Dix policières égyptiennes viennent de rejoindre les rangs des Casques bleus, forces de maintien de paix de l’Onu. Elles devront accomplir leur mission dans la République démocratique du Congo. « Ces dix meilleures soldates égyptiennes seront chargées aux côtés de leurs collègues masculins, des patrouilles, de la garde, de la protection du personnel et de la sécurisation des installations de l’Onu au Congo », peut-on lire dans le communiqué de l’Onu, saluant la bravoure et le rôle des femmes Casques bleus.
La sélection de ces Egyptiennes pour rejoindre les Casques bleus vient couronner « la participation marquante de l’Egypte aux forces de maintien de paix de l’Onu », comme l’affirme le général Magdi Bassiouni, expert sécuritaire. Pour rappel, l’Egypte a une longue expérience réussie en termes de participation aux opérations de paix des Nations-Unies, débutée en 1960 avec la Mission de l’Onu au Congo. Aujourd’hui, les Casques bleus égyptiens, ce sont plus de 3 200 soldats à travers une dizaine de missions au Congo, au Mali, dans le Sahara occidental et au Darfour. Selon l’expert, l’adhésion des femmes égyptiennes aux Casques bleus signifie beaucoup. « C’est une fierté pour la police féminine égyptienne et une reconnaissance internationale du haut niveau de formation et de la compétence des forces de sécurité égyptiennes en général », se félicite Bassiouni. Il indique que ces soldates ont été choisies selon des critères particuliers comme la force de leur personnalité, leur performance physique, leur niveau élevé de formation académique et leur capacité à s’adapter aux circonstances difficiles et à agir dans les situations d’urgence. « Le choix de ces policières met donc en relief les progrès réalisés dans le niveau de formation mais il indique aussi une certaine ouverture de la société », explique Bassiouni.
Il rappelle que l’Académie de police a ouvert ses portes pour la première fois aux femmes en 1984. Le taux d’inscription féminine à l’académie était alors très faible. Vu les moeurs régissant alors la société, les familles n’imaginaient pas leurs filles accomplir de telles tâches ardues. Le travail des policières se limitait pourtant alors dans les années 1990 aux tâches administratives, à la sécurisation des écoles des filles, etc. « Avec l’évolution de la pensée et de la formation qu’a connues la police féminine en Egypte, les policières travaillent aujourd’hui dans les commissariats, participent à des patrouilles sécuritaires et même à des opérations de lutte contre le terrorisme », affirme l’expert, notant que le Centre de formation des forces spéciales de lutte contre le terrorisme a vu en mai 2018 la promotion des premières femmes forces spéciales.
Sentiment partagé par Néhad Aboul-Qomsane, présidente du Centre de la femme pour les droits de l’homme, qui apprécie que la femme a réussi à casser des tabous et à remettre en cause des stéréotypes invalides sur l’incompétence de la femme pour les tâches ardues. « Dans une société dominée par la pensée masculine, une femme policière en Egypte n’était au début pas vue de bon oeil. Or, l’expérience a prouvé qu’elles peuvent assumer les mêmes rôles, et dans les mêmes conditions difficiles que leurs homologues masculins », affirme Aboul-Qomsane. C’est dans ce contexte que la participation de la femme aux opérations de paix de l’Onu joue un rôle de modèle. Il encourage les femmes et les jeunes filles, dans des sociétés fréquemment dominées par les hommes, à faire valoir leurs droits et à participer au processus de paix.
Vers une plus grande mixité
« La mixité au sein des missions de maintien de la paix les rend plus efficaces. Lorsque les femmes sont plus nombreuses au sein des Casques bleus, les réponses en termes de protection sont plus crédibles et satisfont aux besoins de l’ensemble des membres des communautés locales », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies.
Selon un rapport de l’Onu, les femmes Casques bleus sont perçues comme « moins menaçantes et plus accessibles que leurs homologues masculins ». Toujours selon ce rapport, les femmes des unités de patrouille sont plus à même d'entrer en contact avec les hommes et les femmes dans les zones d’opérations, d'accéder à des renseignements essentiels et de présenter un point de vue plus holistique des défis en matière de sécurité. C’est pourquoi, la première participation de la femme égyptienne a été saluée par l’Onu qui oeuvre à promouvoir une plus grande mixité aux missions des Nations-Unies où les femmes ne représentent actuellement que 10 % .
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