratégiques, note que depuis le Printemps arabe, le terrorisme est devenu un acteur politique dans la région, et que son rôle est aujourd’hui fortement lié aux intérêts des pays qui le financent. Concernant l’évolution quantitative et qualitative du terrorisme, elle indique que la période comprise entre 2011 et 2019 avait connu une montée en flèche des attaques terroristes. Elle précise en outre qu’il existe entre 76 et 100 groupes terroristes, répartis dans 44 pays. Le nombre de terroristes dans le monde est estimé aujourd’hui à 230 000, 46 % de ces terroristes sont actifs au Moyen-Orient, région la plus touchée au cours de la période 2011-2019, avec 33 000 actes terroristes. La séance a aussi discuté du danger que représentent les combattants étrangers après la défaite de l’organisation terroriste Daech en Iraq et en Syrie, dont le nombre est estimé à 18 300 personnes.

Rumeurs contre l’Etat

L’impact des rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux et discréditant l’Etat et ses réalisations dans le cadre de la guerre de la 4e génération a été au centre d’une discussion documentée par des exemples concrets et des études révélant le taux de fausses nouvelles. Des experts des médias et de l’informatique ainsi que des psychologues ont discuté avec les jeunes participants des techniques et de l’impact des fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux et qui ont de plus en plus d’influence sur l’orientation politique et idéologique des internautes. La séance a aussi abordé les raisons qui ont transformé les réseaux sociaux en une sorte de « médias alternatifs ».

Selon un documentaire diffusé lors de la séance, 3 milliards de personnes sur les 7,2 milliards qui habitent la planète utilisent les réseaux sociaux, dont 2,5 milliards via Facebook. Le documentaire montre que les réseaux sociaux constituent une terre fertile pour la diffusion de fausses informations et l’incitation à l’extrémisme.

Conférence de la jeunesse : Halte à la désinformation
A la fin de la conférence, le président a honoré les athlètes égyptiens ayant particicpé aux récents Jeux africains

Le documentaire a aussi parlé du souci du gouvernement de contrer les rumeurs en diffusant les informations correctes. « 83 % des internautes ont déjà été sujets à de fausses informations, notamment d’ordre politique et économique », a alerté Howaïda Moustafa, doyenne de la faculté de mass communication de l’Université du Caire, se référant à une étude effectuée par l’AFP. « Nous avons besoin de développer la culture de suivi des médias et de savoir comment agir correctement avec les réseaux sociaux, qui ne représentent pas souvent de source fiable d’informations », a-t-elle indiqué.

La guerre de la 4e génération est destinée principalement à saper les efforts de l’Etat en matière de développement et de lutte contre le terrorisme, comme l’a expliqué le président Sissi, qui a appelé le peuple à se méfier des complots visant leur pays.

Questions au président

Toute une variété de sujets a par ailleurs été abordée dans la séance des questions, lors de laquelle le président Sissi a répondu directement aux jeunes. Concernant l’éducation, le président a déclaré : « Les résultats de la réforme de l’enseignement ne seront ressentis que dans 6 à 12 ans, et sa réussite nécessite une coopération entre le gouvernement et le peuple ». Au sujet des rumeurs discutées aussi dans l’une des deux autres séances, il a fait savoir que « la présidence, l’armée et la police sont des institutions nationales qui ne sont pas affectées par les rumeurs ». Les jeunes se sont aussi intéressés au barrage de la Renaissance. Le président a indiqué à ce sujet : « Des négociations sont en cours avec le côté éthiopien sur le remplissage du barrage. On cherche à parvenir à un accord qui ne nuit pas au quota de l’Egypte ».

Le sujet du terrorisme a été également évoqué durant la séance des questions. « La lutte contre le terrorisme implique l’unité et la solidité des institutions de l’Etat », a déclaré à cet égard le président. Enfin, les municipalités ont été évoquées : « Le parlement discutera le projet de loi sur les conseils municipaux lors de la prochaine session, qui débutera en octobre. J’espère que la représentation des jeunes, pleins d’enthousiasme et d’espoir, aux conseils municipaux sera d’au moins 25 % ». A la fin de la conférence, le président a honoré les athlètes égyptiens ayant participé aux récents Jeux africains, et leur a décerné la médaille du sport du premier degré pour les athlètes qui ont remporté des médailles d'or, et du second degré pour les athlètes qui ont remporté des médailles d'argent.

Selon le politologue Akram Badreddine, le président Sissi a envoyé, via cette plateforme, des messages clairs et rassurants à tous les Egyptiens. « C’est cette interaction entre le président et les jeunes qui permet d’avorter les tentatives de leurrer les jeunes en particulier et le peuple en général. La franchise du président a tué dans l’oeuf les tentatives de remettre en cause les institutions-clés de l’Etat », a affirmé Badreddine. Ce dernier a par ailleurs souligné l’importance des deux thèmes principaux de la conférence. « Ce sont des sujets qui occupent toute la société égyptienne et non pas seulement les jeunes, vu leurs impacts négatifs sur la stabilité et le développement. Le débat qui a eu lieu lors de la conférence a été positif dans la mesure où il a permis de révéler la réalité des choses et de sensibiliser les gens aux dangers que représentent ces deux phénomènes ainsi qu’aux moyens d’y faire face », a-t-il conclu.

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